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Le retour compliqué de Musharraf au Pakistan

L'ancien président du Pakistan, Pervez Musharraf, le 31 mars 2013 [Asif Hassan / AFP/Archives] L'ancien président du Pakistan, Pervez Musharraf, le 31 mars 2013 [Asif Hassan / AFP/Archives]

De grands rassemblements annulés, un lancer de soulier, une candidature rejetée dans une circonscription pour les élections et de nouvelles accusations de "trahison": le retour au Pakistan de l'ex-président Pervez Musharraf n'a rien d'une consécration.

Le matin du 24 mars, quelques heures à peine avant de mettre fin à quatre ans d'exil, Pervez Musharraf avait confié que son retour au Pakistan était une "plongée dans les ténèbres". Après tout, les talibans menaçaient de le tuer dès qu'il allait poserait les pieds à Karachi, mégapole du sud du pays meurtrie par des attentats réguliers.

Cette menace des talibans a forcé l'annulation de grands rassemblements pour marquer le retour au pays de l'ex-général qui avait pris le pouvoir en 1999 à la faveur d'un coup d'Etat avant de démissionner près de neuf ans plus tard.

A l'aéroport de Karachi, il n'y avait pas foule. Quelques centaines de supporters de l'ancien "sardar", président en ourdou, la langue nationale de ce pays musulman de 180 millions d'habitants. Pas plus.

Les conférences de presse prévues dans la semaine ont ensuite été annulées, la formation de Musharraf devant peaufiner sa stratégie pour les élections générales du 11 mai.

Pervez Musharraf capitalise sur les nostalgiques de son règne au cours duquel le Pakistan a vu sa croissance économique décoller, sa classe moyenne se développer et les médias se libéraliser.

Des entorses à la constitution et l'assaut sanglant contre des islamistes lourdement armés réfugiés à la mosquée Rouge ont toutefois nourri la rancoeur des insurgés talibans et des avocats.

Et ce sont les avocats qui se sont le plus mobilisés jusqu'à présent contre l'ancien président.

La semaine dernière, un avocat a lancé une chaussure en direction du général à la retraite qui apparaissait à une audience à Karachi pour prolonger le gel de mandats d'arrêt pour son implication présumée dans les meurtres du chef indépendantiste de la province du Baloutchistan (sud-ouest) Akbar Bugti en 2006 et de Benazir Bhutto en 2007, et le renvoi illégal de juges la même année. La scène a été diffusée en boucle sur les chaînes pakistanaises.

Vendredi, la Cour suprême a annoncé qu'elle allait étudier une nouvelle plainte déposée par un avocat visant à traduire en justice Musharraf pour avoir "trahi" la constitution du pays en imposant l'état d'urgence à son arrivée au pouvoir.

Et comme un malheur ne vient jamais seul, la candidature de M. Musharraf dans la circonscription rurale de Kasur a été "rejetée" après que des avocats eurent déposé des plaintes contre l'ancien président en vertu des articles 62 et 63 de la constitution qui déterminent l'ensemble des pré-requis pour être candidat - comme l'obligation d'avoir payé ses factures et de respecter l'indépendance de la justice.

"Si les autorités s'en remettent à ces articles contre Musharraf, elles doivent faire de même avec les autres politiciens comme Nawaz Sharif", ancien Premier ministre renversé et général donné favori aux élections de mai, a plaidé à l'AFP Aasia Ishaque, une porte-parole de la formation de l'ancien président.

Son parti, l'APML (All Pakistan Muslim League), va contester cette décision qui n'annihile toutefois pas pour l'instant les chances de M. Musharraf d'être élu député.

Dans le système pakistanais, une personne peut être candidate dans plusieurs circonscriptions pour la même élection. C'est ce que Pervez Musharraf a fait en se portant candidat également à Karachi, à Islamabad et à Chitral. La lutte risque d'être difficile à Karachi car M. Musharraf y affronte des politiciens populaires, de même qu'à Islamabad.

L'ancien président dispose d'appuis populaires à Chitral, petite ville du nord près de l'Afghanistan. Mais là aussi des avocats tentent d'invalider sa candidature.

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