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Affaire des écoutes : un lobbyiste français dans le colimateur

Rupert Murdoch accompagné de son épouse, le 26 avril 2012 à Londres[AFP]

Le nom d'un lobbyiste français est apparu dans les derniers rebondissements du scandale des écoutes téléphoniques au Royaume-Uni: celui de Frédéric Michel, dont les mails ont révélé les liens étroits entre le groupe de Rupert Murdoch et le gouvernement britannique.

Décrit par le fils du magnat des médias James Murdoch comme un collaborateur "diligent", le Français était chargé en particulier de promouvoir auprès des autorités britanniques le projet de rachat total du bouquet satellitaire BSkyB par le groupe News Corp de Rupert Murdoch. Une offre politiquement sensible qui a fini par échouer, dans la foulée du scandale des écoutes au News of the World.

Dans une série de mails envoyés notamment à James Murdoch, qu'il signe simplement "Fred", il évoque ses contacts avec les conseillers des ministres successivement en charge du dossier, Vince Cable (Commerce) puis Jeremy Hunt (Médias), et avec diverses personnalités politiques.

S'il assure que ses mails évoquant des contacts avec "JH" ou "Jeremy" ne désignent pas le ministre lui-même mais ses conseillers, il a toutefois indiqué avoir rencontré à plusieurs reprises Jeremy Hunt et avoir échangé avec lui des SMS "personnels".

Ce quadragénaire a expliqué que leurs épouses respectives avaient accouché dans le même hôpital londonien en 2010.

La révélation de ces mails mardi devant la commission indépendante sur les médias a provoqué des appels à la démission de Jeremy Hunt et coûté mercredi ses fonctions à son conseiller spécial, Adam Smith. Ce dernier a reconnu que ses contacts avec l'empire de Rupert Murdoch "étaient allés trop loin".

Dans l'une de ses correspondances avec Adam Smith en juin 2011, le lobbyiste propose notamment au conseiller et à "Jeremy" d'aller à un concert du célèbre boy's band britannique Take That le 4 juillet suivant.

Décrit dans la presse britannique comme un homme "amical" doté d'un carnet d'adresses fourni, Frédéric Michel est passé par Sciences Po Paris et l'Institut universitaire européen de Florence.

Selon le Financial Times, qui cite "une personne le connaissant", Frédéric Michel était proche des socialistes français à la fin des années 1990, notamment du camp de Dominique Strauss-Kahn, avant de se rapprocher du New Labour de Tony Blair à son arrivée au Royaume-Uni.

Ancien chercheur à Policy Network, un think tank de centre-gauche basé à Londres, il a travaillé pour la société de conseil Reputation Inc, avant de rejoindre News Corp en 2009.

"Son rôle portait sur divers domaines. Il était un intermédiaire avec les décideurs politiques, comme toute personne chargée de relations publiques", a expliqué mardi James Murdoch, assurant que son proche collaborateur n'avait rien fait d'"illégitime ou d'inapproprié".

Chargé des relations publiques du groupe en Europe, Frédéric Michel a en février dernier été promu au poste de vice-président chargé du suivi des politiques publiques en Europe à Bruxelles pour News Corp.

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