En direct
A suivre

La percée des idées populistes suscite l'inquiétude

Le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy devant le Parlement roumain à Bucarest le 25 avril 2012[AFP]

La poussée de l'extrême droite anti-européenne au premier tour de l'élection présidentielle française et la percée des mouvements populistes en Europe suscitent une inquiétude croissante des responsables européens, qui craignent la remise en cause des grands succès de la construction européenne.

"Malheureusement, les vents du populisme menacent une des grandes réalisations de l'intégration européenne: la libre-circulation des personnes au sein de l'UE", a mis en garde le président de l'UE Herman Van Rompuy.

M. Van Rompuy a exprimé sa préoccupation pendant une visite officielle en Roumanie, dont l'adhésion à l'espace Schengen, qui permet à quelque 400 millions d'Européens de circuler librement, est bloquée par le gouvernement néerlandais sous la pression du parti populiste d'extrême droite PVV de Geert Wilders, responsable par ailleurs de la chute du gouvernement de Mark Rutte.

Les Pays-Bas ne sont pas les seuls à critiquer Schengen. Cette liberté est remise en question par la France et l'Allemagne.

Lancé à la conquête des suffrages de l'extrême droite, le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy se montre très pressant sur ce sujet.

"Les Français ne veulent plus d'une Europe passoire. C'est le message que j'ai entendu", a-t-il affirmé lundi, au lendemain du premier tour marqué par un score très élevé de la candidate de l'extrême droite, Marine Le Pen.

"Si l'Europe ne peut pas défendre ses frontières, la France le fera", a-t-il martelé. "L"Europe qui ne maîtrise pas ses flux migratoires, c'est fini", a-t-il lancé au cours d'une réunion électorale.

Le ministre français de l'Intérieur, Claude Guéant, va défendre cette position jeudi lors d'une réunion avec ses homologues de l'UE à Luxembourg.

"L'ultra-nationalisme dans les partis de gouvernement ou les partis soutenant les gouvernements est une vraie menace pour l'idée européenne", a lancé mercredi le président du Parlement européen, le socialiste allemand Martin Schulz.

"Il faut faire attention à la menace populiste, à la propagation de ses idées parce qu'elles sont fondamentalement contraires aux idéaux portés par la construction européenne", avait auparavant souligné la Commission européenne.

Les partis populistes et xénophobes renaissent ou fleurissent partout en Europe, rencontrant des succès électoraux de plus en plus souvent spectaculaires et modifiant l’échiquier politique des pays de l’UE.

L'extrême droite a réussi à s'imposer dans le paysage politique de plusieurs pays européens (Finlande, Autriche, Hongrie, Belgique, Danemark, Pays-Bas, France, Italie, Grèce, pays Baltes) mettant en avant un discours anti-immigration, anti-islam et souvent eurosceptique.

"Sur le terreau d’un mécontentement généré par l’épuisement financier du système social, les Européens développent une méfiance à l’égard des réalités multiculturelles auxquelles l’immigration les confronte", explique l'analyste français Dominique Reynié, professeur à Sciences Po, dans son livre "Populisme: la pente fatale".

"Au fur et à mesure que se déploie la globalisation, les Européens deviennent de plus en plus sensibles aux folles sirènes de la xénophobie", ajoute-t-il, avant d'appeler à une "réponse politique adéquate à ce puissant phénomène, de portée historique et potentiellement dévastateur".

"Il est évident que la crise économique a exacerbé des inégalités sociales et que, dans ce contexte économique, il y a un terreau politique pour le développement des populismes", a reconnu la Commission européenne par la voix d'Olivier Bailly, un de ses porte-parole.

Mais, pour répondre aux défis de la crise, "il faut réagir ensemble", a-t-il plaidé. "La bonne réponse, c'est d'introduire plus d'Europe. Le repli sur soi, les solutions nationales dans un espace mondialisé, nous pensons que ce n'est pas la solution la plus efficace", a-t-il affirmé.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités