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Portugal: les blouses blanches en grève contre l'austérité

Une précédente manifestation de médecins portugais, le 11 juillet 2012 à Lisbonne, contre les coupes budgétaires [Patricia de Melo Moreira / AFP/Archives] Une précédente manifestation de médecins portugais, le 11 juillet 2012 à Lisbonne, contre les coupes budgétaires [Patricia de Melo Moreira / AFP/Archives]

Les médecins portugais entament mardi une grève de deux jours pour protester contre les coupes budgétaires qui frappent le service public de santé, un des acquis de la Révolution des Oeillets menacés selon eux par la politique d'austérité.

Une manifestation contre le "démantèlement du système de santé" convoquée par la Fédération nationale des médecins (FNAM) devait rassembler dans l'après-midi devant le ministère de la Santé à Lisbonne de nombreux grévistes en blouse blanche, mais aussi des patients.

"Il faut défendre cette grande conquête de la Révolution d'avril 1974 qu'est le Service national de santé", a déclaré la présidente de la FNAM, Maria Merlinde Madureira, invitant les Portugais à se joindre au mouvement des médecins.

Soutenue par l'Ordre des médecins, la FNAM tablait sur une participation à la grève semblable à celle organisée en juillet 2012, estimée par les syndicats à 95%. Une manifestation avait alors mobilisé 2.500 personnes selon la police et 4.000 selon les syndicats.

Cette année, le mouvement s'est cependant fissuré, le Syndicat indépendant des médecins (SIM) ayant annoncé son intention de ne pas participer à la grève pour "donner une chance au dialogue" avec le gouvernement.

Un service minimum était assuré dans les services d'urgence, les unités de soins intensifs et les centres de radiothérapie. La grève devrait toutefois entraîner le report de milliers de consultations et d'opérations chirurgicales.

"Les médecins ont raison de manifester, si l'on ne défend pas le service public, on sera tous obligés d'aller consulter dans le privé", estime Argelico Paulo, artisan au chômage venu avec sa fille à l'hôpital Dona Estefania à Lisbonne dans l'espoir d'être reçu en consultation.

"Ici à l'hôpital, je ne paie rien en tant que chômeur, alors que dans le privé, il faudrait que je débourse entre 60 et 75 euros pour une consultation", a-t-il expliqué.

-'Médecins très remontés'-

Détérioration des conditions de travail dans les centres de soins et hôpitaux publics, suppression d'effectifs, allongement du temps de travail, coupes salariales ... les motifs de mécontentement des médecins ne manquent pas.

"Les médecins sur le terrain sont très remontés. Tout porte à croire que la mobilisation sera forte", a assuré Mario Jorge Neves, vice-président de la FNAM.

Tous assurent qu'il ne s'agit pas d'une grève corporatiste mais d'une mobilisation en faveur du service public et contre les coupes dans le budget de la santé, qui doivent représenter cette année plus de 300 millions d'euros, après déjà plusieurs années d'austérité.

Au bord du défaut de paiement, le Portugal avait obtenu en mai 2011 de l'Union européenne et du Fonds monétaire international un plan d'aide de 78 milliards d'euros en échange d'un programme de réformes marqué par une rigueur sans précédent.

Alors que le pays est sorti de son plan d'assistance en mai, l'austérité continue à se traduire pour les Portugais par de longues files d'attente aux urgences, des fermetures de services hospitaliers et une hausse du ticket modérateur.

La politique de rigueur imposée par les créanciers du Portugal a porté un sérieux coup au Service national de santé (SNS), créé en 1979 après la Révolution qui avait permis d'inscrire le droit à des soins gratuits dans la Constitution.

Depuis 2011, les tarifs du service public ont doublé: le passage dans un service d'urgence est désormais facturé 20 euros et la consultation dans un centre de soins coûte 5 euros. Le temps d'attente pour des opérations chirurgicales est de plusieurs mois.

Le ministre de la Santé Paulo Macedo assure ne pas comprendre les raisons du mouvement de protestation: "les médecins ne font pas grève dans leurs cabinets privés. C'est donc les patients qui n'ont pas les moyens de se faire soigner ailleurs que dans le public qui vont trinquer".

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