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Merkel étrillée pour ses "zigzags" sur la Syrie

Affiche de campagne de la chancelière allemande Angela Merkel, lors d'un meeting à Düsseldorf le 8 septembre 2013 [Jonas Güttler / DPA/AFP] Affiche de campagne de la chancelière allemande Angela Merkel, lors d'un meeting à Düsseldorf le 8 septembre 2013 [Jonas Güttler / DPA/AFP]

A deux semaines des législatives allemandes, la chancelière allemande Angela Merkel se faisait étriller lundi par l'opposition et nombre d'éditorialistes pour ses "zigzags" sur la Syrie alors que les Etats-Unis organisaient une riposte à l'utilisation présumée d'armes chimiques.

Mme Merkel n'avait pas signé vendredi l'appel à une réaction internationale "forte" après les attaques chimiques en Syrie, qui avait été signé par onze pays, dont les Etats-Unis, au sommet du G20.

Berlin ne l'a fait que 24 heures plus tard, invoquant la nécessité d'une coordination européenne.

"C'est un fiasco complet de la politique étrangère allemande", a lancé dans le quotidien Berliner Zeitung Sigmar Gabriel, chef du Parti social-démocrate (SPD), lequel espère chasser Mme Merkel de la chancellerie après les élections du 22 septembre.

Claudia Roth, son homologue des Verts, évoquait les "dangereux zigzags" de Mme Merkel dans un article du quotidien des affaires Handelsblatt intitulé "la volteface allemande".

Lorsque la chef de la première économie de l'UE a quitté Saint-Pétersbourg (Russie) vendredi, elle était la seule européenne du G20 à ne pas avoir signé ce texte, faisant écrire à l'influent hebdomadaire Die Zeit que l'on avait atteint "le point le plus bas du mandat de chancelière de Merkel".

Mme Merkel s'est justifié et a contre-attaqué dimanche, critiquant l'empressement des pays de l'UE qui ont signé samedi cet appel.

"Je ne trouve pas cela correct que cinq grands pays se mettent d'accord sur une position commune, sans les 23 autres qui ne peuvent pas être là, tout en sachant que 24 heures plus tard les 28 se retrouveront autour d'une table", a expliqué la chancelière lors d'un meeting de campagne, faisant référence à une rencontre informelle des ministres des Affaires étrangères européens à Vilnius.

Selon l'édition en ligne du magazine Der Spiegel, Mme Merkel a quitté la réunion du G20 avant que la Grande-Bretagne, la France, l'Italie et l'Espagne signent le texte présenté par les Etats-Unis, dont elle n'aurait même pas été avisée.

Le porte-parole de Mme Merkel, Steffen Seibert, a démenti tout cafouillage lundi lors d'une conférence de presse régulière du gouvernement, estimant que l'appel des 28 Européens était un "grand succès".

Il a également assuré que Mme Merkel n'avait pas été laissée de côté par les Européens du G20. "La position allemande avait été clairement présentée à Saint-Pétersbourg. Nous connaissions la position des autres", a-t-il dit.

Mais l'expert de politique étrangère du SPD, Gernot Erler, se montrait sceptique.

"Le gouvernement a hésité à signer le texte pour des raisons de tactique électorale, et a ainsi une fois de plus pris un chemin différent", a-t-il expliqué au Berliner Zeitung.

Alors que la population allemande est majoritairement opposée à toute intervention militaire extérieure, le gouvernement a exclu toute participation à des frappes sur la Syrie, tout en assurant de manière vague qu'il soutiendrait des "conséquences" contre le régime syrien s'il était confirmé qu'il avait employé des armes chimiques.

Depuis la guerre, l'Allemagne a participé à des missions militaires internationales au Kosovo ou en Afghanistan, mais elle a spectaculairement déçu ses alliés en 2011 en refusant de soutenir des frappes sur la Libye, comme la Russie et la Chine.

Le Spiegel Online estimait néanmoins que les deux affaires n'étaient pas comparables. "Alors que l'abstention sur la Libye se fait encore sentir aujourd'hui, l'hésitation actuelle ne devrait pas avoir de conséquences durables en matière de politique étrangère", analysait-il. "Mais c'est tout de même un faux pas embarrassant pour Merkel (qui) fait planer une ombre sur la dernière ligne droite de sa campagne".

 
 

Selon un diplomate occidental en poste à Berlin, Mme Merkel n'a pas voulu déplaire au président russe Vladimir Poutine, allié indéfectible du régime syrien. "Le manque d'engagement européen est inquiétant", jugeait-il.

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