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Mercure, pesticides… Un cocktail toxique dépisté dans les cheveux des sénateurs

Plusieurs substances chimiques ont été retrouvée dans les cheveux de Patrick Kanner, le président du groupe socialiste au Sénat. [THOMAS SAMSON / AFP ]

Une partie du groupe socialiste au Sénat, s’est soumis à une analyse toxicologique de leurs cheveux. Les résultats, préoccupants, ont été publiés ce mardi 27 juin.

«C'est une alerte qu'on envoie». Du mercure, des pesticides, des plastifiants, mais également des «terres rares», ont été retrouvés dans les cheveux des sénateurs et sénatrices.

Ces vingt-six élus socialistes se sont en effet soumis à une étude impulsée par la sénatrice du Lot, Angèle Préville. «Si c'est dans nos cheveux, ça veut dire qu'on est contaminé», a confié à l’AFP l'élue, très engagée en faveur de l'environnement, en particulier contre la pollution par les plastiques.

En juillet 2022, les parlementaires ont fourni une mèche de leurs cheveux au laboratoire privé et indépendant tocSeek qui a réalisé un dépistage de 1.800 polluants organiques et 49 métaux dont les «terres rares».

Composés métalliques et métaux utilisés dans la fabrication d'objets de haute technologie, les «terres rares» ont envahi notre quotidien: puces de smartphone, écrans d'ordinateurs portables, batteries de voitures électriques et hybrides, LED...

Tous «contaminés» par au moins un pesticide

Les analyses ont en effet mis en évidence chez 93% des sénateurs une présence de «terres rares» supérieure à la population témoin du laboratoire. Selon le tocSeek, cette prévalence supérieure à la population générale peut être expliquée par l’utilisation importante et régulière des outils de communication par les élus.

Sans grande surprise en revanche, le mercure, ce métal lourd présent notamment dans les amalgames dentaires ou certains poissons, a été retrouvé chez tous les sénateurs testés.

En outre, ils ont tous été «contaminés» par au moins un pesticide. Quarante-cinq produits différents (herbicides, fongicides, insecticides) ont été identifiés, dont un pesticide interdit en Europe depuis 2008, le carbofuran. Enfin, le plastifiant «di-n-octyl phtalate» (DNOP) – matériau utilisé pour donner de la souplesse au plastique - a été détecté chez 69% des élus.

Des résultats cohérents

Angèle Préville, la sénatrice la plus engagée contre la pollution est aussi la plus préservée des polluants. Le président du groupe socialiste Patrick Kanner, lui, a cumulé «terres rares», mercure, pesticides phtalates - des substances chimiques utilisées comme plastifiants - et parabène, un conservateur essentiellement utilisé dans les cosmétiques.

«Notre mode de vie pèse sur notre qualité sanitaire, c'est clair» a affirmé l’élu du Nord.

Pour Matthieu Davoli, co-fondateur du groupe tocSeek, à l'exception des «terres rares», les résultats «sont très cohérents à ce qu'on voit habituellement» dans la population. Cela témoigne d'une exposition «répétée et régulière» à des polluants présents dans l'alimentation et des produits cosmétiques ou d'hygiène.

Selon lui, «une contamination sur le long terme peut apporter des effets de perturbations endocriniennes et amener à des maladies chroniques, auto-immunes, neurodégénératives, cancers...».

Interroger les modes de consommation

S’agissant des «terres rares» sept sénatrices et sénateurs ont «une contamination significative» dont Yan Chantrel, représentant les Français établis hors de France, en l'occurrence le Canada.

Après avoir modifié ses habitudes, il a accepté d'être retesté à l'automne prochain, avec deux de ses collègues qui ont déclaré des symptômes pouvant être associés à une intolérance aux champs magnétiques (fatigue importante, maux de tête...). Couper le wifi la nuit, ne pas utiliser son smartphone comme réveil..., de petits gestes à pratiquer au quotidien pour agir individuellement.

Toutefois, le parlementaire insiste pour que les questions de santé publique soient «intégrées pleinement» dans les politiques environnementales. «Cela interroge les modes de production et de consommation de notre société, qui créent finalement des nouvelles maladies», alerte-t-il.

L'Assemblée nationale n'est pas en reste. Mercredi, le député écologiste Nicolas Thierry présentera à la presse les résultats d'une analyse de substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), plus connus sous le nom de «polluants éternels», réalisée dans les cheveux de quatorze députés.

En 2017 déjà, sept personnalités de l'écologie, dont Nicolas Hulot, José Bové, Yannick Jadot ou encore Delphine Batho, s'étaient prêtées à une analyse de cheveux qui avaient montré la présence de perturbateurs endocriniens.

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