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Un Chinois condamné pour un meurtre commis il y a 45 ans sous Mao

Un homme regarde un portrait de Mao Tsé-toung, l'initiateur de la Révolution culturelle, lors d'un salon d'art contemporain à Pékin, en 2005 [ / AFP/Archives] Un homme regarde un portrait de Mao Tsé-toung, l'initiateur de la Révolution culturelle, lors d'un salon d'art contemporain à Pékin, en 2005 [ / AFP/Archives]

Un octogénaire a été condamné dans l'est de la Chine à trois ans et demi de prison pour un meurtre commis lors des atrocités de la Révolution culturelle maoïste, au terme d'un procès rarissime et très controversé.

"Qiu Riren s'est vu infliger une peine de trois ans et demi de réclusion", a déclaré mercredi à l'AFP une responsable de la cour pénale du district de Rui'An (province du Zhejiang). Le verdict a été rendu vendredi, a précisé un autre responsable du tribunal.

M. Qiu avait été jugé le 18 février à son domicile - les débats n'avaient duré qu'une journée - pour l'assassinat en 1967 d'un médecin accusé d'être un espion, selon la presse chinoise.

On reprochait à l'accusé d'avoir étranglé avec une corde le médecin nommé M. Hong, puis d'avoir sectionné ses jambes avant d'enterrer sa victime.

Ce procès sur un crime commis lors de la Révolution culturelle (1966-1976), décennie au cours de laquelle des millions de personnes ont été tuées dans un contexte de chaos, avait suscité de nombreuses critiques en Chine, notamment sur le délai de cette audience et le côté arbitraire des poursuites.

"Le plus grand criminel de la Révolution culturelle n'est pas tenu pour responsable, tandis qu'un meurtrier de droit commun doit répondre de ses actes après des décennies", avait dénoncé dans un microblog Liu Xiaoyuan, un juriste connu pour son combat en faveur d'un Etat de droit en Chine.

La presse chinoise avait expliqué le procès tardif de M. Qiu par sa fuite de trente ans, son interpellation n'étant intervenue qu'en juillet 2012.

Mais de nombreux internautes avaient plutôt critiqué "l'arbitraire" de la justice chinoise, s'acharnant sur un lampiste.

"Il reste 99,9999% des gens qui n'ont pas été jugés", avait écrit l'un d'eux. "M. Qiu n'est qu'un pion", avait estimé un autre, reprochant aux autorités de ne pas s'en prendre aux responsables communistes de l'époque.

Lancée par Mao Tsé-toung, alors contesté à la tête du régime, la "grande Révolution culturelle prolétarienne" a permis au Grand Timonier d'éliminer toute forme d'opposition, d'intensifier le culte autour de sa personne et de conforter son pouvoir personnel.

Cette période a été marquée par une mobilisation de la jeunesse au sein d'unités de Gardes rouges censées réprimer les tendances à l'embourgeoisement, la "rééducation" des intellectuels déportés dans les campagnes, une anarchie débouchant sur des violences généralisées et un recul économique du pays.

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