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La purge au sein de l'armée nord-coréenne, prélude à des réformes

Le président nord-coréen Kim Jong-Un (D) et l'ex-chef de l'armée nord-coréenne Ri Yong-Ho (L), le 14 avril 2012 à Pyongyang[AFP/Archives]

En limogeant plusieurs hauts militaires, le jeune dirigeant de Corée du Nord veut reprendre le contrôle sur une armée pléthorique et très puissante, un geste qui pourrait précéder des tentatives de réformes économiques, comme l'encourage à le faire la Chine, estiment les analystes.

En quelques jours, Kim Jong-Un, à la tête du pays depuis la mort de son père en décembre 2011, a démis de ses fonctions le chef de l'armée, l'a remplacé par un commandant plus jeune et peu connu, et a pris le titre de Maréchal de Corée du Nord.

Les deux seules personnes à avoir reçu ce titre avant lui sont son grand-père, Kim Il-Sung, fondateur de la Corée du Nord qu'il a dirigée jusqu'à sa mort en 1994, et son père Kim Jong-Il, dirigeant de 1994 à 2011.

Kim Jong-Un, âgé sans doute de moins de trente ans --sa date de naissance reste un secret-- a également renvoyé plusieurs hauts gradés militaires de la génération de son père, dont l'ancien ministre des Forces armées, Kim Yong-Chun, et le chef des services secrets, U Dong-Chuk.

En affirmant son autorité sur l'armée, Kim Jong-Un est à présent en meilleure position pour "prendre des mesures de réforme économique et d'ouverture", veut croire Cheong Seong-Chang, analyste à l'Institut Séjong.

Il s'agira d'"autoriser des activités privées dans le commerce et obtenir, via des gratifications, une hausse de la production dans les usines et les fermes collectives", toutes des établissements publics, a-t-il ajouté.

L'économie de la Corée du Nord, agriculture et industrie, est en lambeaux après des décennies de mesures dirigistes et incohérentes, avec le gros des richesses de l'Etat allouées à l'armée et au programme nucléaire.

A part Pyongyang, la capitale où habitent les élites, la population vit dans la pauvreté, et les pénuries alimentaires sont récurrentes, selon les ONG.

Dans son premier discours public, en avril, Kim Jong-Un déclarait que le parti "est fermement décidé" à améliorer la vie des 24 millions d'habitants, afin qu'"ils n'aient plus jamais à se serrer la ceinture".

Le renvoi du chef de l'armée, Ri Yong-Ho, 69 ans, est "un symbole" qui signale une réduction de l'importance de l'armée, au profit du secteur privé, selon Kim Keun-Sik, de l'université Kyungnam. Jung-Un "cherche à ramener l'armée à des proportions plus normales", estime-t-il.

L'armée nord-coréenne compte 1,2 million de soldats, soit la 4e au monde en terme d'effectifs, et son importance s'est accrue sous la doctrine du Songun ("l'armée d'abord") poursuivie par Kim Jong-Il.

Ri Yong-Ho, un proche de Kim Jong-Il, a été souvent vu avec le jeune héritier ces derniers mois, mais ce haut militaire, réputé colérique, était sans doute considéré comme un obstacle à la mise au pas de l'armée par le nouveau pouvoir.

"Ce n'est que le début. La tâche est énorme pour Jong-Un s'il veut faire partir des régiments entiers de généraux et de gradés pour les remplacer avec une génération plus jeune, qui lui sera loyale", déclare Cho Han-Bum, de l'Institut public coréen pour l'unification nationale.

Les réformes économiques, s'il y en a, passeront d'ailleurs après la remise en ordre de l'armée.

Derrière le jeune homme, plusieurs analystes devinent l'ombre de sa tante Kim Kyong-Hui (la soeur de son père) et du mari de cette dernière, Jang Song-Thaek, très influent.

Jang est à la tête de la police et des services de services secrets, et est vice-président de la puissante Commission de défense nationale. Les analystes pensent que c'est un réformiste, intéressé par l'évolution de ces 20 dernières années en Chine.

Pékin, seul allié de poids de Pyongyang, encourage son voisin à suivre ses traces, en vain jusqu'à présent.

"Les changements récents ont apparemment été décidés par Jang, alors que Jong-Un se trouvait lui sur le devant de la scène", avance Cho Han-Bum.

Car l'armée n'est pas le seul théâtre des changements observés ces dernières semaines, dans ce pays qui est l'un des plus secrets et reclus de la planète.

La télévision nord-coréenne a montré plusieurs fois une jeune femme aux côtés de Kim Jung-Un qui pourrait être sa femme, une première car les compagnes des deux Kim précédents n'apparaissaient pas en public.

Plus étonnant encore, la télévision a retransmis des images de Jong-Un applaudissant un spectacle où figuraient des personnages de Disney, symboles d'un pays honni en Corée Nord, les Etats-Unis.

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