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Bagarre générale au Parlement pour choisir le Premier ministre

Des députés ukrainiens en viennent aux mains, le 13 décembre 2012 au Parlement, à Kiev [Sergei Supinsky / AFP] Des députés ukrainiens en viennent aux mains, le 13 décembre 2012 au Parlement, à Kiev [Sergei Supinsky / AFP]

Le nouveau Parlement ukrainien a entériné jeudi au cours d'une session chaotique la reconduction dans ses fonctions du Premier ministre démissionnaire Mykola Azarov, un bureaucrate fidèle au président Viktor Ianoukovitch.

Un total de 252 députés ont soutenu sa candidature contre un minimum requis de 226. Il s'agit de parlementaires du Parti des régions de M. Ianoukovitch, des communistes et de 12 députés indépendants.

Peu après, le président ukrainien l'a officiellement nommé à ce poste.

Le vote sur la candidature de M. Azarov, prévu initialement pour mercredi, avait dû être repoussé à la suite de violentes bagarres dans l'hémicycle entre députés d'opposition et ceux du parti au pouvoir, qui se sont poursuivies jeudi, et du blocage de la tribune et du perchoir.

Les trois formations d'opposition - l'alliance Batkivchtchina proche de l'ex-Première ministre emprisonnée Ioulia Timochenko, le parti Udar du célèbre boxeur Vitali Klitschko et le mouvement nationaliste Svoboda, qui comptent ensemble plus de 170 députés - ont d'ailleurs refusé de voter pour M. Azarov.

"La politique du Parti des régions dont M. Azarov est un représentant est antiukrainienne, antisociale et antidémocratique", a lancé un député de Svoboda, expliquant la position de sa formation.

De son côté, M. Azarov a appelé les forces parlementaires à mettre fin à la "confrontation" pour "faire face ensemble aux défis", dont la crise économique.

Il a par ailleurs reconnu la nécessité de "trouver un compromis" avec le Fonds monétaire international qui a suspendu son aide financière à l'Ukraine, celle-ci refusant de se plier à l'exigence du FMI d'augmenter le prix du gaz pour la population.

Le Premier ministre ukrainien, Mykola Azarov, le 13 décembre 2012 devant le Parlement à Kiev [Sergei Supinsky / AFP]
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Le Premier ministre ukrainien, Mykola Azarov, le 13 décembre 2012 devant le Parlement à Kiev
 

L'économie ukrainienne, très dépendante de ses exportations, a été frappée de plein fouet par la crise mondiale de 2008 et subit actuellement une rechute.

La reconduction de M. Azarov, qui aura 65 ans en décembre, intervient alors qu'il avait démissionné au début du mois avec tout son gouvernement, arguant du fait qu'il avait été élu député aux législatives du 28 octobre.

Le chef de l'État, qui avait accepté la démission de son Premier ministre, a cependant à nouveau présenté sa candidature à ce poste six jours plus tard.

Les raisons de ces volte-face demeurent inconnues.

L'équipe au pouvoir était vertement critiquée pour le recul de la démocratie, l'aggravation de la corruption et des pressions sur les milieux d'affaires.

Selon une source au sein du Parti des régions, citée par l'agence de presse Interfax, le reste du gouvernement sera nommé par le président d'ici à vendredi soir.

Avant le vote, plusieurs dizaines de députés se sont battus sur le perchoir de l’hémicycle, après que l'opposition a réclamé que soit respecté le vote personnel de chaque député, effectué de manière électronique à l'assemblée.

En effet, des députés, dont certains du parti au pouvoir, votent régulièrement à la place d'autres membres de leur formation, absents pendant les sessions, et l'opposition espérait ainsi compliquer la reconduction de M. Azarov.

Au moins un député d'opposition a été blessé jeudi après avoir été jeté par terre et avoir reçu des coups de poing et de pied de la part de députés du Parti des régions au pouvoir, selon Interfax.

Le boxeur Klitschko, champion du monde des lourds, a dit soutenir le blocage du Parlement, mais s'est abstenu de participer aux bagarres.

"Aux Etats-Unis, les poings des boxeurs sont considérés comme des armes. Et les poings d'un champion du monde peuvent être considérés comme une arme nucléaire. Je pense que nous n'allons pas l'utiliser pour le moment", a-t-il déclaré.

Né en Russie, M. Azarov, un ancien chef du fisc et ministre des Finances devenu chef du gouvernement depuis l'élection de M. Ianoukovitch à la présidence début 2010, a été tête de liste du Parti des régions aux législatives.

Cet homme, qui vit en Ukraine depuis 28 ans, est souvent raillé pour ses fautes d'ukrainien, langue qu'il ne maîtrise toujours pas.

Avec son discours devant le Parlement qu'il a prononcé en ukrainien, mais avec un fort accent russe, il s'est d'ailleurs attiré les foudres des nationalistes. "Ceux qui n'arrivent pas à maîtriser une langue ont soit des raisons politiques, soit sont des arriérés mentaux. Dans quelle catégorie êtes-vous ?", a lancé une députée.

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