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La loi de sécurité sud-coréenne critiquée par Amnesty

Rajiv Narayan, membre de la branche Asie de l'Est de l'ONG Amnesty, le 29 novembre 2012 à Seoul [Jung Yeon-Je / AFP] Rajiv Narayan, membre de la branche Asie de l'Est de l'ONG Amnesty, le 29 novembre 2012 à Seoul [Jung Yeon-Je / AFP]

Amnesty International a accusé jeudi la Corée du Sud de se servir d'une loi sur la sécurité adoptée il y a 65 ans pour étouffer l'opposition et bannir toute autre opinion que celle du gouvernement actuel sur la Corée du Nord, au sein de cette démocratie, quatrième économie d'Asie.

Le rapport de 40 pages souligne "une hausse spectaculaire" du recours à la Loi sur la sécurité nationale (National Security Law, NSL) sous le mandat du président Lee Myung-Bak, au pouvoir depuis 2008 et dont le mandat s'achève début 2013.

Depuis 2008, les autorités s'appuient sur des alinéas de cette loi, aux formulations vagues, pour s'en prendre aux individus et organisations qui s'opposent aux politiques du gouvernement, notamment sur la Corée du Nord, a précisé Amnesty.

"La NSL est utilisée comme prétexte pour pourchasser les critiques du gouvernement, avec à la clé des conséquences graves pour ceux qui sont ciblés", a déclaré Rajiv Narayan, membre de la branche Asie de l'Est de l'ONG de défense des droits de l'Homme, dans un communiqué.

Selon les données du ministère public, le nombre de cas ouverts au nom de la NSL est passé de 46 en 2008 à 90 à 2011.

La plupart du temps, les personnes ou organisations étaient poursuivies pour avoir mis en ligne des commentaires favorables à la Corée du Nord.

 
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"Personne ne nie le droit de la Corée du Sud à assurer la sécurité de ses citoyens. Mais il ne s'agit pas de cela, à travers l'application de plus en plus fréquente et arbitraire de la NSL. De tels abus doivent cesser", a ajouté Rajiv Narayan.

La Loi sur la sécurité nationale a été adoptée en 1948, lors de la création de la République de Corée, le nom officiel de la Corée du Sud. Cette loi avait été instaurée pour protéger le gouvernement tout récent des tentatives d'espionnage et autres menaces de la part de son voisin, la Corée du Nord.

Les Nations unies demandent elles aussi depuis longtemps une réforme de cette législation, utilisée selon elle pour baillonner des opinions contraires à celles du pouvoir en place.

Dans son rapport, Amnesty souligne ainsi que la NSL est utilisée pour s'en prendre à des individus ou des organisations qui ne sont pas forcément pro-nord-coréens.

Ainsi, un photographe sud-coréen, Park Jeung-Geun, 24 ans, vient d'écoper de dix mois de prison avec sursis pour avoir transféré des tweets d'un site nord-coréen.

Park avait assuré n'être en rien un sympathisant de Pyongyang et avoir voulu se moquer de la propagande nord-coréenne. Le tribunal a reconnu que certains envois du jeune homme étaient de la parodie, mais il a aussi estimé que l'accusé avait "soutenu et rejoint les forces d'une entité anti-Etat" sud-coréen.

Amnesty a indiqué avoir écrit à tous les candidats à l'élection présidentielle, qui se tiendra le 19 décembre, pour leur demander d'abolir ou de réformer en profondeur cette loi.

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