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Mort de Kadhafi : la version officielle mise à mal

Mouammar Kadhafi Mouammar Kadhafi, quelques mois avant sa mort. [JOSEPH EID / AFP]

Selon un rapport Human Rights Watch, Mouammar Kadhafi et son fils Moatassem auraient bien été tués par des miliciens rebelles après leur capture. L'organisation évoque également l'exécution de dizaines de leurs partisans.

Jusqu'à ce jour, la version officielle des autorités libyennes affirmait que le dictateur déchu avait été tué dans un échange de tirs lors de sa capture dans la région de Syrte le 20 octobre 2011.

Dans un rapport de 50 pages intitulé "Death of a dictator : bloody vengeance in Sirte" (Mort d'un dictateur : vengeance sanglante à Syrte), Human Rights Watch revient sur les circonstances du décès de Mouammar Kadhafi, ébranlant la version officielle. S'appuyant sur des témoignages et des images prises par des téléphones portables recueillis par une équipe présente sur place, l'organisation raconte les dernières heures du dictateur.

"Les vidéos montrent que Mouammar Kadhafi a été capturé vivant mais qu'il saignait profusément d'une blessure à la tête". "Ces vidéos montrent Mouammar Kadhafi se faisant rudement passer à tabac par les forces de l'opposition et recevant des coups de baïonnette aux fesses, entraînant de nouvelles blessures et de nouveaux saignements. Au moment où il est filmé en train d'être chargé dans une ambulance à moitié dénudé, il semble sans vie", écrit Human Rights Watch.

Selon Peter Bouckaert, directeur de la division Urgences de l'ONG, "les résultats de notre enquête soulèvent des questions autour des affirmations des autorités que Mouammar Kadhafi a été tué dans échanges de tirs et non après sa capture".

Le rapport évoque également le cas de Moatessem Kadhafi. Selon l'organisation, le fils du dictateur a été capturé vivant alors qu'il tentait d'échapper aux rebelles avant d'être transporté à Misrata. Là, Moatessem Kadhafi a été filmé dans une pièce fumant, buvant de l'eau et tenant une "conversation hostile" avec des rebelles. "Le soir même, son corps sans vie, portant une nouvelle blessure à la gorge qui n'était pas visible dans la vidéo précédente, a été exposé publiquement", indique Human Rights Watch.

Peter Bouckaert souligne que chacun des cas "les individus avaient été filmés en vie par les combattants de l'opposition que les détenaient, puis retrouvés morts quelques heures plus tard".

 

Exécution de plusieurs dizaines de détenus

L'ONG dénonce également les "meurtres de masse" de partisans de Mouammar Kadhafi capturés auparavant. "Des milices basées à Misrata ont capturé et désarmé des membres du convoi de Kadhafi et, après les avoir placés sous leur contrôle intégral, les ont brutalement passés à tabac. Les milices ont ensuite exécuté non loin de là, à l'hôtel Mahari, au moins 66 membres du convoi qu'elles avaient capturés", écrit ainsi Human Rights Watch.

L'équipe de l'organisation présente sur place relate ainsi avoir découvert les cadavres de ces personnes exécutées "dont certaines avaient encore les mains attachées derrière le dos". Au regard du droit international, le meurtre de combattants capturés est considéré comme un crime de guerre.

L'organisation appelle à une enquête sérieuse et complète sur ces crimes commis le 20 octobre 2011. 

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