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Cuba: lancement du premier média numérique indépendant

Une internaute lit le quotidien numérique 14ymedio.com lancé par la blogueuse cubaine Yoani Sanchez blogger Yoani Sanchez à Montevideo, le 21 mai 2014  [Panta Astiazaran / AFP] Une internaute lit le quotidien numérique 14ymedio.com lancé par la blogueuse cubaine Yoani Sanchez blogger Yoani Sanchez à Montevideo, le 21 mai 2014 [Panta Astiazaran / AFP]

Le premier média indépendant depuis un demi-siècle à Cuba a été lancé sur internet mercredi à l'initiative de la célèbre blogueuse Yoani Sanchez avec la promesse de présenter "un horizon complet d'informations, d'opinions et de faits sur la réalité de l'île".

L'apparition du nouveau média sur internet a été totalement passée sous silence par les médias officiels de Cuba, dont les autorités considèrent généralement les dissidents comme des "mercenaires" au service de la politique anticubaine des Etats-Unis.

"14ymedio est le fruit de l'évolution d'une aventure personnelle qui s'est transformée en projet collectif", affirme un éditorial de présentation du site , qui inclut le blog Generacion Y qui a fait la renommée de Yoani Sanchez depuis sept ans.

Outre un reportage sur la violence nocturne à La Havane et un entretien avec un prisonnier politique, la première édition de 14ymedio publie une lettre de 28 personnalités du monde entier demandant au gouvernement cubain de "respecter le droit" à exister du nouveau média.

"Les Cubains regardent l'avenir et ont besoin de médias qui ouvrent des espaces à un débat respectueux. Nous sommes sûrs que cette initiative contribuera à la transition pacifique vers la démocratie et à la construction d'un nouveau pays", affirme cette lettre signée notamment par le prix Nobel de littérature péruvien Mario Vargas Llosa et l'ex-président polonais et prix Nobel de la paix Lech Walesa.

"Aujourd'hui, je réalise un rêve, un espace journalistique au sein duquel m'accompagnent de nombreux collègues", explique Yoani Sanchez dans son premier article pour 14ymedio.

Le nouveau site "naît avec le désir d'atteindre de nombreux lecteurs, dans et hors de Cuba, et de leur offrir un horizon complet d'informations, d'opinions et de faits sur la réalité de notre île. Cela va demander sans aucun doute beaucoup de travail", ajoute la philologue de 38 ans qui a remporté de nombreux prix internationaux pour son blog et ses chroniques acerbes de la vie quotidienne à Cuba.

Le mari de la blogueuse, le journaliste Reinaldo Escobar, est le rédacteur en chef de 14ymedio, qui tire son nom du 14e étage où vit et travaille Yoani Sanchez à La Havane, et de l'année 2014, ainsi que du Y qui a fait sa réputation et du "vocable +medio+" (média en français).

- Un test pour la presse indépendante -

L'équipe de rédaction de 14ymedio, légalement enregistré à Madrid, en Espagne, compte onze personnes et le site devrait être actualisé deux à trois fois par jour, selon les explications de ses animateurs.

La blogueuse d'opposition cubaine Yoani Sanchez, le 10 mars 2013 à Puebla, au Mexique [Jose Castañares / AFP/Archives]
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La blogueuse d'opposition cubaine Yoani Sanchez, le 10 mars 2013 à Puebla, au Mexique

En raison de la pauvreté de l'accès à internet pour la population cubaine, le nouveau média devrait également être distribué sur des supports numériques -CD, DVD, clés USB, etc-, moyens de communication favori des Cubains.

La presse indépendante a disparu de Cuba dans les années soixante sous la férule de Fidel Castro, qui a cédé le pouvoir à son frère Raul à partir de 2006.

Ce dernier a depuis entrepris des réformes économiques introduisant une part d'économie de marché et supprimé beaucoup d'interdictions qui pesaient sur les Cubains, tout en écartant toute réforme politique du régime, exclusivement dominé par le parti communiste de Cuba (PCC).

Et le régime ne cherchera sans doute pas à taire ce nouveau site d'information, selon l'analyste cubain Arturo Lopez-Levy, de l'université de Denver aux Etats-Unis.

"Yoani Sanchez, contrairement à ceux à l'extérieur qui la tiennent pour une des personnes les plus puissantes du monde, ne constituent pas une menace crédible ou imminente contre le monopole politique du PCC. Son pouvoir de mobilisation est minime", estime l'analyste.

"Raul Castro sait que les réformes économiques réclament des changements dans le contexte politique. La +zone de tolérance+ pour la critique et la dissidence s'est élargie, et cela au bénéfice de la viabilité à court terme du régime", ajoute Arturo Lopez-Levy.

"Les critiques et protestations de Yoani Sanchez servent de décompression au régime qui gagne ainsi du temps", juge encore l'universitaire.

14ymedio

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