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Fonds Marianne : qui est Mohamed Sifaoui, auditionné ce jeudi au Sénat ?

Journaliste et écrivain d'origine algérienne, Mohamed Sifaoui s'est fait connaître avec des enquêtes choc. [LIONEL BONAVENTURE / AFP]

Mohamed Sifaoui, qui a bénéficié via une association de l'argent du «Fonds Marianne» lancé par Marlène Schiappa en 2021 pour lutter contre le séparatisme, est auditionné ce jeudi 15 juin au Sénat.

Il serait l'un des principaux bénéficiaires du Fonds Marianne, mis en place en 2021 pour lutter contre le séparatisme. Mohamed Sifaoui, un expert médiatique de l'islamisme, a été perquisitionné ce mardi dans le cadre d'une enquête ouverte en mai «des chefs de détournement de fonds publics, détournement de fonds publics par négligence, abus de confiance et prise illégale d'intérêts relative à la gestion du fonds Marianne». Un événement qui a décalé son audition devant le Sénat à ce jeudi.

Lancé par Marlène Schiappa à la suite de l’assassinat de Samuel Paty, le Fonds Marianne devait «financer des personnes et associations qui vont porter des discours pour promouvoir les valeurs de la République et pour lutter contre les discours séparatistes». Mais l'utilisation du financement (2,5 millions d'euros) fait polémique.

Selon des révélations de presse, la principale bénéficiaire, à hauteur de 355.000 euros, serait l'Union des sociétés d'éducation physique et de préparation militaire (USEPPM), une association née à la fin du XIXe siècle. La mission confiée à l'USEPPM consistait «à déployer un contenu multimédia, un message positif de réenchantement des valeurs de la République», selon la convention de subvention consultée par France 2 et l'hebdomadaire Marianne.

des salaires qui posent question

Cependant, l'argent n'aurait servi qu'à alimenter un site internet et des publications très peu suivies sur les réseaux sociaux, ainsi qu'à salarier deux ex-dirigeants de l'USEPPM, dont Mohamed Sifaoui.
 

Des relevés bancaires obtenus par les journalistes montrent que « l'association aurait versé 120.000 euros aux deux responsables de la structure, Cyril Karunagaran et Mohamed Sifaoui. De nombreux salaires en leur direction : un peu moins de 3.100 euros net pour le premier, entre 3.280 et 3.500 euros net mensuels pour Mohamed Sifaoui. Tous deux, certains mois, étaient rémunérés deux à trois reprises», note France 2. Des sommes jugées pas en adéquation avec le travail produit.    

«L'argent qui a été capté par l'association est un argent qui a servi principalement aux salaires des geeks – qui ont produit du contenu – et du contre-discours à travers des comptes visibles et d'autres du trolling», s'est défendu Mohamed Sifaoui.

un expert de l'islamisme habitué des polémiques

Journaliste et écrivain d'origine algérienne, qualifié dans les médias d'expert de l'islam radical, Mohamed Sifaoui s'est fait connaître avec des enquêtes choc, comme «J'ai infiltré un réseau terroriste», en 2003. Il a également fondé son propre magazine, «Contre Terrorisme», en 2018.

Connu pour ses propos virulents contre l'islamisme, il avait notamment reproché à Latifa Ibn Ziaten, dont le fils fut assassiné par Mohamed Merah, de porter le voile. «Son voile est celui d’une idéologie, l’idéologie qui a tué son propre fils, en l’occurrence celle des Frères musulmans», avait-il déclaré. Des propos qui lui ont valu un procès, duquel il est sorti relaxé.

Habitué des propos polémiques, il avait déclaré en 2008 sur RMC que «la majorité des asiatiques que j'ai fréquentés n'a absolument rien à foutre de la communauté nationale. (...) Ils sont là pour gagner de l'argent», dans le cadre de la promotion de son livre-enquête «J'ai infiltré le milieu asiatique».

Ses tweets acerbes ont également provoqué de vives réactions. En 2015, il reprochait à l'ex-otage de Daesh, Nicolas Hénin, «de n'avoir rien fait de sa vie sauf être pris en otage». En 2021, il qualifiait l'Algérie de «pays le plus raciste au monde». La même année, il revendiquait son «droit de garder une distanciation sociale maximale avec les femmes voilées» car «leur doctrine débile les empêche d’inter-réagir normalement avec les hommes».

En 2017, Mohamed Sifaoui est devenu administrateur de l'USEPPM, une association à l'activité déclinante depuis la fin du service militaire obligatoire en 2001. Avant d'en devenir responsable, Mohamed Sifaoui y suivait des cours d'arts martiaux.

«dir com» du sco d'angers

Outre son engagement politique contre l'islamisme, Mohamed Sifaoui travaille depuis 2022 dans le milieu du football. Il occupe actuellement le poste de directeur de la communication de l'Angers SCO, où, là non plus, il ne fait pas l'unanimité. Mohamed Sifaoui entretient en effet des relations compliquées avec la presse et les supporters, qui lui reprochent notamment sa gestion de l'affaire Abdel Bouhazama. Alors  entraî neur, ce dernier avait défendu le joueur Ilyes Chetti, suspecté d'agression sexuelle, en déclarant : «c'est pas méchant, on a tous déjà touché des filles». Suite aux révélations de la presse, Mohamed Sifaoui avait balayé les accusations, dénonçant des «bobards».          Actant le départ du club d'Abdel Bouhazama, un communiqué officiel du SCO avait ensuite semblé minimiser la polémique, en dénonçant «des propos sortis de leur contexte» qui relèvent «de la maladresse».    

En raison de nombreuses menaces proférées à son encontre par les milieux islamistes, Mohamed Sifaoui vit sous protection policière depuis 2003.

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