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Rubygate : six ans de prison requis contre Berlusconi

Silvio Berlusconi lors d'un meeting de son parti, le 11 mai 2013 à Brescia [Olivier Morin / AFP] Silvio Berlusconi lors d'un meeting de son parti, le 11 mai 2013 à Brescia [Olivier Morin / AFP]

Une peine de six ans de prison a été requise lundi contre l'ex-Premier ministre italien Silvio Berlusconi, jugé à Milan dans le procès Rubygate pour prostitution de mineure et abus de pouvoir.

"Nous demandons une peine de base de 5 ans pour le premier chef d'accusation, augmentée à 6 ans pour le deuxième", a déclaré le procvureur, Mme Ilda Boccassini, qui a assorti son réquisitoire d'une sévère requête d'"interdiction à vie d'exercer toute fonction publique" à l'encontre de l'ex-président du Conseil, ex-député, et sénateur depuis les élections de février.

"Les peines requises sont très lourdes compte tenu des faits contestés", a réagi l'un des avocats du Cavaliere, Nicolo Ghedini. La défense s'exprimera le 3 juin et le verdict est attendu au plus tôt le 24 juin.

Au cours d'un réquisitoire de plus de cinq heures, Mme Boccassini a dénoncé "le système de prostitution mis en place pour la satisfaction sexuelle personnelle de l'accusé Silvio Berlusconi".

La procureure a jugé également "très grave" que l'accusé ait "abusé de sa fonction" pour faire relâcher au plus vite Ruby dans la nuit du 27 au 28 mai 2010. Selon l'accusation, le Cavaliere voulait éviter que la jeune femme révèle la nature de ses relations avec lui.

"J'ai pu démontrer au-delà de tout doute raisonnable que, cette nuit-là, les fonctionnaires de la préfecture de Milan remirent en liberté la mineure suite à une intercession du président (du Conseil)", a-t-elle dit.

Selon elle, les fonctionnaires savaient en outre que l'histoire racontée par l'entourage de M. Berlusconi sur Ruby, "nièce du président égyptien (de l'époque, ndlr) Hosni Moubarak", était "un gros mensonge".

Tant le magnat des médias, qui dit avoir voulu aider une jeun fille en difficeultés et a dénoncé des juges "politisés", que Ruby affirment ne jamais avoir eu de relations sexuelles. Dimanche, tous les deux ont parlé de soirées "complètement normales" lors d'une longue émission spéciale intitulée "La guerre de 20 ans : Ruby, dernier acte", sur Canale 5, l'une des chaînes appartenant au Cavaliere.

Selon la procureure, Ruby, comme la plupart des autres jeunes filles qui participaient aux soirées "bunga bunga" chez Silvio Berlusconi, cultivaient "un rêve italien négatif", attendant du milliardaire "de l'argent facile et la possibilité de travailler dans le monde du spectacle".

Mme Boccassini s'en est prise au passage à Ruby, l'accusant d'avoir joué la victime de conditions de vie misérables et d'un père qui la maltraitait. Pour la procureure, ses parents sont des personnes "très dignes qui élevaient comme ils le pouvaient" une jeune fille rebelle et fugueuse.

Après être devenue "la favorite", Ruby "recevait directement de Silvio Berlusconi ce dont elle avait besoin pour vivre", a encore indiqué la procureure.

"Elle nie parce qu'elle a reçu plus de 4,5 millions d'euros" en trois mois, a martelé la procureure.

Pour Mme Boccassini, la jeune Marocaine a dormi plusieurs nuits à Arcore, la villa du milliardaire près de Milan, et "il n'y a pas de doutes que Ruby se prostituait".

La procureure a aussi souligné que les intermédiaires du "système de prostitution" et même le Cavaliere savaient tous que Ruby était mineure, ce qui explique le vent de panique déclenché par son interpellation.

Pour confirmer ses dires, Mme Boccassini, bête noire du Cavaliere pour avoir été son accusatrice dans d'autres procès, a cité des dizaines d'appels téléphoniques et de SMS avec la position des témoins.

Les ennuis judiciaires de M. Berlusconi, condamné la semaine dernière en appel à un an de prison (en fait quatre ans dont trois s'étant soldés par une amnistie) pour fraude fiscale dans le procès Mediaset, ont provoqué des remous dans le gouvernement d'Enrico Letta, qui est le premier à unir gauche et droite depuis la Seconde Guerre mondiale.

Au cours d'une retraite organisée en Toscane pour renforcer la cohésion du gouvernement, M. Letta a jugé "inacceptable" la participation de certains de ses ministres à une manifestation samedi à Brescia pour soutenir M. Berlusconi et dénoncer une magistrature "politisée". 

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