Le dirigeant chinois Bo Xilai, au troisième jour de son procès, a démenti samedi avoir abusé de son pouvoir début 2012 pour tenter d'épargner son épouse Gu Kailai, responsable du meurtre d'un homme d'affaires britannique.
"Je n'ai jamais eu l'intention de protéger Gu, je n'ai pas cherché à falsifier les rapports d'autopsie" du Britannique assassiné, a affirmé Bo, dans des déclarations diffusées par le tribunal de Jinan (est) où il comparaît.
Bo Xilai a été confronté samedi à son ancien bras droit, le chef policier Wang Lijun, une audition surprise qui a encore renforcé l'intérêt des millions de Chinois qui se passionnent pour ce procès.
Neil Heywood, longtemps proche du couple, avait été empoisonné en novembre 2011 à Chongqing (sud-ouest), la métropole géante que Bo Xilai dirigeait alors.
Selon l'accusé, Wang Lijun, est venu le voir le 28 janvier de l'année suivante.
"Il m'a parlé de la mort de Neil (Heywood) et m'a dit que certaines personnes affirmaient que Gu Kailai y était liée", a relaté Bo devant les juges.
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"Le soir même il est revenu me voir pour me reparler de ce problème avec Gu Kailai", a-t-il poursuivi. "J'en ai parlé à Gu, elle s'est mise dans une colère noire et a accusé Wang Lijun de la calomnier".
"Elle m'a remis un certificat de la police de Chongqing établissant la mort par crise cardiaque de Neil Heywood après un excès de boisson. En bas de ce document figurait la signature de la femme de Neil Heywood", a encore relaté Bo. "J'ai cru à ce que me disait Gu Kailai, le certificat était convaincant".
Le lendemain, revoyant Wang Lijun, il lui demande de mieux expliquer ces accusations. "Wang Lijun semblait très embarrassé, il s'est tu, j'ai perdu mon sang froid (...) je l'ai giflé".
"Pourquoi avez-vous brisé un verre après avoir infligé cette gifle?", lui a alors demandé le procureur.
"J'avais beaucoup de mal à me maîtriser et j'ai pensé que Wang avait perdu tout sens moral", a répondu Bo.
A la suite de ces instants dramatiques, Bo Xilai décide de suspendre Wang Lijun de son poste. Ce dernier, tombé en disgrâce, se réfugie le 6 février dans un consulat américain où il révèle l'assassinat de Heywood. Il précipite ainsi la chute spectaculaire de Bo Xilai, qui va créer une onde de choc jusqu'aux plus hautes sphères du Parti communiste.
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"Dans cette affaire j'ai fait des erreurs et des mauvaises décisions qui ont terni la réputation du Parti et du pays, j'en ai vraiment honte (...) mais cela n'a rien à voir avec le fait d'être coupable", a confié Bo.
Wang a, de son côté, affirmé samedi que Gu Kailai l'avait informé de son crime la veille de la découverte du corps de Heywood.
"Je ne suis pas seulement un témoin, je suis aussi une victime" dans l'affaire Bo Xilai, a dit Wang.