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Brésil: des milliers de familles en quête de logement à Sao Paulo

La "Nouvelle Palestine", un campement illégal où 8.000 familles luttent pour obtenir un domicile à Sao Paulo le 9 janvier 2014 [Nelson Almeida / AFP] La "Nouvelle Palestine", un campement illégal où 8.000 familles luttent pour obtenir un domicile à Sao Paulo le 9 janvier 2014 [Nelson Almeida / AFP]

Le soleil est de plomb mais l'activité est incessante dans la Nouvelle Palestine, un campement illégal où des milliers de familles luttent pour obtenir un domicile à Sao Paulo, mégapole et capitale économique du Brésil en proie à une pénurie de logements.

La chaleur est difficilement soutenable sous les bâches de ce campement précaire installé à même la terre battue près du centre-ville de Sao Paulo, qui a récemment pâti des pluies torrentielles de l'été austral.

"Nous occupons ce terrain depuis le 29 novembre. Il y a quelque 8.000 familles et 2.000 autres sont sur liste d'attente", déclare à l'AFP Elena Santos, responsable du Mouvement des travailleurs sans toit (MTST) qui coordonne cette occupation.

"On a besoin de maisons sinon on ne serait pas là à vivre sous des bâches en plastique où l'on peut à peine respirer avec cette chaleur", ajoute-elle en parcourant les chemins de terre qui serpentent sur ce terrain vallonné de 1 km2 encerclé par la forêt tropicale.

Avec ces occupations illégales, le MTST qui a vu le jour en 1997 et dit n'être lié à aucun parti politique entend faire pression sur le gouvernement pour accélérer la réforme urbaine et la distribution de logements dans les banlieues pauvres du Brésil.

Environ 8.000 familles vivent sous des tentes dans le campement illégal de la "Nouvelle Palestine" à Sao Paulo le 9 janvier 2014 [Nelson Almeida / AFP]
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Environ 8.000 familles vivent sous des tentes dans le campement illégal de la "Nouvelle Palestine" à Sao Paulo le 9 janvier 2014

Dans ce pays de 200 millions d'habitants qui accueillera la Coupe du monde de football cette année et qui constitue la première économie d'Amérique latine, le manque de logements est estimé à 5,2 millions de domiciles, dont 1,1 million à Sao Paulo, selon l'Institut de recherches d'économie appliquée (Ipea).

"La crise du logement est très grave à Sao Paulo (20 millions d’habitants avec la banlieue). On y construit des maisons certes mais pas en nombre suffisant", souligne-t-elle.

Les 8.000 familles de la Nouvelle Palestine ne vivent pas toutes dans le campement : certaines continuent à louer des maisons ou sont provisoirement hébergés chez des proches, mais toutes se considèrent comme des occupants dans l'espoir d'obtenir un domicile ou une aide sociale pour payer un loyer dans cette ville aux prix très élevés.

"C'est notre lutte"

Une tente au sein du campement illégal de la "Nouvelle Palestine" à Sao Paulo le 9 janvier 2014 [Nelson Almeida / AFP]
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Une tente au sein du campement illégal de la "Nouvelle Palestine" à Sao Paulo le 9 janvier 2014

Elena Santos assure que le campement se trouve sur un "terrain vague qui est improductif depuis 40 ans".

La municipalité estime qu'il est privé mais elle l'a déclaré "d'intérêt public" depuis des années parce qu'il se trouve dans une zone de protection environnementale où elle veut créer un parc. Les occupants veulent que ce décret soit modifié.

"Pourquoi baptiser notre campement Nouvelle Palestine? Parce que c'est un nom combatif. Et ici, c'est notre lutte", affirme l'occupant "Zezito" Alves.

Le gouvernement de gauche de la présidente Dilma Rousseff a lancé le programme "Ma vie, Ma maison", qui a déjà permis de construire un million de logements sociaux dans le pays et deux autres millions sont prévus cette année.

Le maire de Sao Paulo, Fernando Haddad, du Parti des Travailleurs (PT au pouvoir) s'est engagé en 2013 à construire 55.000 logements en quatre ans, rappelle à l'AFP Joao Antonio da Silva, en charge à la mairie des relations avec les mouvements sociaux.

"Nous allons construire toutes ces maisons mais nous savons que c'est encore insuffisant", souligne le fonctionnaire.

Moins de football, plus de maisons

A Nouvelle Palestine vivent des retraités et des nouveaux-nés, comme la fille de Tahiana Oliveira, 18 ans et déjà mère de trois enfants.

"Mon mari est ouvrier et moi je ne peux ni sortir ni travailler avec trois enfants", explique-t-elle dans sa tente.

L'une des principales revendications de la fronde sociale qui a secoué le Brésil en juin a été l'amélioration des services publics mais aussi la fin de la corruption en politique et la critique des sommes colossales englouties dans la construction et la rénovation des stades pour le Mondial-2014.

"Ce pays n'a pas besoin de tant de stades de football, mais de maisons et de meilleurs services de santé", résume Ribeiro.

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