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Opération de l'armée française dans Bangui

Un véhicule blindé de l'armée française à Bangui, le 15 décembre 2013 [Sia Kambou / AFP] Un véhicule blindé de l'armée française à Bangui, le 15 décembre 2013 [Sia Kambou / AFP]

L'armée française menait mardi une opération dans un bastion de miliciens chrétiens dans le nord de Bangui, où la situation militaire et politique reste tendue, avec désormais des dissensions au grand jour à la tête de l'exécutif centrafricain qui menacent d'aggraver encore un peu plus l'instabilité.

Les soldats français de l'opération Sangaris ont lancé à l'aube une opération militaire à Boy-Rabe, quartier nord de Bangui et bastion des milices chrétiennes "anti-balaka" (anti-machettes, en langue sango), a appris l'AFP de source proche des militaires français.

L'opération était toujours en cours en milieu de matinée, a constaté un journaliste de l'AFP. Sur la route menant à l'aéroport, plusieurs véhicules blindés étaient déployés à l'entrée du quartier, survolé en permanence par un hélicoptère.

Dans le nord de la capitale centrafricaine, le quartier de Boy-Rabe est un fief de l'ancien président François Bozizé, renversé en mars 2013 par l'ex-rébellion de la Séléka. Situé en limite de la brousse qui entoure Bangui, Boy-Rabe sert de refuge à de nombreux miliciens "anti-balaka", en lutte contre l'ex-Séléka.

A la faveur d'une vaste offensive coordonnée le 5 décembre sur plusieurs quartiers périphériques de Bangui, ces miliciens ont pris part à nombreuses attaques contre des civils musulmans qu'ils assimilent aux combattants de l'ex-rébellion Séléka, coalition à dominante musulmane au pouvoir depuis mars.

Boy-Rabe a été pillé à plusieurs reprises ces derniers mois par des hommes de la Séléka, qui y ont commis d'innombrables exactions. La population, chrétienne, et excédée par ces violences, y est largement acquise aux "anti-balaka", dont l'armement est généralement très sommaires: vieux fusils, machettes et armes blanches...

"Préserver l'unité nationale et la concorde"

L'armée française semble donc entamer là une nouvelle étape de sa vaste opération de désarmement des milices et groupes armés, débutée le 9 décembre à Bangui.

Les 1.600 militaires du dispositif français Sangaris avaient jusqu'à présent visé essentiellement les combattants de l'ex-Séléka, seuls à déambuler en armes dans les rues de la capitale.

Neutralisés et consignés dans leurs casernes, de nombreux combattants de l'ex-Séléka étaient furieux de ce désarmement à sens unique selon eux, qui réduisait leur pouvoir à néant et les laissait incapable de défendre la communauté musulmane face à la soif de vengeance des habitants --très majoritairement chrétiens-- de Bangui.

De nombreux Banguissois reprochaient également aux militaires français de rester sur les grands axes et de ne pas pénétrer en profondeur dans les quartiers, dédales de ruelles en terre aux innombrables maisonnettes, où se poursuivent toujours des violences --pillages et lynchages-- entre chrétiens et musulmans.

Sur le plan politique, le Premier ministre Nicolas Tiangaye, issu de l'ancienne opposition à François Bozizé, a lancé un nouvel "appel au calme pour que la paix revienne".

"Il faut préserver l'unité nationale et la concorde. C'est le socle du pays. Un seul pays, un seul peuple", a déclaré M. Tiangaye à l'AFP. "L'unité est notre seule richesse. Les conflits intercommunautaires ou inter-religieux remettent en cause cette unité. J'en appelle au patriotisme pour qu'on fasse preuve de pardon et de tolérance", a-t-il lancé.

La discorde a éclaté au grand jour depuis dimanche au sein du gouvernement, dominé par les pro-Séléka, mais qui compte d'anciens membre de l'opposition démocratique et des partisans du président déchu Bozizé.

Le président centrafricain Michel Djotodia, le 30 novembre 2013 à Bangui [Sia Kambou / AFP/Archives]
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Le président centrafricain Michel Djotodia, le 30 novembre 2013 à Bangui
 

Le limogeage de trois ministres et du directeur du Trésor, décidé unilatéralement par le président (et ex-chef de la Séléka) Michel Djotodia, a suscité une polémique à la tête de l’exécutif et un débat constitutionnel, sans doute décalé face à la violence du quotidien des Banguissois, mais qui reste à trancher.

D'un côté, les représentants de l'ancienne opposition estiment qu'il faut annuler ce décret présidentiel qui n'a pas été approuvé par le Premier ministre. Les partisans de Djotodia assurent quant à eux que le Premier ministre n'a pas forcément à contresigner les décisions présidentielles.

La France a elle pris le parti du Premier ministre Tiangaye, estimant que les limogeages étaient "en contradiction avec la Charte constitutionnelle de la transition et les accords de Libreville (signés en janvier 2013)", et "de nature à aggraver encore" la situation déjà catastrophique dans le pays.

Grave crise humanitaire

Près de 2.000 réfugiés centrafricains sont arrivés lundi dans le nord de la République démocratique du Congo (RDC), bravant la fermeture de la frontière côté centrafricain pour fuir les violences, selon le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

"Malgré la fermeture de la frontière de la Centrafrique, 1.815 réfugiés sont arrivés aujourd'hui à Zongo", une ville congolaise qui fait face à la capitale centrafricaine, de l'autre côté du fleuve Oubangui.

Au total, près de 47.000 réfugiés de Centrafrique ont fui en RDC, selon le HCR. Selon l'ONU, la Centrafrique compte près de 159.000 déplacés dans tout le pays et connait une grave crise humanitaire.

 
 

A quelques centaines de mètres de là, des milliers de déplacés musulmans sont installés sur le site d'un établissement scolaire, l'école "Liberté".

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