En direct
A suivre

Funérailles de Chokri Belaïd, appel à la grève générale en Tunisie

Manifestation devant le ministère de l'Intérieur, le 7 février 2013 à Tunis Manifestation devant le ministère de l'Intérieur, le 7 février 2013 à Tunis [Khalil / AFP]

Les transports tournent au ralenti vendredi matin à Tunis et de nombreux vols de la compagnie nationale Tunisair ont été annulés, après l'appel à la grève générale des syndicats tunisiens pour les funérailles de l'opposant assassiné Chokri Belaïd.

L'aéroport de Tunis-Carthage, le principal du pays, restait ouvert mais le trafic était très perturbé et un grand nombre de vols ont été annulés, ont indiqué un représentant de la compagnie nationale Tunisair joint par téléphone et des journalistes de l'AFP.

En ville, les rues étaient désertes, et seuls de rares bus étaient visibles. Le tramway de Tunis semblait cependant fonctionner mais les rames, d'ordinaire bondées vers 07H30 GMT étaient largement vides.

L'Union générale tunisienne du travail (UGTT), la très puissante centrale syndicale forte de 500.000 membres, organise la grève générale tout en appelant au calme.

"C'est une grève pacifique contre la violence", a-t-elle indiqué.

Après l'assassinat de Chokri Belaïd mercredi, la Tunisie a été secouée par deux journées de violences qui ont fait au moins un mort dans les rangs de la police et par un imbroglio sur la formation d'un nouveau cabinet, les islamistes d'Ennahda rejetant l'annonce du chef du gouvernement Hamadi Jebali, pourtant numéro 2 du parti.

Heurts entre policiers et manifestants, à Tunis, le 7 février 2013 [Khalil / AFP]
Photo
ci-dessus
Heurts entre policiers et manifestants, à Tunis, le 7 février 2013
 

L'opposant doit être inhumé en début d'après-midi à Djebel Jelloud, banlieue au sud de Tunis, après une procession dans ce quartier.

La grève intervient dans un contexte économique et social très difficile, avec une multiplication des manifestations régulièrement réprimées contre le chômage et la misère, deux facteurs clé de la révolution de 2011.

La présidence et le ministère de l'Intérieur ont appelé les Tunisiens à manifester dans le calme vendredi.

Ennahda pointé du doigt

L'annonce de la création d'un nouveau gouvernement avait d'ailleurs été saluée par la société civile et l'opposition comme un outil essentiel pour désamorcer la crise provoquée par l'assassinat de M. Belaïd.

Signe des craintes que la situation ne dégénère encore plus, la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH) a demandé jeudi aux autorités de protéger les personnalités politiques menacées. L'UGTT a d'ailleurs annoncé que son secrétaire général, Houcine Abbasi, avait reçu jeudi une menace de mort anonyme par téléphone dans la journée.

Face aux risques d'instabilité, l'ambassade de France a appelé ses 25.000 ressortissants en Tunisie à la prudence et a annoncé la fermeture des écoles françaises (plus de 7.000 élèves) vendredi et samedi.

Le ministère tunisien de l'Enseignement supérieur a parallèlement décidé la fermeture des universités de vendredi à lundi.

Les avocats et magistrats se sont mis en grève dès jeudi pour dénoncer le meurtre de Chokri Belaïd, un avocat défenseur des droits de l'Homme. A Tunis, les salles d'audience du principal tribunal étaient vides.

 
 

Ennahda a rejeté ces accusations, alors qu'une milice pro-islamiste est régulièrement accusée d'attaquer les opposants au pouvoir en place.

Parallèlement, certains opposants ont réclamé la dissolution de l'ANC, qui a été élue il y a 15 mois mais ne parvient pas à rédiger de Constitution faute d'un compromis sur lequel les deux-tiers des députés pourraient s'accorder.

Les violences politiques et sociales se sont multipliées ces derniers mois face aux espoirs déçus de la révolte de 2011 et la Tunisie est aussi déstabilisée par un essor de groupuscules jihadistes.

La diplomatie américaine a réagi jeudi avec une grande prudence face à la crise politique en Tunisie, condamnant une nouvelle fois l'assassinat de Belaïd et saluant la poursuite du dialogue entre le gouvernement et l'opposition.

Les Etats-Unis n'ont pas non plus, pour l'instant, le projet de modifier leur dispositif de sécurité pour leur ambassade et leurs ressortissants en Tunisie, a déclaré à la presse la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland.

 

Et aussi sur Direct Matin.fr :

Infographie : Crise politique en Tunisie

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités