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Et si l’Ecosse disait "oui" ?

Le drapeau écossais (en haut) et le drapeau du Royaume Uni, photographiés le 17 aout 2014 sur la frontière historique entre l'Ecosse et l'Angleterre [Andy Buchanan / AFP/Archives]

La possibilité de voir l’Ecosse s’émanciper de Londres est réelle. De nombreuses questions se poseraient dans un tel cas de figure.

 

A la veille du référendum historique sur l’indépendance, l’Ecosse était hier en ébullition. De Glasgow à Edimbourg, les militants du «oui» et du «non» jetaient leurs dernières forces dans la bataille, faisant du porte-à-porte pour convaincre les derniers indécis.

Si les derniers sondages donnaient une légère avance au «non», le scrutin s’annonçait extrêmement serré. Longtemps improbable, l’indépendance de l’Ecosse est ainsi devenue une perspective crédible. Si elle était votée, elle deviendrait effective le 24 mars 2016, entraînant des changements radicaux pour les 5,4 millions d’Ecossais.

 

La livre sterling pourrait être remise en question

Le leader indépendantiste Alex Salmond souhaite qu’une Ecosse indépendante conserve la livre sterling, affichant son intention de négocier une union monétaire sous l’égide de la Banque d’Angleterre. Et si les trois principaux partis britanniques ont averti qu’ils n’accepteraient pas une telle perspective, Edimbourg pourrait en théorie conserver la livre sans l’accord de Londres. Elle pourrait aussi choisir de créer sa propre devise. Cela lui permettrait alors de garder la main sur sa politique monétaire.

 

Le pays devrait compter uniquement sur ses ressources

L’Ecosse indépendante demeurerait un pays riche : elle descendrait, certes, au 50e rang mondial en termes de PIB, mais le PIB par habitant atteindrait 30 600 euros, un montant légèrement inférieur à celui de la France (32 000 euros).

Le pays tirerait l’essentiel de ses ressources du pétrole et du gaz de la mer du Nord (16 % de son PIB). Edimbourg pourrait aussi compter sur sa production de whisky, qui lui a rapporté 5,4 milliards d’euros en 2013.

En revanche, l’Ecosse peut craindre pour son système financier : la Royal Bank of Scotland et d’autres établissements ont prévenu qu’ils délocaliseraient leurs sièges sociaux en Angleterre en cas d’indépendance.

Cette dernière pourrait également pénaliser le tourisme en provenance d’Angleterre (5,61 millions de visiteurs l’année dernière, contre 2,4 millions en provenance du reste du monde) si les procédures d’entrée dans le pays se complexifiaient. De plus, l’Ecosse perdrait l’aéroport international d’Heathrow, à Londres, qui serait alors situé dans un pays étranger.

 

L’Ecosse se verrait affaiblie à l’international

Légalement, un Etat nouvellement indépendant ne fait partie d’aucune organisation internationale. Le vœu d’Alex Salmond de rester au sein de l’Union européenne passerait ainsi par un processus d’adhésion qui pourrait durer trois ou quatre ans.

Surtout, les 28 pays membres de l’UE devraient approuver l’adhésion de l’Ecosse à l’unanimité, et Londres pourrait être tenté de s’y opposer. L’Ecosse perdrait aussi son statut de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU au côté de Londres.

 

La nationalité et les frontières seraient remises en question

Les indépendantistes ne souhaitent pas la création d’une véritable frontière avec l’Angleterre impliquant un contrôle des passeports. Ils souhaitent ainsi demeurer au sein de la Common Travel Area au côté de l’Irlande, une zone visant à faciliter le passage d’un pays à l’autre.

La question de la nationalité se poserait également. Les Britanniques nés ou résidant en Ecosse l’obtiendraient, mais certains souhaitent pouvoir obtenir la double nationalité britannique et écossaise. Or, Londres devrait, dans ce cas, donner son accord. 

 

Elizabeth II pourrait rester reine d’Ecosse

L’indépendance de l’Ecosse ne remettrait pas en cause l’Union des couronnes de 1603, le vote concernant uniquement les Actes d’Union entre l’Angleterre et l’Ecosse de 1707.

Et si la possibilité d’organiser un référendum sur une nouvelle Constitution perdurait alors, les indépendantistes ont fait savoir qu’ils souhaitaient rester dans le royaume. Alex Salmond a même estimé que la reine Elizabeth II «sera fière d’être reine d’Ecosse». Ses proches ont toutefois rapporté que la souveraine était «très inquiète» de voir l’Ecosse s’émanciper.

 

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