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Prise en charge des individus radicalisés : ce que propose l'opposition

L’attaque terroriste perpétrée ce samedi à Paris par un ancien détenu condamné pour terrorisme a relancé le débat sur le suivi des individus radicalisés. Si les dispositifs judiciaires et administratifs ont été renforcés depuis les attentats de 2015, les oppositions dénoncent un certain laxisme dans l’arsenal législatif.

Moins de deux mois après l’assassinat d’un professeur à Arras, dans le Pas-de-Calais, le terrorisme a de nouveau frappé la France et causé la mort d’un touriste, samedi 2 décembre à Paris, après l’attaque au couteau et au marteau d’un ancien détenu déjà condamné pour entreprise terroriste. Face à cette recrudescence, plusieurs responsables politiques d’opposition ont appelé à des changements dans la prise en charge des individus radicalisés

C’est notamment le cas du chef de la majorité sénatoriale, Bruno Retailleau, qui a fustigé «un ratage à tous les niveaux» pour évoquer la faille des services de renseignement dans l’analyse et le suivi de l’assaillant, Armand Rajabpour-Miyandoab, passé sous les radars des autorités malgré une précédente condamnation. «l’État ne parvient plus à protéger les Français. C’est pourtant sa raison d’être. C’est le grand échec d’Emmanuel Macron car les Français voient bien que l’État est incapable d’empêcher que nos rues se transforment en coupe-gorge», a-t-il surenchéri dans Le Parisien

Face à cette situation, le sénateur Républicain réclame de gros changements législatifs et avec «des mesures d’exception pour les individus les plus dangereux». À ce titre, Bruno Retailleau propose notamment «la rétention de sûreté» qui serait une mesure «de surveillance qui permettrait d’astreindre les personnes condamnées pour terrorisme, et qui ont fini de purger leur peine, à des obligations d’injonctions de soins, de placement sous bracelet électronique, de soumission à des mesures de contrôle, comme le pointage au commissariat». 

Le chef des sénateurs Républicains a également fait le lien avec le projet de loi immigration, dont l’examen est en cours à l’Assemblée nationale. «Les députés macronistes et de gauche ont complètement détricoté le travail du Sénat : un tiers de la loi, soit 31 articles, a été supprimé. Dont la transformation de l’AME, le rétablissement du délit de séjour irrégulier ou le conditionnement des allocations familiales à cinq ans de présence légale sur le territoire», a-t-il déploré en dénonçant deux textes «contradictoires» en référence à la première version votée au Sénat. 

Dénonçant également «la régularisation automatique des clandestins qui travaillent» pourtant supprimée de la version validée par le Sénat, ainsi que le volte-face des députés sur «les mesures de durcissement du regroupement familial ou d’acquisition de la nationalité», Bruno Retailleau estime qu’une modification constitutionnelle s’impose préalablement pour changer la loi, et notamment pour faire passer certaines dispositions qui pourraient être retoquées par le Conseil d’État. «Nous n’avons jamais soumis le vote d’une loi ordinaire à la modification de la Constitution, mais nous avons toujours dit qu’il fallait les deux», a-t-il précisé. 

RN et RECONQUÊTE à L'UNISSON POUR des «mesures immédiates»

Des réclamations partagées par l’extrême droite, à l’image de Marion Maréchal qui a estimé dans les colonnes du Figaro que «la situation est devenue trop grave» et qu’il faut «arrêter et interner administrativement d’urgence tous les islamistes fichés S». Marion Maréchal s’est également dit «révoltée» contre les dirigeants du pays qui ont participé, dit-elle, à ce «destin cauchemardesque», et a rappelé que «ce sont plus de 5.000 islamistes radicaux fichés S qui sont actuellement en liberté en France, face à 4.900 agents de DGSI, qui malgré leur travail remarquable ne peuvent pas assurer jour et nuit la sécurité du pays».

Face à cette «menace qui augmente», Marion Maréchal demande donc «solennellement au président de la République d’imposer une mesure forte et urgente : l’arrestation immédiate et l’internement administratif de tous les islamistes fichés de France, au nom du principe de précaution et de la protection des innocents, le temps d’évaluer leur situation et d’apporter une réponse individuelle à chaque cas».

Devant plusieurs journalistes, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a abondé en ce sens, en se déclarant en faveur d’une «rétention de sûreté systématique pour les affaires liées au terrorisme»Ce dispositif de prévention contraint les individus à être placés dans un établissement médico-judiciaire après la fin de leur peine criminelle.

Même son de cloche du côté d’Éric Zemmour qui a réagi à l’attentat de Paris en publiant un communiqué pour dévoiler «des mesures d’urgence» telles que «l’expulsion automatique» des «auteurs de crime de sang», ainsi que «des fichés S» et des «criminels étrangers et binationaux». Effectuant également un lien étroit entre immigration et terrorisme, le président du Parti Reconquête propose enfin d’instaurer «un bouclier migratoire». 

Du côté de la gauche, la France insoumise, par l’intermédiaire de Manuel Bompard, a appelé à s’interroger sur les causes des failles des services de renseignement. À ce titre, le coordinateur de LFI a rappelé que «les conclusions de l'enquête devront faire la lumière sur l'état de suivi psychiatrique de l’auteur de cet acte», insistant sur le fait que «la psychiatrie en France est dans un état déplorable, avec du personnel en souffrance et des patients non pris en charge». 

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