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Frédéric Encel : "Israël n'a pas intérêt à un conflit"

Un soldat israélien sur le plateau du Golan. [ AFP PHOTO/JALAA MAREY
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L’armée israélienne a annoncé lundi avoir frappé un véhicule blindé syrien, qui avait été à l’origine de tirs de mortier qui ont touché le territoire du Golan, sous contrôle israélien. Selon Frédéric Encel, enseignant à l'ESG et auteur d'un Atlas géopolitique d'Israël (Autrement), cette montée de la tension ne devrait toutefois pas dégénérer en conflit ouvert.

 

Pourquoi Israël a-t-il décidé de répliquer aux tirs d'obus en provenance de la Syrie ? 

Sur le plan conjoncturel, il ne faut pas oublier que l'on est en campagne électorale en Israël. Et un Premier ministre israélien, quel qu'il soit, ne peut pas ne pas riposter à une attaque contre le territoire israélien. Mais les Israéliens n'ont pas intérêt à entrer en conflit avec la Syrie autour de la question du Golan, le satu quo étant à leur avantage. Ils contrôlent le plateau du Golan, ils n'ont donc rien à gagner à rouvrir le dossier.

En réalité, la riposte israélienne est mesurée, voire anecdotique. Les Israéliens ont conscience que les tirs, de petit calibre, proviennent des insurgés syriens, qui ont intérêt à faire entrer Israël dans le jeu pour punir le président Bachar al-Assad. Mais les Israéliens ne peuvent pas le dire officiellement, car cela servirait le régime syrien.

 

Un conflit ouvert entre Israël et la Syrie est-il donc à exclure ?

Oui, car Bachar al-Assad sait que cela provoquerait sa perte. Avec sa supériorité militaire, Israël frapperait les centrales électriques et l'ensemble des cibles stratégiques, provoquant la chute du régime. Et du côté israélien, à quelques mois des élections législatives, Benyamin Netanyahou ne prendra pas la responsabilité de ramener des cercueils de soldats en Israël pour quelques obus.

 

Avec les tensions à Gaza et au Liban, faut-il néanmoins craindre un embrasement de la région ?

La seule chose qui pourrait provoquer un tel scénario serait une intervention militaire occidentale, même ciblée, en Syrie. Cela constituerait une violation de souveraineté et provoquerait une dégradation de la situation en entraînant une riposte russe, suivie d'une intervention américaine. Il faut relativiser les tensions actuelles : le Hamas, qui défend la politique du pire, vote pour Netanyahou en lançant des missiles sur Israël, pusique cela ne peut que favoriser les tenants de la ligne dure.

Le régime syrien n'a pas téléguidé les tirs d'obus de mortier sur le Golan. Et l'obus syrien qui est tombé sur un poste-frontière en Turquie ne l'a pas été volontairement : un obus, ce n'est pas précis.

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