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De plus en plus d'écolières dans la vallée de Swat

Des écolières pakistanaises à Mingora, dans la vallée de Swat, le 21 juin 2013 [A. Majeed / AFP/Archives] Des écolières pakistanaises à Mingora, dans la vallée de Swat, le 21 juin 2013 [A. Majeed / AFP/Archives]

Le nombre d'étudiantes a bondi dans la vallée de Swat, au Pakistan, où des talibans avaient attaqué l'an dernier la jeune Malala Yousafzaï. Mais cette hausse s'explique moins par la gloire soudaine de l'icône pour le droit des enfants, qui doit s'exprimer ce vendredi à l'ONU, que par l'amélioration de la sécurité sur place.

En ouvrant le feu sur Malala le 12 octobre dernier, les rebelles islamistes talibans pakistanais du TTP avaient voulu lancer un message clair aux habitants de Swat (nord-ouest) comme au reste du monde: les filles ne sont pas les bienvenues à l'école, surtout non coranique.

Atteinte d'une balle à la tête, Malala avait miraculeusement survécu, avant d'être transférée dans un hôpital au Royaume-Uni, où elle vit depuis. Son histoire avait soulevé une vive émotion au Pakistan et à l'étranger, aussi bien au sommet des Etats que chez des stars comme Madonna ou Angelina Jolie.

L'adolescente, qui célèbre vendredi son 16e anniversaire, doit prendre à cette occasion pour la première fois dans la journée à New York la parole au siège de l'ONU pour prendre la défense des millions d'enfants à travers le monde qui n'ont pas accès à l'éducation primaire.

Une classe de filles dans une école de Mingora, principale ville de la vallée de Swat au Pakistan, le 21 juin 2013 [A. Majeed / AFP/Archives]
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Une classe de filles dans une école de Mingora, principale ville de la vallée de Swat au Pakistan, le 21 juin 2013
 

En décembre, des étudiantes avaient vivement protesté lorsque les autorités avaient rebaptisé une école locale "Malala", craignant d'être la cible des insurgés islamistes. Et elles avaient même déchiré des photos de l'adolescente, désormais en lice pour le prix Nobel de la paix et parmi les personnalités les plus influentes du monde selon le magazine américain Time.

+6% de filles scolarisées

 

Et pourtant, le nombre de filles inscrites à l'école dans la vallée de Swat, contrôlée par les talibans de 2007 jusqu'à une intervention musclée de l'armée en 2009, a progressé de 6% depuis l'an dernier (102.374 contre 96.540), selon les autorités.

"Mais ce bond est avant tout dû au retour à la normale dans cette région, estime Anwar Sultana, directrice du plus vieux collège pour filles de Mingora, principale ville de la vallée de Swat.

"Les talibans empêchaient les filles d'étudier et les menaçaient si elles allaient à l'école. Aujourd'hui, de plus en plus de filles vont à l'école ce qui signifie que la peur s'estompe", dit-elle assise sur la véranda du collège. "Lorsque vous supprimez quelque chose, cette chose renaît avec encore plus de vigueur", ajoute-t-elle.

Dans cette école modeste, les salles de classes colorées ne comptent aujourd'hui aucun bureau ou chaise. Les écolières sont assises à même le sol ce qui permet d'en maximiser le nombre, et permettre à des adolescentes comme Saeeda Rahim de retourner en classe.

De jeunes Pakistanaises en cours dans leur école de Mingora, principale ville de la vallée de Swat, le 21 juin 2013 [A. Majeed / AFP/Archives]
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De jeunes Pakistanaises en cours dans leur école de Mingora, principale ville de la vallée de Swat, le 21 juin 2013
 

Saeeda avait cessé les cours sous les talibans, puis quitté la vallée de Swat. A son retour, sa famille hésitait à l'inscrire à l'école de peur de représailles des talibans. Mais les craintes se sont atténuées et elle y étudie de nouveau.

Si l'exemple de Malala n'est pas la cause de son retour, l'adolescente au visage recouvert d'un voile blanc dit néanmoins s'inspirer de la jeune miraculée. "J'apprécie vraiment ces discours, je veux poursuivre son travail, apparaître dans les médias et convaincre les parents que l'éducation est un droit pour les jeunes filles", souffle-t-elle.

Mais selon Erfaan Hussein Babak, directeur de l'école Pak Shama, à Saidu Sharif, ville voisine de Mingora, "de nombreuses filles pensent que Malala a été promue à tort par les médias, qu'elle n'a rien fait pour l'éducation". "De nombreuses personnes ici pensent que Malala n'a rien à voir avec la hausse du nombre d'étudiantes qui s'explique en fait par la prise de conscience par les classes populaires du droit des filles à l'éducation", pense-t-il.

Malgré cette hausse, il y a encore bien du chemin à faire au Pakistan où plus de cinq millions d'enfants ne vont pas à l'école primaire, dont environ trois millions de jeunes filles.

Dans la province de Malala, la Khyber Pakhtunkhwa, région conservatrice située à la lisière de l'Afghanistan, le taux l'analphabétisme dépasse 60% chez les femmes. Les talibans ont aussi détruit 750 écoles depuis près de cinq ans, mais 611 d'entre elles ont été reconstruites, assure à l'AFP le ministre provincial de l'éducation Muhammad Atif.

 
 

 

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