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Importante manifestation au Portugal

Des manifestents crient des slogans devant le Parlement à Lisbonne, le 15 septembre 2012 [Francisco Leong / AFP] Des manifestents crient des slogans devant le Parlement à Lisbonne, le 15 septembre 2012 [Francisco Leong / AFP]

Plus d'une centaine de milliers de personnes ont manifesté samedi à Lisbonne et dans plusieurs villes du Portugal contre les mesures d'austérité du gouvernement de centre-droit qui a récemment mis le feu aux poudres en annonçant un renforcement de la rigueur.

"Stop au terrorisme social", "Ceux qui volent le Portugal doivent être jugés", "Bientôt l'Etat volera les morts", pouvait-on lire sur les nombreuses banderoles et affiches brandies à Lisbonne par les manifestants.

"Que la troïka aille au diable" était le principal slogan pour signifier le rejet des mesures de rigueur imposées par les trois bailleurs de fonds du Portugal, l'UE, le FMI et la BCE, en échange du plan de sauvetage de 78 milliards d'euros accordé au pays en mai 2011.

Selon des estimations des organisateurs, plus de 50.000 personnes ont manifesté à Lisbonne et un nombre sensiblement identique à Porto, la grande ville du nord du pays, tandis que plusieurs milliers se sont rassemblés dans une trentaine de villes. Habituellement, la police portugaise se refuse à toute évaluation.

A Lisbonne, des échauffourées ont eu lieu entre manifestants et policiers devant le Parlement sans faire de victimes.

"Ce gouvernement va tuer le Portugal, et si nous ne faisons rien ce sera pire", a déclaré Ivan Rodriguez, un trentenaire qui reconnaissait manifester pour la première fois. "Je lutte pour préserver mon emploi et celui des autres", ajoutait-il.

Les manifestations, convoquées sur Facebook par des universitaires, artistes, poètes ou musiciens, revendiquaient un caractère apolitique. Elles étaient toutefois soutenues par des partis d'extrême gauche et par le principal syndicat portugais, la CGTP, qui a prévu un grand rassemblement le 29 septembre.

A Lisbonne, dans une ambiance bon enfant, les manifestants ont frappé sur des tambours, donné des coups de sifflets, actionné de petits avertisseurs ou tapé dans leurs mains pour faire le plus de bruit possible.

Le mécontentement s'est nettement amplifié après les récentes décisions du gouvernement du Premier ministre Pedro Passos Coelho de procéder cette année à de nouvelles augmentations d'impôts et de prévoir pour l'année prochaine une hausse de 11% à 18% des cotisations salariales, une mesure qui, selon des experts, équivaut à la perte d'un mois de salaire.

Depuis l'obtention du plan de sauvetage, le gouvernement a déjà procédé à des baisses de salaires des fonctionnaires et des augmentations d'impôts avec en particulier des hausses sensibles de la TVA.

"Les impôts et la TVA m'ont étranglée. Il m'est impossible de conserver mes employés", déclarait Ana Paulo Figueiredo, une restauratrice d'une cinquantaine d'années. "Il faut un referendum. Le peuple doit donner son avis", ajoutait-elle.

"On en a assez de ce gouvernement qui n'est rien d'autre qu'une mafia sans compétence", renchérissait Vitoria Pato, une retraitée de 85 ans.

Depuis qu'il a annoncé un renforcement de l'austérité, le Premier ministre essuie un flot de critiques non seulement de la part de l'opposition de gauche, mais aussi de plusieurs de ses alliés politiques et même du patronat. Une tentative de justification de M. Passos Coelho sur sa page Facebook a déclenché un flot de commentaires acerbes.

Principal axe de sa politique, l'austérité a entraîné une forte contraction de l'économie - 3,3% au deuxième trimestre - tandis que le chômage dépasse les 15% de la population active. Pris à la gorge, le gouvernement a dû admettre qu'il ne pourrait remplir cette année son engagement de ramener le déficit public à 4,5% du PIB.

Face à cette situation, la troïka a accordé au gouvernement un délai supplémentaire pour réduire les déficits.

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