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Frappé par un raid d'Israël, le Hamas a tout à perdre d'une guerre

Des soldats israéliens en maneuvre à la frontière de la bande de Gaza, le 15 novembre 2012 [Jack Guez / AFP] Des soldats israéliens en maneuvre à la frontière de la bande de Gaza, le 15 novembre 2012 [Jack Guez / AFP]

Israël est parvenu à éliminer le chef militaire du Hamas grâce à un effet de surprise total, mais le doute subsistait sur la volonté et la capacité de riposte du mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza, selon des analystes.

Les commentateurs israéliens ont révélé que le feu vert final à l'opération avait été donné mardi, journée d'accalmie après trois jours d'hostilités déclenchées le 10 novembre par un tir de missile antichar contre une jeep militaire israélienne.

Le même jour, visiblement convaincus de la réalité de la trêve sous médiation égyptienne, deux petits groupes armés de Gaza se disputaient la revendication de ce tir.

Cette frappe ciblée, décidée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Ehud Barak, a été méticuleusement camouflée "par une opération de désinformation impliquant non seulement les responsables militaires et de sécurité, mais aussi d'importants ministres", affirme le Haaretz.

"Le but était de leurrer le Hamas et les autres organisations de Gaza en un faux sentiment de sécurité, afin qu'ils relâchent leur préparation à une attaque israélienne", explique le quotidien israélien.

MM. Netanyahu et Barak ont "créé l'impression" qu'une opération était encore lointaine, déclarant mardi qu'elle aurait lieu au "moment approprié". Benny Begin, ministre réputé pour sa franchise, a ainsi fait mardi le tour des radios, assurant que la confrontation était terminée, souligne le journal.

La dépouille de Ahmad Jaabari, chef des opérations militaires du Hamas, porté par la foule dans la ville de Gaza, le 15 novembre 2012 [Mahmud Hams / AFP]
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La dépouille de Ahmad Jaabari, chef des opérations militaires du Hamas, porté par la foule dans la ville de Gaza, le 15 novembre 2012
 

Cette intoxication "a fait sortir Jaabari et ses amis de leur tanière et rendu possible l'attaque surprise", résume le spécialiste militaire du quotidien israélien Yediot Aharonot, Alex Fishman.

Ahmad Jaabari a été tué mercredi par un raid aérien contre sa voiture sur la principale avenue de Gaza. "Il semble que Jaabari ait décidé de sortir, croyant qu'Israël était engagé au cessez-le-feu", remarque Moukhaïmer Abou Saada, professeur de science politique à l'Université Al-Azhar de Gaza.

"Dilemme pour le Hamas"

"Jaabari était très prudent dans tous ses déplacements", rappelle Ghazi Hammad, vice-ministre des Affaires étrangères du Hamas, notant qu'"Israël a sciemment fait passer un message de calme et de sécurité".

Le Hamas a implicitement reconnu s'être laissé abuser. "Parler de trêve est une nouvelle tentative de duperie de l'occupant", a déclaré un de ses porte-parole, Sami Abou Zouhri.

Selon Alex Fishman, le Hamas, décapité militairement, "se trouve face au dilemme ultime: riposter ou se replier".

"Israël a réussi à créer un dilemme pour le Hamas: soit une confrontation totale, soit une trêve sur des bases nouvelles", confirme Naji Charab, professeur de science politique à Gaza. "Le Hamas aurait beaucoup à perdre dans une guerre totale, ce qui explique sa réponse limitée", estime-t-il, en référence aux quelque 250 tirs de roquettes, qui ont tué trois Israéliens.

Plusieurs roquettes sont néanmoins tombées pour la première fois près de Tel Aviv, dont la première a été revendiquée par le Hamas.

Moukhaïmer Abou Saada doute également d'une "riposte massive qui provoquerait une opération terrestre israélienne et risquerait de lui coûter son régime à Gaza".

"Le Hamas pourrait encaisser cet assassinat comme il l'a souvent fait par le passé", poursuit-il. "Il pourrait se satisfaire de pouvoir dire à sa base qu'il a tiré des missiles et tué des Israéliens".

Dans une tribune, Ephraïm Halévy, un ancien chef du Mossad, le service de renseignements israélien, affirme qu'en cas de succès, Israël devra "tenter d'engager des pourparlers avec le Hamas afin de ramener le calme des deux côtés".

Autrement, "nous n'aurons gagné qu'une augmentation temporaire dans les répits entre les cycles de violence", prévient-il.

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