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Du changement en Iran ?

Hassan Rohani, le 24 avril 2006 à Téhéran [Atta Kenare / AFP/Archives]

Ivres de bonheur, klaxonnant comme après un match de foot, des milliers d’Iraniens ont investi samedi les rues de Téhéran pour fêter la victoire, dès le premier tour (50,68 % des voix), du candidat réformateur Hassan Rohani.

Le contraste était saisissant lorsque l’on se remémorait la vague de colère qui avait suivi la réélection de Mahmoud Ahmadinejad en 2009, et qui avait donné naissance au «mouvement vert».

A l’étranger aussi, la victoire sans appel de Hassan Rohani suscite des espoirs. De Paris à Washington en passant par Berlin, les capitales occidentales ont salué la victoire du réformateur, se disant prêts à reprendre un dialogue constructif avec Téhéran.

Seul Israël a tenu à souligner que «l’Iran continuera d’être jugé sur ses actes, dans le domaine nucléaire comme dans celui du terrorisme», rappelant au passage que le programme nucléaire dépendait surtout de l’autorité de l’ayatollah Khamenei, le guide suprême.

 

Peut-être moins de répression

La joie exprimée par la jeunesse de Téhéran à l’annonce des résultats traduit l’espoir de voir disparaître la chape de plomb imposée par Mahmoud Ahmadinejad.

«Rohani s’est clairement affiché comme un réformateur lors de la campagne présidentielle, explique Thierry Coville, professeur à Novancia. Il a parlé de lutte contre la censure, de Droits de l’homme, de libération des prisonniers politiques… Les Iraniens ont raison d’y croire jusqu’à présent.»

Les prises de position de Rohani lui ont permis de capter une partie des votes de ceux qui avaient soutenu le mouvement vert. Ces derniers attendent un signe fort, comme la libération de Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, candidats à la présidentielle de 2009 en résidence surveillée depuis plus de deux ans.

Mais c’est sur l’économie que le président Rohani sera le plus attendu. Les sanctions internationales imposées à l’Iran à cause de son programme nucléaire controversé ont plongé le pays dans la crise – plus de 50 % des Iraniens vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté.

Cette situation penche en faveur de la volonté déclarée de Rohani de reprendre les négociations : il pourrait ainsi apporter des garanties sur la nature du programme nucléaire, soupçonnée d’être militaire.

En revanche, il a déjà fait savoir qu’il n’avait pas l’intention de mettre fin à l’enrichissement de l’uranium.

 

Une marge de manœuvre limitée

Mais sur tous ces dossiers, Rohani ne devrait pas avoir les mains libres : il n’arrive qu’en seconde position dans la hiérarchie du pouvoir, derrière l’ayatollah Khamenei.

Et il devra composer avec les frères Larijani, Ali et Sadegh, respectivement président du Parlement et dirigeant du pouvoir judiciaire.

«Il reste à savoir quelle marge de manœuvre aura Rohani par rapport au Guide suprême, analyse Thierry Coville. Khatami avait promis des réformes lorsqu’il avait été élu (en 1997, NDLR), mais il n’avait pas pu les tenir.»

La jeunesse qui a fêté la victoire de Rohani et les pays occidentaux ne sont donc pas à l’abri d’une nouvelle déception

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