En direct
A suivre

Le Tea Party continue d'agiter la droite américaine

Le chef de la majorité républicaine de la Chambre des représentants américaine, Eric Cantor, a annoncé mercredi qu'il quitterait son poste cet été, lors d'une conférence de presse, à Washington, le 11 juin  [Saul Loeb / AFP] Le chef de la majorité républicaine de la Chambre des représentants américaine, Eric Cantor, a annoncé mercredi qu'il quitterait son poste cet été, lors d'une conférence de presse, à Washington, le 11 juin [Saul Loeb / AFP]

La défaite d'un ténor républicain face au Tea Party mardi aux Etats-Unis a secoué le parti, qui croyait avoir maté sa turbulente aile droite. L'establishment reste certes en position de force, soulignent des experts, mais devrait tirer les leçons de cet avertissement.

Cas d'école, les analyses divergeaient au lendemain du vote de 65.000 électeurs républicains dans la septième circonscription de l'Etat de Virginie (est), autour de l'ancienne capitale du Sud, Richmond.

Eric Cantor, numéro deux de la Chambre des représentants, a perdu l'investiture pour les législatives de novembre face à un professeur d'université inconnu au bataillon et aux moyens dérisoires.

Mais David Brat a mené une campagne de terrain très agressive, sous la bannière intransigeante du Tea Party, reprochant au sortant ses timides ouvertures en faveur d'une réforme de l'immigration. Quelque 7.000 voix les séparent, soit 10 points.

Les ultra-conservateurs ont immédiatement clamé une victoire aux répercussions nationales, dans le contexte de la "guerre civile" que se livrent depuis 2010 les républicains traditionnels et leurs concurrents novices, partisans d'une interprétation stricte de la Constitution en faveur d'une réduction implacable du rôle de l'Etat fédéral.

"La base conservatrice est en vie et en pleine forme", s'est réjoui le sénateur républicain texan, Ted Cruz, l'un des leaders du mouvement.

Mais des dizaines de primaires ont déjà eu lieu cette année dans le pays et à ce jour, seul deux sortants ont été crucifiés par les électeurs. On est loin de la vague du Tea Party de 2010.

"L'establishment gagne de façon assez systématique", souligne John Hudak, chercheur à la Brookings Institution. Mardi soir, un sénateur sortant a facilement remporté l'investiture républicaine en Caroline du Sud (sud-est), bien qu'il soit favorable à des régularisations massives de sans-papiers.

"Toute l'attention se concentre sur ce scrutin", dit-il à l'AFP, alors que "le Tea Party ne s'en tire pas bien au niveau national. Ils ont quelques bons résultats ici et là, mais généraliser à partir de ces exemples serait une erreur".

- 'Fièvre anti-sortants' -

Les facteurs locaux --personnalité, présence sur le terrain, bilan-- pèsent lourd dans le choix des militants. Les experts appellent à ne pas tirer de conclusion hâtive et à attendre la fin du cycle électoral.

Un sympathisant de David Brat, professeur d'université et adversaire victorieux d'Eric Cantor, lors d'une réunion à Glen Allen, en Virginie, le 26 avril 2014 [Jay Paul / Getty Images/AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Un sympathisant de David Brat, professeur d'université et adversaire victorieux d'Eric Cantor, lors d'une réunion à Glen Allen, en Virginie, le 26 avril 2014

Après la victoire du sénateur sortant du Kentucky, Mitch McConnell, dans une primaire en mai, l'establishment avait avec enthousiasme décrété un tournant dans l'affrontement avec le Tea Party.

"Je suis toujours surpris de voir à quelle vitesse la presse américaine est prête à déclarer que la guerre civile est terminée, et que l'establishment a repris le dessus", dit à l'AFP Christopher Parker, politologue à l'Université de Washington.

Malgré les échecs aux primaires, le nombre de sympathisants du Tea Party reste stable dans le pays, selon le chercheur, à environ 22% de l'électorat, et les adhérents aux six grandes organisations nationales sont deux fois plus nombreux qu'en 2010, ce qui garantit la vitalité de la mouvance.

Reste qu'à court terme, la défaite d'Eric Cantor sert d'avertissement aux sortants. Ils devraient passer plus de temps dans leurs circonscriptions et moins dans la capitale fédérale, prédisent des parlementaires.

Les électeurs "sont furieux et prêts à s'attaquer à tous ceux qui représentent Washington", analyse le représentant John Fleming. "Il existe une fièvre anti-sortants".

Sur le fond, les républicains seront-ils tentés de virer encore plus à droite pour sauver leurs têtes devant les militants? Sur ce point encore, les réponses divergent.

Pour les démocrates, le parti républicain a déjà épousé les thèses les plus radicales du Tea Party, que ce soit sur les coupes budgétaires à la hache ou les questions de société.

Mais selon Christopher Parker, "les différences entre les deux camps restent énormes, c'est indéniable", notamment dans l'attitude plus ou moins intransigeante à adopter face aux démocrates dans les négociations budgétaires.

Une rivalité qui devrait s'étaler au grand jour dans la guerre de succession pour remplacer M. Cantor au poste de chef de la majorité de la Chambre.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités