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Turquie: Erdogan s'apprête à entrer dans la course à la présidentielle

Le Premier ministre turc Tayyip Erdogan, le 25 juin 2014 à Ankara [Adem Altan / AFP/Archives] Le Premier ministre turc Tayyip Erdogan, le 25 juin 2014 à Ankara [Adem Altan / AFP/Archives]

Le Premier ministre islamo-conservateur turc, Recep Tayyip Erdogan, qui dirige sans partage la Turquie depuis 11 ans, doit annoncer mardi sa candidature au scrutin présidentiel des 10 et 24 août, disputée pour la première fois au suffrage universel direct.

A 60 ans, l'homme fort de la Turquie devrait, sauf surprise, être élu pour cinq ans au sommet de l'Etat et devenir ainsi le dirigeant qui a régné le plus longtemps sur le pays depuis le fondateur de la République turque Mustafa Kemal Atatürk.

Après des mois d'un vrai-faux suspense savamment entretenu, le nom de M. Erdogan doit être dévoilé mardi à la mi-journée à la chambre de commerce d'Ankara lors d'une réunion de masse des cadres de son Parti de la justice et du développement (AKP).

Son entrée en lice ne faisait plus guère de doutes depuis la victoire éclatante de l'AKP aux élections municipales du 30 mars, malgré les critiques et un scandale de corruption sans précédent.

"Nous pensons tous qu'il est (notre) meilleur candidat", a déclaré dimanche soir le vice-Premier ministre Besir Atalay à la télévision.

L'actuel chef de l'Etat Abdullah Gül a lui-même définitivement levé les derniers doutes en confiant dimanche qu'il ne se présenterait pas à un second mandat.

Contraint par une règle interne du parti de quitter la tête du gouvernement à l'issue des élections législatives de 2015, M. Erdogan a fait savoir depuis des mois qu'il n'entendait pas mettre un terme à sa carrière politique.

Souvent décrit, par ses partisans comme ses rivaux, comme le nouveau "sultan" de la Turquie, M. Erdogan reste de loin l'homme politique le plus populaire d'un pays à majorité conservatrice et attachée à la religion musulmane.

S'il est considéré comme l'artisan du développement économique sans précédent de la Turquie depuis le début des années 2000, le chef du gouvernement est toutefois aussi devenu, depuis un an, la figure la plus contestée du pays.

Depuis la fronde de juin 2013, de nombreux Turcs lui reprochent sa dérive "autoritaire" et "islamiste" et dénoncent la corruption de son régime, illustrée l'hiver dernier par un vaste scandale politico-financier qui a ébranlé son régime.

- Contesté, mais populaire -

La violente répression des manifestations qui le défient dans la rue et ses dernières lois renforçant le contrôle d'internet ou de la justice lui ont également valu les critiques de ses alliés européens.

Tous les sondages publiés ces dernières semaines le donnent néanmoins largement vainqueur du scrutin présidentiel, vraisemblablement dès le premier tour.

La semaine dernière, deux enquêtes d'opinion l'ont crédité de 52 à 56% des intentions de vote des 52,6 millions d'électeurs turcs.

Son principal adversaire Ekmeleddin Ihsanoglu, un intellectuel de l'islam de 70 ans inconnu du grand public et novice en politique choisi par les deux principaux partis d'opposition, ne semble pas en mesure de lui contester sa victoire.

Les chances de Selahattin Demirtas, député et candidat désigné lundi du principal parti pro-kurde HDP, paraissent tout aussi maigres.

Pour s'attirer le soutien d'une majorité des 15 millions de Kurdes du pays, M. Erdogan a déjà fait un geste en faveur de cette minorité et présenté au parlement un projet législatif censé réveiller le processus de paix avec les rebelles kurdes, aujourd'hui au point mort.

Il a également multiplié les discours de campagne auprès des communautés turques de l'étranger, en Allemagne, en Autriche et en France, autorisés pour la première fois à voter depuis leur pays d'accueil.

Telles que définies par la Constitution de 1982, les fonctions du probable futur président Erdogan seront largement honorifiques.

Mais le Premier ministre a déjà fait savoir qu'il utiliserait tous les pouvoirs à sa disposition et, surtout, qu'il comptait bien profiter de l'onction du suffrage universel pour continuer à diriger la Turquie.

"Le prochain président ne sera pas un président protocolaire, mais un président qui sue, qui court et qui travaille dur", a-t-il d'ores et déjà prévenu, un "président du peuple".

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