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La "liste Magnitski", "coup" porté aux relations russo-américaines

Le président russe Vladimir Poutine (g) et son porte-parole Dmitri Peskov, le 4 mars 2012 à Moscou [Alexey Druzhinin / Ria Novosti/AFP/Archives] Le président russe Vladimir Poutine (g) et son porte-parole Dmitri Peskov, le 4 mars 2012 à Moscou [Alexey Druzhinin / Ria Novosti/AFP/Archives]

La publication aux Etats-Unis de la "liste Magnitski", une liste noire de responsables russes présumés avoir joué un rôle dans la mort en prison du juriste Sergueï Magnitski, porte "un coup" aux relations bilatérales, a déclaré dimanche le porte-parole du président Vladimir Poutine.

"C'est un coup porté aux relations bilatérales russo-américaines", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dans une émission de télévision dont le contenu a été diffusé sur le site internet de la chaîne.

Du point de vue de la Russie, il s'agit d'"une ingérence directe dans ses affaires intérieures", a-t-il ajouté, faisant part de la première réaction du Kremlin après la publication de la "liste Magnitski" vendredi aux Etats-Unis.

Avant même la divulgation de ces noms, M. Peskov avait déjà estimé que "l'apparition de toute liste allait évidemment affecter les relations russo-américaines de manière très négative".

L'affaire Magnitski "ne doit pas être examinée en dehors des frontières russes. Pour nous, c'est inadmissible", a-t-il renchéri samedi.

"Alors que la situation mondiale, et l'abondance d'éventuels nouveaux conflits, dictent la nécessité d'un rapprochement entre la Russie et les Etats-Unis - car ce sont deux pays qui sont responsables de la stabilité et de la sécurité mondiales, des actions sont menées, qui non seulement jettent une ombre, mais portent aussi préjudice aux relations bilatérales", a-t-il poursuivi.

Les Etats-Unis ont placé vendredi sur une liste noire 18 personnes, en majorité des fonctionnaires russes, pour leur rôle présumé dans la mort en prison en 2009 du juriste.

Aux termes de la "liste Magnitski", les avoirs que détiendraient ces personnes sont gelés sur le sol américain, et tout ressortissant américain qui commercerait avec elles s'exposerait à des sanctions pénales. Les personnes visées sont aussi interdites d'entrée aux Etats-Unis.

La Russie a riposté dès samedi en interdisant l'entrée sur son territoire à 18 Américains, notamment d'anciens responsables de la prison de Guantanamo ou des personnes impliquées dans la condamnation du trafiquant d'armes russe Viktor Bout.

"La guerre des listes ne relève pas de notre choix, mais nous ne pouvons pas ignorer un vrai chantage", avait alors expliqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué dans lequel étaient mentionnés les noms des 18 responsables américains.

Avocat devenu un symbole de la lutte contre la corruption, Sergueï Magnitski, qui conseillait le fonds d'investissement occidental Hermitage Capital, est mort en 2009, à 37 ans, dans une prison de Moscou à l'issue de 11 mois de détention provisoire.

Il avait été arrêté après avoir dénoncé une vaste machination financière de 5,4 milliards de roubles (130 millions d'euros) ourdie, selon lui, par des responsables de la police et du fisc au détriment de l'Etat russe et d'Hermitage Capital.

M. Magnitski avait alors été inculpé à son tour de fraude fiscale par les responsables mêmes qu'il dénonçait, d'après Hermitage.

Cette affaire est à l'origine d'un conflit diplomatique entre Moscou et Washington aux relents de guerre froide.

La publication de la "liste Magnitski" et des sanctions dont elle est assortie découle d'une loi américaine de décembre 2012.

Le même mois, la Russie avait déjà répondu par l'adoption d'une loi prévoyant de dresser elle aussi une liste d'Américains et d'autres étrangers interdits de séjour en Russie.

Mais Moscou avait également interdit l'adoption d'enfants russes par des Américains, l'une des mesures les plus hostiles prises envers les Etats-Unis depuis la fin de la guerre froide.

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