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Essai nucléaire, menaces contre les USA, guerre avec la Corée du Sud … à quoi joue la Corée du Nord ?

La foule nord-coréenne acclame son leader. La foule nord-coréenne acclame son leader.[KNS / KCNA / AFP]

A Washington, on en viendrait presque à regretter Kim Jong-il, pourtant peu réputé pour son pacifisme. Arrivé au pouvoir en Corée du Nord après la mort de ce dernier en décembre 2011, son fils, Kim Jong-un, 30 ans, s’avère être encore plus belliqueux.

Ces dernières semaines, le jeune dirigeant n’a cessé d’attiser les tensions entre la Corée du Nord et la communauté internationale, s’en prenant directement aux Etats-Unis. Hier, Pyongyang a ainsi menacé les Etats-Unis de «frappes nucléaires», annonçant même que des opérations militaires contre les Etats-Unis avaient été «examinées et ratifiées».

En l’espace de moins de deux mois, Kim Jong-un avait déjà fait procéder à un troisième essai nucléaire nord-coréen, annulé l’armistice signé en 1953 avec la Corée du Sud – il n’y a jamais eu de traité de paix à la fin de la guerre de Corée –, menacé de transformer Séoul en «mer de feu» et décrété l’état de guerre avec le voisin du Sud.

 

Affirmer sa stature

Pourtant, lorsqu’il était arrivé au pouvoir, les chancelleries occidentales avaient voulu croire que Kim Jong-un romprait avec la «politique du pire» prônée par son père et son grand-père, Kim Il-sung. Ayant effectué la majeure partie de ses études en Suisse, où il a développé un goût prononcé pour le basket-ball et les films de Jean-Claude Van Damme, l’héritier de la dynastie nord-coréenne semblait à même d’entamer la normalisation du régime nord-coréen.

Mais c’est tout l’inverse qui semble se produire. «Kim Jong-un cherche à prouver qu’il a la carrure d’un chef d’Etat aux dirigeants du régime, qui ont pour la plupart deux fois son âge», estime Pierre Rigoulot, directeur de la revue Histoire et liberté. Ces démonstrations de force pourraient aussi être destinées à entretenir le moral de l’armée et à forger une image de fermeté auprès de la population. «Pour les régimes communistes, la tradition veut que l’armement soit au service du politique», analyse Pierre Rigoulot. 

 

Un calcul stratégique

Kim Jong-un s’inscrit ainsi dans l’héritage familial. Pour son père, Kim Jong-il, la menace nucléaire servait à obtenir des aides financières en contrepartie de concessions.

Mais comme le soulignait récemment un membre de l’administration américaine interrogé par l’agence Reuters, le comportement de Kim Jong-un s’avère moins prévisible : «Tout le monde se demande si ce gars-là sait où sont les limites. On n’en sait pas assez sur lui pour déterminer s’il a la subtilité dont son père faisait preuve dans la confrontation diplomatique».

Et si le danger que représente Pyongyang doit être relativisé, le régime ne possédant pas pour l’instant les moyens militaires à la hauteur de ses menaces, cette incertitude a de quoi alimenter l’inquiétude. «Les Nord-Coréens vivent comme dans une secte, estime Pierre Rigoulot. Ce sont des gens dangereux, prêts à bondir militairement sur quiconque les contredit, et des comportements irrationnels ne peuvent être exclus».

 

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