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Italie : attente angoissée sur la crise politique

Le président italien Giorgio Napolitano, le 22 mars 2013 à Rome [Vincenzo Pinto / AFP/Archives] Le président italien Giorgio Napolitano, le 22 mars 2013 à Rome [Vincenzo Pinto / AFP/Archives]

Attente angoissée à Rome où le président Giorgio Napolitano pourrait rendre ses conclusions samedi sur d'intenses consultations menées avec les partis pour tenter de débloquer une situation politique inextricable et donner enfin un gouvernement à l'Italie.

"Mission impossible", "Pitié s'il-vous-plaît", "paralysie due aux vétos croisés", les titres des journaux étaient plus alarmistes les uns que les autres samedi, tous évoquant aussi comme hypothèse extrême une démission du chef de l'Etat.

Il aurait, selon les éditorialistes, posé cette carte sur la table pour contraindre les partis à se mettre d'accord au moins sur un gouvernement "institutionnel" de transition qui se bornerait à quelques réformes avant de nouvelles élections, en commençant par la loi électorale qui a abouti à l'impasse actuelle.

Silvio Berlusconi, le 29 mars 2013 à Rome [Tiziana Fabi / AFP]
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Silvio Berlusconi, le 29 mars 2013 à Rome
 

L'Italie s'est en effet retrouvée au lendemain des législatives de la fin février dans une situation inédite avec un centre gauche disposant de la majorité absolue à la Chambre des députés mais pas au Sénat où s'opposent trois forces antagonistes et de poids similaire (entre un quart et un tiers des voix): la gauche de Pier Luigi Bersani, la droite de Silvio Berlusconi et les contestataires de l'ex-humoriste Beppe Grillo.

Toute la journée de vendredi, le président Napolitano, qui, dans la Constitution italienne, choisit les chefs de gouvernement, a tenté de concilier les exigences des uns et des autres. Mais chacun a campé sur ses positions: le M5S de Grillo qui a canalisé un vote antipartis et anti-austérité, a réclamé un gouvernement sous ses propres couleurs, Berlusconi a proposé un pacte "faustien" à la gauche qui a demandé pour sa part de tenter sa chance au Parlement pour essayer de grappiller des voix des "grillini" (membres du M5S).

En soirée, les dizaines de journalistes massés au Quirinal en ont été pour leurs frais: un porte-parole a annoncé que le président allait "s'accorder un moment de réflexion".

Roberta Lombardi, du mouvement M5S, le 29 mars 2013 à Rome [Tiziana Fabi / AFP]
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Roberta Lombardi, du mouvement M5S, le 29 mars 2013 à Rome
 

"Il n'y a même pas un point de contact entre les trois principaux partis", a constaté, dépité, l'éditorialiste Antonio Polito du Corriere della Sera. "Grillo ne veut rien faire, Berlusconi veut seulement un gouvernement de grande coalition, ce qui est impossible car le PD (de Bersani) le refuse" pour ne pas s'aliéner un électorat qui déteste le Cavaliere.

Une démission de M. Napolitano, qui serait inédite à quelques semaines de l'expiration de son mandat de sept ans le 15 mai, permettrait d'anticiper l'élection de son successeur par le Parlement.

Contrairement au chef d'Etat sortant, le nouveau président aurait la faculté de dissoudre les chambres immédiatement et de convoquer de nouvelles législatives pour juin ou début juillet.

Concita De Gregorio dans Repubblica évoque un véritable "Via Crucis" (chemin de croix) pour le vieux président Napolitano confronté à 87 ans "au choix le plus difficile de son septennat".

Cause du blocage: ni la gauche ni la droite n'ont donné vendredi leur feu vert à un "gouvernement du président", un exécutif qui serait dirigé par une personnalité neutre. Pourtant, les médias spéculaient déjà sur des noms comme celui de la ministre de l'Intérieur Anna Maria Cancellieri, membre du gouvernement Monti, très respectée à droite et à gauche, celui du numéro deux actuel de la Banque d'Italie Fabrizio Saccomanni ou encore de l'ex-commissaire européenne Emma Bonino.

Mais rien à faire, notamment parce que Silvio Berlusconi, dopé par des sondages qui voient sa coalition en tête en cas de nouveau scrutin, est dans une stratégie du quitte ou double: soit l'Italie se dote d'un gouvernement soutenu par une coalition englobant la gauche, la droite et même les centristes de Mario Monti, comme le Cavaliere l'a reproposé vendredi, soit elle doit retourner aux urnes.

Mais cette hypothèse pose problème aussi car rien ne dit que de nouvelles législatives, organisées avec le mode de scrutin actuel, déboucheraient sur un résultat plus clair que le précédent.

Dans ce brouillard épais, les commentateurs ont interprété comme une lueur d'espoir une petite phrase d'Enrico Letta, un poids lourd de la gauche modérée, qui a affirmé après avoir vu M. Napolitano que son parti "ne privera pas le président de son soutien pour les décisions qu'il prendra", ouvrant la voie à un possible compromis.

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