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Le soulèvement ukrainien

La menace d’une révolution plane à nouveau en Ukraine. [GENYA SAVILOV / AFP]

La mobilisation des pro-européens ne cesse de prendre de l’ampleur. La menace d’une révolution plane à nouveau en Ukraine.

 

Après la Révolution orange avortée en 2004, l’Ukraine vivra-t-elle une «Révolution jaune et bleu» ? Ils étaient encore des centaines, hier, à bloquer l’entrée du siège du gouvernement à Kiev, arborant les couleurs des drapeaux européen et ukrainien.

Toutes les rues adjacentes étaient coupées, des automobilistes utilisant leur véhicule comme barrage pour soutenir le mouvement lancé par les militants pro-européens contre le président Ianoukovitch. Certains manifestants avaient même passé la nuit sur place, après
la grande manifestation organisée dimanche. Celle-ci avait rassemblé des centaines de milliers de personnes sur la place de l’Indépendance, au centre de la capitale ukrainienne. Et sur le fronton de la mairie, occupée depuis la veille, flottait une banderole où l’on pouvait lire : «QG de la révolution.»

 

Un rapprochement avec la Russie critiqué

Né il y a une dizaine de jours, le mouvement de contestation auquel on assiste a été déclenché par la décision du gouvernement d’interrompre les négociations en vue d’un accord d’association avec l’Union européenne. Une décision justifiée par la volonté de privilégier un rapprochement avec la Russie.

«Nous en avons assez de ce gouvernement de corrompus. Nous voulons nous rapprocher des pays normaux», résumait un manifestant.

«Quand le président avait été élu, il avait affirmé qu’il souhaitait se rapprocher de l’Union européenne, analyse Gilles Lepesant, spécialiste de l’histoire contemporaine à l’Université de Lorraine (Nancy). Mais il se tourne aujourd’hui vers Moscou, qui veut créer un vaste espace économique avec des pays comme le Kazakhstan ou la Biélorussie. Certains se sentent donc trahis.»

 

Une issue incertaine

Le président Ianoukovitch semble ainsi menacé face à un mouvement spontané, qui s’étend via les réseaux sociaux. Sa promesse, dimanche, «d’accélérer le processus de rapprochement entre l’Ukraine et l’UE» n’a pas convaincu.

«Cette crise révèle qu’il y a deux sensibilités en Ukraine : l’Ouest tourné vers l’Europe et l’Est qui regarde vers la Russie, analyse Gilles Lepesant. Entre les deux, il y a la capitale, Kiev.» Depuis son indépendance en 1991 et la chute de l’URSS, le pays semble ainsi tiraillé.

Le revirement du gouvernement apparaît donc comme une victoire pour le président russe, Vladimir Poutine, qui a multiplié les pressions pour éviter de voir Kiev échapper à sa sphère d’influence. La signature de l’accord d’adhésion, annulée in extremis par le gouvernement ukrainien, aurait constitué une première pour une ancienne République soviétique.

L’issue du mouvement semble incertaine, alors que, contrairement à la Révolution orange, aucune personnalité de l’opposition n’émerge : Ioulia Timochenko est en prison pour abus de pouvoir et l’ex-champion du monde de boxe devenu parlementaire, Vitali Klitschko, semble encore trop peu aguerri.

Dans ce contexte, le scénario du pire semble envisageable. «Le risque d’une partition du pays existe, estime Gilles Lepesant. Certains pourraient même y trouver leur compte.»

 

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