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Mission risquée à Bangui

Des soldats français en patrouille à Bangui, le 6 décembre 2013 en Centrafrique [Sia Kambou / AFP]

La France a déployé 1 600 soldats pour mettre fin aux massacres en Centrafrique. Une opération moins simple qu’il n’y paraît.

 

Un calme inhabituel régnait dimanche à Bangui, la capitale centrafricaine. Habituellement très fréquentés le dimanche matin, les églises comme les marchés étaient déserts.

Après les massacres qui ont fait près de quatre cents morts depuis jeudi, les rares habitants à s’aventurer dans les rues exprimaient pourtant leur soulagement.

Ils se disent rassurés par la présence des 1 600 soldats français de l’opération Sangaris, qui ont pris place hier sur les grandes artères et carrefours stratégiques.

«On attend que les Français rentrent dans nos quartiers pour qu’on ne voit plus tous ces gens armés», expliquait un habitant.

«Le calme est revenu à Bangui même s’il y a encore quelques exactions ici ou là», a indiqué pour sa part le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.

Pour les soldats de l’opération, la mission de maintien de l’ordre, simple en apparence, pourrait comporter de nombreuses difficultés. Et plusieurs incertitudes subsistent à son sujet.

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Un vaste territoire à couvrir

En ramenant le calme, l’armée française a commencé à remplir le premier objectif de sa mission : aider les forces africaines de la Misca à s’interposer entre les différents groupes armés.

«On se rapproche d’une opération de police et de gendarmerie plus que d’une opération militaire, explique Philippe Hugon, directeur de recherche à l’IRIS, en charge de l’Afrique. Il s’agit avant tout d’éviter un cycle à la rwandaise : des vengeances aboutissant à un génocide.»

Mais si la sécurisation de Bangui et des grands axes ne devrait pas poser de difficulté majeure, la traque des ex-rebelles de la Séléka, qui ont commencé à fuir la capitale avant l’arrivée des Français, s’annonce difficile, surtout dans un pays aussi grand que la France.

«Il n’y aura pas de soldats dans tous les villages, et ceux du Nord notamment, ne seront pas tous sécurisés. Les ex-rebelles, qui sont pour l’essentiel des bandits de grand chemin, vont se fondre parmi les populations.»

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Un avenir politique incertain

Décidée dans l’urgence face à la multiplication des massacres interethniques, l’opération Sangaris ne doit, en principe, pas excéder six mois et céder la place à une mission de l’ONU, qui pourrait mobiliser 6 000 casques bleus, puis aux forces africaines de la Misca.

Chacune disposera, pour des raisons différentes, de moyens d’action limités. Ce qui inciterait Paris à prolonger sa présence, d’autant que l’avenir politique du pays reste très incertain.

Alors que des élections présidentielles doivent en principe être organisées avant 2015, aucune alternative ne s’impose et le risque de nouvelles violences demeure fort.

Incapable de contrôler les ex-rebelles Séléka dont il est lui-même issu, le président Djotodia a été désavoué à demi-mot par François Hollande. Et l’ex-président Bozizé, s’il a été légitimé par les urnes, était lui aussi arrivé au pouvoir par un coup d’Etat.

Il faudra aussi convaincre l’opinion publique française si la mission se prolonge. «Il s’agit de voir jusqu’où les Français seront sensibles à un drame humanitaire qui se déroule loin de chez eux, estime Philippe Hugon. Or, la Centrafrique ne leur dit pas grand chose.» 

 

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