L'uniforme à l’école fait couler beaucoup d’encre. Jusqu’au débat actuel sur son «retour» qui ne s’est pourtant jamais vraiment imposé dans l'histoire française, malgré son introduction par Napoléon en 1802.
L’expérimentation de l’uniforme au sein des établissements scolaires français peine à convaincre. Une centaine d’écoles maternelles, primaires, collèges et lycées devaient y participer en vue de la rentrée 2024, mais une quinzaine d’entre eux qui avaient déjà soumis leur candidature ont finalement décidé de ne plus faire partie du test.
Les communes, départements et régions avaient jusqu’à ce jeudi 15 février pour répondre à l’appel du ministère de l’Éducation nationale afin d’expérimenter l’uniforme à l’école dès septembre prochain. Mais la clôture des candidatures a été repoussée à juin, avec l’objectif de recruter plus d’établissements volontaires.
Parallèlement, une idée reçue persiste autour de l'«obligation» de porter l’uniforme à l’école en France. Mais d'où vient-elle ?
1968 favorise l'abandon de l'uniforme
Historiquement, si le port de l'uniforme n'a donc jamais été rendu obligatoire par voie législative dans l'ensemble de l'enseignement public français, un uniforme d'allure militaire a toutefois été imposé au sein des lycées, depuis leur création en 1802 jusque vers 1914. Cette obligation a perduré dans certains lycées publics et privés.
Alors que cette pratique était relativement courante dans de multiples établissements, les grands mouvements étudiants de 1968 ont été un tournant, amenant un grand nombre de collèges et lycées, publics comme privés, qui imposaient encore le port de l'uniforme, à abandonner cette pratique. La blouse disparaît également après cette date des écoles primaires, où elle était davantage imposée pour des raisons pratiques qu'idéologiques.
Certains établissements le conservent
Aujourd'hui, si le port de l'uniforme n'est pas en vigueur dans la grande majorité des établissements scolaires français, il existe cependant plusieurs exceptions notables, notamment en dehors des collèges et lycées publics métropolitains sous tutelle du ministère de l’Éducation nationale.
En métropole, les lycées de la défense, autrefois appelés lycées militaires, imposent le port d'un uniforme à leurs élèves. Ils sont au nombre de six en France : quatre dépendant de l'armée de terre (le Prytanée national militaire à la Flèche, Aix, Autun, St Cyr), un dépendant de la marine nationale (lycée naval de Brest) et un de l'armée de l'air (les pupilles de l'air de Montbonnot Saint-Martin).
Par ailleurs, depuis mars 2012, les élèves de l'internat d'excellence de Sourdun, en Seine-et-Marne (77), portent aussi un uniforme scolaire (chemise blanche, cravate noire, costume noir pour les garçons, et veste noire, chemise blanche, jupe ou pantalon noir pour les filles). C'est ainsi le seul établissement scolaire public métropolitain sous tutelle du ministère de l’Éducation nationale à avoir instauré cette obligation.
Plusieurs établissements privés imposent également le port de l'uniforme (par exemple, l'institut de la Tour à Paris et l'école de Tersac, près de Bordeaux) ou, a minima, un dress code assez strict (par exemple, l'école de Provence à Marseille et le lycée Stanislas à Paris).
Enfin, quoiqu'il ne s'agisse pas d'un uniforme scolaire à proprement parler, la plupart des lycées professionnels de l'hôtellerie, publics comme privés, imposent le port d'un costume et de la cravate aux garçons. Pour les filles, une tenue classique (pantalon ou jupe) et des collants de couleur chair sont exigés.
obligatoire en outre-mer et à l'étranger
Il convient également de rappeler que dans les Antilles françaises (Martinique et Guadeloupe), ainsi qu'en Guyane française, le port de l'uniforme est obligatoire depuis la fin des années 1980, à quelques exceptions près, dans les établissements primaires comme secondaires. En Polynésie, l'uniforme est aussi obligatoire dans sept collèges de Tahiti, et il est de nouveau de rigueur au lycée depuis la rentrée 2008.
Plusieurs lycées français de l'étranger, situés dans des pays où le port de l'uniforme est la norme, le rendent également obligatoire. C'est notamment le cas du lycée français de New-York et du lycée Churchill de Londres (dans ce dernier cas, ni veste ou cravate obligatoire mais une chemise et un pantalon bleu marine).
Si le sujet est controversé dans le champ politique, le port de l'uniforme à l'école trouve pourtant un écho favorable dans l'opinion publique. Pour preuve, selon un sondage mené du 10 au 11 janvier 2023 par CSA pour CNEWS 59 % des Français s'y disent favorables.
