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Grèce : contestation en direct

[SAKIS MITROLIDIS / AFP]

La fermeture brutale de tous les médias publics a déclenché la colère des Grecs, exaspérés par l’accumulation des mesures d’austérité.

«Ne restez pas sans réaction !» Les 10 000 personnes qui encerclaient hier le siège de la radio­télévision publique grecque ERT à Athènes, lors d’une journée de grève générale, étaient décidées à faire entendre leur colère.

Elles protestaient contre la fermeture brutale des trois chaînes et des stations de radio qui la composent, annoncée mardi soir. Une colère relayée par les syndicats. Si cette mesure du Premier ministre Antonis Samaras est si impopulaire, c’est qu’elle cristallise l’exaspération de tout un peuple et symbolise à elle seule un pays au bord de l’asphyxie.

 

Le symbole plus fort que la dette

En 2010, la Grèce était déjà au bord de la faillite. Une situation due en partie à la corruption et à un secteur public déficitaire. La télévision publique, avec 2 660 salariés et coûtant environ 300 millions d’euros par an (proportionnellement autant que France Télévisions, pour des services moindres) en était le meilleur exemple.

Mais en décidant de façon abrupte de la fermer, Antonis Samaras a fait bien plus que réduire un poste de dépense. «Symboliquement c’est assez scandaleux, estime Fabio  Liberti, directeur de recherche à l’Iris. Cela touche à la liberté des médias, à l’accès à l’information.»

Pour les professionnels des médias tout comme pour l’ensemble de la population, le gouvernement montre qu’il est prêt à faire des économies sur la démocratie. Nombreux sont les Grecs qui rappellent également la fonction sociale de la télévision publique.

Loin d’être de simples chaînes, elles sont, selon eux, les seules à avoir traversé les années, à fédérer les générations et à parcourir tout le pays. Ce sont en effet les seules chaînes que reçoivent certaines régions isolées de Grèce où les habitants sont aujourd’hui face à un écran noir. Même en annonçant la création, dès la rentrée, d’une nouvelle «radio, Internet et télévision grecque», avec 1 200 employés, Samaras aura du mal à calmer la colère de ses citoyens.

 

Le cercle infernal de l’austérité

Au-delà du symbole, la fermeture de la télévision publique peut aussi être considérée comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase de l’austérité. 

Depuis deux ans, le quotidien des Grecs est rythmé par les politiques de rigueur. L’âge de la retraite a été reculé à 65 ans, la TVA a été augmentée à 21 %, de nouvelles tranches d’impôt ont été créées, le tabac, l’alcool et les carburants ont été taxés davantage, les salaires baissés de 7 % dans le public… «Ils sont passés tellement près de la falaise qu’ils ont tout accepté pendant un temps, explique Fabio Liberti. Mais maintenant ils en ont ras-le-bol de l’austérité.»

D’autant que cela fait craindre la libéralisation de pans entiers du secteur public. La privatisation du groupe gazier Depa est d’ailleurs la priorité du gouvernement. Si ces mesures correspondent au plan d’austérité prévu pour rembourser les créanciers, il n’est point du goût des Grecs. Et la contestation pourrait rapidement se répercuter dans les urnes, avec la montée du parti néonazi Aube dorée, plébiscité par de nombreux électeurs exaspérés par les autres partis.

 

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