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Comment convertir les "non-geeks" aux objets connectés

Un homme consulte son smartphone en marchant dans la rue, le 4 mars 2015 à New York [Jewel Samad / AFP/Archives] Un homme consulte son smartphone en marchant dans la rue, le 4 mars 2015 à New York [Jewel Samad / AFP/Archives]

A rebours de la course à la sophistication perpétuelle, des entreprises misent sur des objets connectés basse-technologies ("low-tech") pour attirer un public non-technophile, peu familier des applications mobiles ou encore attaché aux modes de consommation traditionnels, et le convaincre d'utiliser leurs services.

 

Friands des nouveaux "gadgets" à la mode ou à l'affût de la dernière "appli" tendance, les "geeks" - terme désignant les passionnés des nouvelles technologies - restent les cibles privilégiées des compagnies "high-tech". Mais partant du constat qu'une partie "significative" de la population reste réservée, voire hostile, à la consommation effrénée de nouvelles technologies, des entreprises ont fait le pari d'outils simples d'utilisation pour attirer ce public vers les objets connectés.

Selon une étude de Deloitte sur les usages mobiles en France, seul 2% des Français ont eu accès par exemple aux montres intelligentes en 2014, signe d'une utilisation encore restreinte.

"Les objets connectés qu'on vend dans nos magasins sont de plus en plus sophistiqués à tel point qu'il faut beaucoup de services autour pour bien expliquer aux clients comment les utiliser", explique à l'AFP Vincent Gufflet, directeur des services chez Darty.

 

Des services simplifiés

L'entreprise a ainsi lancé un bouton connecté de service après-vente (SAV) en octobre 2014, permettant d'une simple pression et via une connexion internet sans fil, d'être rappelé "en moins d'une minute" par un conseiller clientèle en cas de questions, en échange de 25 euros et d'un abonnement mensuel de deux euros.

La compagnie des Taxis Bleus a également fait ce choix en avril, avec l'installation d'un bouton aux allures de buzzer blanc et bleu, à destination des hôtels et restaurants parisiens, permettant de commander un des 3.000 chauffeurs de la société.

"Non seulement le bouton vise un public +non-geek+, et c'est ce qui séduit certains professionnels qui l'adoptent, mais sa simplicité d'utilisation (...) ne nécessite pas de mode d'emploi", précise à l'AFP Yann Ricordel, directeur général des Taxis bleus.

 

'Ne pas s'endormir sur ses lauriers' 

Au-delà de la dimension pratique, ce dispositif devient surtout un moyen habile d'"éduquer" un public non-technophile à ces nouveaux produits, à l'aube d'un véritable essor, selon plusieurs études.

Un homme consulte son smartphone en attendant au coin de la rue, le 13 novembre 2014 à New York [Don Emmert / AFP/Archives]
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Un homme consulte son smartphone en attendant au coin de la rue, le 13 novembre 2014 à New York
 

 

"Le développement des objets connectés est récent et reste un marché en devenir qui va décoller le jour où +Monsieur-tout-le-monde+ en achètera", explique M. Gufflet, qui revendique déjà 40.0000 boutons vendus (forme physique et numérique confondues) depuis son lancement en octobre 2014.

Dans une étude publiée en février, le cabinet Gfk table en effet sur des ventes de 2 milliards d'objets connectés en France d'ici 2020, soit 30 objets connectés par foyer à cette date. Avec une activité encore modeste à 150 millions d'euros, le marché a déjà doublé en 2014.

Sous couvert de simplification, ces innovations "low-tech" servent en réalité d'outil de "différenciation pour passer devant le concurrent" et "capter l'essentiel du flux" de clients potentiels, estime Philippe Moati, co-président de l'Observatoire des sociétés et de la consommation.

"Avec ce type de bouton, l'idée de l'entreprise est de se mettre tout en haut du seuil de conscience du consommateur. Comme ça, quand l'idée de besoin se manifeste, elle sera la première à laquelle vous allez penser", précise-t-il.

Bousculés par des jeunes pousses de l'internet agressives, les acteurs de l'économie dite traditionnelle sont contraints de se réinventer pour ne pas voir leur modèle économique devenir obsolète et sécuriser leur base de clients existants.

Lancé à l'occasion du 40e anniversaire du fameux "contrat de confiance", le bouton SAV de Darty traduit la volonté de l'entreprise de "ne pas s'endormir sur ses lauriers", selon Vincent Gufflet, pour qui seule une stratégie "offensive" peut permettre de "garder de l'avance sur la concurrence".

Et cela semble fonctionner. Les Taxis bleus ont par exemple "retrouvé la croissance" sur le segment stratégique de la conciergerie (hôtel, restaurant,...), note M. Ricordel, sans donner de précisions chiffrées. Grâce au bouton, il prévoit même d'élargir son portefeuille de clients à "certains accueils d'entreprise" et "réseaux de magasins culturels".

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