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Philippines : 10.000 morts dans la seule ville de Tacloban

Une survivante du typhon Haiyan au milieu des décombres à Tacloban, sur l'île de Leyte, le 11 novembre 2013 [Noel Celis / AFP]

Les secours peinent lundi à apporter de l'aide au centre des Philippines, ravagé par un des typhons les plus puissants à avoir touché terre, tandis que montait le désespoir des rescapés affamés, acculés au pillage.

 

L'état de catastrophe nationale a été déclaré, l'ampleur des dégâts émergeant peu à peu, quatre jours après le passage de Haiyan, dont les autorités craignent qu'il ait causé la mort de milliers de personnes. Des vents dépassant les 300 km/heure et une succession de vagues géantes ont dévasté des zones entières, notamment sur les îles de Leyte et Samar.

Les Nations unies ont affirmé lundi craindre plus de 10.000 morts 10.000 morts dans la seule ville de Tacloban.

"Les autorités locales estiment que près de 10.000 personnes ont été tuées dans une seule et même ville", a souligné la chef des opérations humanitaires de l'ONU, Valerie Amos, en référence à Tacloban. L'ONU avait dans un premier temps dit craindre plus de 10.000 morts au total.

"Tout est détruit", a simplement décrit le général américain Paul Kennedy, arrivé lundi sur Leyte avec quelque 90 Marines et deux avions C-130 remplis de vivres et de matériel, avant-garde d'une aide américaine qui devrait compter une quinzaine d'appareils.

 

Des Philippins parmi les décombres laissés par le typhon Haiyan, près d'un bateau échoué, à Tacloban, sur l'île de Leyte, le 11 novembre 2013 [Noel Celis / AFP]
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Des Philippins parmi les décombres laissés par le typhon Haiyan, près d'un bateau échoué, à Tacloban, sur l'île de Leyte, le 11 novembre 2013
 

Les secours s'efforçaient d'acheminer tentes, vivres et matériel médical à Tacloban, capitale de Leyte et ville côtière de 220.000 habitants qui n'est plus qu'un champ de débris et un charnier à ciel ouvert, où flotte dans l'air l'odeur des corps en décomposition.

Mais leur travail était rendu difficile par les pillages et l'extrême nervosité des habitants affamés, privés d'eau et d'électricité. Des magasins d'alimentation et un convoi de la Croix-Rouge ont été attaqués.

Des centaines de militaires et policiers ont été dépêchés sur place lundi pour rétablir l'ordre.

 

"Ramasser les cadavres"

Près de l'aéroport dévasté de Tacloban s'étirait une longue file de rescapés qui ont parcouru des kilomètres dans la boue pour parvenir sur les lieux où, espèrent-ils, seront distribués des secours.

"Nous voulons une équipe organisée pour ramasser les cadavres, apporter à manger et mettre fin aux pillages", a dit à l'AFP Joan Lumbre-Wilson, 54 ans, l'un des nombreux rescapés réunis autour d'un des rares centres d'aide de la ville.

Vue aérienne d'une zone après le passage du typhon Haiyan, à Guiuan, aux Philippines, le 11 novembre 2013 [Ted Aljibe / AFP]
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Vue aérienne d'une zone après le passage du typhon Haiyan, à Guiuan, aux Philippines, le 11 novembre 2013
 

"Nous sommes émotionnellement et physiquement épuisés. De nombreux bébés et enfants ont besoin d'aide", a-t-il ajouté.

Selon l'Unicef, jusqu'à 4 millions d'enfants philippins pourraient être touchés par les conséquences du typhon.

"Nous nous dépêchons d'envoyer des secours essentiels aux enfants, qui sont les premières victimes de cette crise", a déclaré le représentant aux Philippines de l'agence de l'ONU pour l'enfance, Tomoo Hozumi. "Mais atteindre les zones les plus touchées est très difficile. Nous travaillons 24 heures sur 24".

Lundi, les secouristes et les journalistes regroupés à l'aéroport dévasté de Tacloban ont assisté avec émotion à la naissance d'une petite "Bea Joy", baptisée ainsi en mémoire de sa grand-mère emportée par les flots.

Le nombre des morts restait lundi difficile à déterminer, en raison du chaos provoqué par la tempête et de l'isolement de plusieurs zones, dont on reste sans nouvelle.

 

Des habitants prennent ce qui peut encore être sauvé des ruines à Palo, sur l'île de Leyte, le 10 novembre 2013 [Noel Celis / AFP]
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Des habitants prennent ce qui peut encore être sauvé des ruines à Palo, sur l'île de Leyte, le 10 novembre 2013
 

Un typhon imprévisible?

Un haut responsable de la police de Tacloban, Elmer Soria, a évoqué dimanche le nombre de 10.000 morts sur Leyte. Le gouverneur de Samar, point d'entrée du typhon, a confirmé la mort de 433 personnes, un bilan probablement largement sous-estimé.

Des dizaines de morts ont également été annoncées dans d'autres villes et provinces ravagées par le super typhon, qui avait avancé sur un front de 600 kilomètres.

Une situation qui a poussé lundi le président Benigno Aquino à annoncer l'état de catastrophe nationale qui permet d'imposer le contrôle des prix et d'accélérer le déblocage de fonds.

Le délégué des Philippines à la conférence internationale sur le climat à Varsovie a de son côté annoncé qu'ils'abstiendrait de manger jusqu'à la fin de la réunion le 22 novembre. "Par solidarité avec mes compatriotes, qui luttent pour trouver de la nourriture (...), je vais commencer un jeûne volontaire pour le climat", a déclaré Naderev Sano.

 

Infographie localisant la trajectoire du typhon  [ / AFP]
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Infographie localisant la trajectoire du typhon
 

Face à l'ampleur du cataclysme, en plus des Etats-Unis, plusieurs pays et organisations, dont l'Union européenne et l'ONU ont proposé leur aide financière ou matérielle, qui pourrait être nécessaire pendant des années.

Haiyan est considéré comme un des typhons les plus violents à jamais avoir touché terre. De catégorie 5 lorsqu'il a frappé les Philippines vendredi à l'aube, son intensité avait faibli à la catégorie 1 à son arrivée au Vietnam lundi matin.

Malgré tout, les autorités vietnamiennes avaient évacué plus de 800.000 personnes en prévision de son arrivée, qui a provoqué des pluies diluviennes, y compris dans la capitale Hanoï. Trois personnes étaient portées disparues.

Le typhon a également provoqué la mort d'au moins six personnes en Chine.

Aux Philippines, le ministre de l'Energie Jericho Petilla a estimé que les autorités n'avaient pas les moyens matériels et humains suffisants face à un typhon d'une telle puissance.

"On n'avait jamais connu une tempête de cette intensité. Vous pouvez prendre autant de mesures préventives que vous voulez, elles ne serviront pas à grand chose face à quelque chose d'aussi violent", a-t-il déclaré à la chaîne ABS-CBN, alors que certains experts mettaient en lumière des problèmes structurels d'urbanisme et de construction.

 
 

 

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