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L'Eglise d'Angleterre vote contre l'ordination de femmes évêques

Deux femmes prêtres participent, le 20 novembre 2012, au Synode de l'Eglise d'Angleterre à Londres [Carl Court / AFP] Deux femmes prêtres participent, le 20 novembre 2012, au Synode de l'Eglise d'Angleterre à Londres [Carl Court / AFP]

L'Eglise d'Angleterre, réunie en synode, a finalement voté mardi contre l'ordination des femmes évêques, après 20 ans de tergiversations, malgré le soutien affiché du prochain archevêque de Cantorbéry à ce projet qui divise traditionalistes et libéraux.

Le texte controversé a été rejeté à quelques voix près et pourrait ne pas revenir sur la table avant de nombreuses années, en raison du complexe processus législatif au sein de l'.

Il devait être adopté par les deux tiers de chacun des trois collèges formant le Synode général de l'Eglise d'Angleterre, corps législatif de l'institution: évêques, clergé et fidèles.

Les évêques et le clergé ont clairement voté en faveur de la réforme. Mais elle a été rejetée à quelques voix près par les fidèles, entité où le non a recueilli 74 voix et le oui 132, n'obtenant donc pas les deux tiers des voix requis.

Le résultat du scrutin marque un coup d'arrêt au processus amorcé en 1992, quand l'Eglise avait approuvé la prêtrise des femmes, qui représentent aujourd'hui un tiers du clergé. Depuis, le débat sur l'ordination des femmes évêques faisait rage et empoisonnait l'Eglise.

"Les gens dans l'Eglise et plus largement dans le monde vont avoir de grandes difficultés à comprendre" les résultats du vote, a réagi l'évêque de Chelmsford, Stephen Cottrell, qui s'est dit "extrêmement déçu".

L'archevêque sortant de Cantorbéry, Rowan Williams, le 20 novembre 2012 au Synode de l'Eglise d'Angleterre à Londres [Yui Mok / Pool/AFP]
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L'archevêque sortant de Cantorbéry, Rowan Williams, le 20 novembre 2012 au Synode de l'Eglise d'Angleterre à Londres

"On est complètement abattus... on a travaillé depuis dix ans sur ce texte, c'est un désastre pour l'Eglise d'Angleterre", a déclaré le révérend Rachel Weir, membre du groupe de pression "Les femmes et l'Eglise".

Le vote de mardi représente un revers pour les progressistes et pour le nouveau primat de l'Eglise d'Angleterre, Justin Welby, qui prendra ses fonctions en décembre. Il avait pris position en faveur du oui, comme l'actuel archevêque de Cantorbéry, Rowan Williams.

Ce dernier a fait part de sa "profonde tristesse" de ne pas avoir vu ce texte voté avant son départ, transmettant tous ses voeux à son successeur pour qu'il parvienne à résoudre cette question "le plus rapidement possible".

Le vote électronique a été organisé au terme de sept heures de débats passionnés au sein d'un synode transformé en lieu d'intense lobbying via mails, tweets et tracts.

En concluant le débat, Nigel McCulloch, évêque de Manchester, avait lancé: "Si on attend le moment parfait, si on attend le texte parfait, et bien on attendra toujours (...). J'appelle ce synode à donner ce soir son approbation".

Justin Welby, au centre, le nouvel archevêque de Cantorbéry, lors du Synode général de l'Eglise d'Angleterre à Londres, le 20 novembre 2012 [Yui Mok / Pool/AFP]
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Justin Welby, au centre, le nouvel archevêque de Cantorbéry, lors du Synode général de l'Eglise d'Angleterre à Londres, le 20 novembre 2012

Le rejet du texte "serait un choc pour beaucoup dans l'Eglise d'Angleterre (...). Cela porterait aussi atteinte à la crédibilité de la mission" de l'Eglise, avait-il aussi mis en garde.

Dans le camp du non, 325 membres du clergé opposés au changement avaient signé une lettre ouverte publiée vendredi dernier. Le texte avançait que "la Bible (...) enseigne que les hommes et femmes sont égaux devant Dieu, tout en ayant des rôles différents, complémentaires dans l'Eglise".

L'Eglise anglicane connaît depuis des années de fortes dissensions sur les sujets de société: en raison du virage "libéral" de leur hiérarchie notamment sur les femmes et les homosexuels, plusieurs prêtres et évêques traditionalistes anglicans ont rejoint récemment l'Eglise catholique qui leur a réservé un statut particulier.

Les évêques de l'Eglise d'Angleterre devaient tenir mercredi une réunion d'urgence pour évaluer les conséquences du vote négatif.

Ce résultat est d'une grande portée pour l'ensemble de la communauté anglicane, le primat de l'Eglise d'Angleterre étant le chef spirituel des quelque 85 millions d'anglicans dans le monde.

Toutefois, des femmes anglicanes ont déjà été ordonnées évêques notamment aux Etats-Unis, en Australie, au Canada, et ce week-end pour la première fois en Afrique, témoignant de l'autonomie de décision des différentes Eglises anglicanes dans le monde.

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