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Ligue des droits de l'Homme : comment l'association a dérivé de ses engagements initiaux au fil des années

L'organisation est née il y a plus de cent ans de la lutte contre l'antisémitisme. [MEHDI FEDOUACH / AFP]

Alors que le ministre de l'Intérieur a ouvert la porte à une remise en cause des subventions publiques octroyées à la LDH, il apparaît qu'à plusieurs reprises ces dernières années ce mouvement laïc, républicain, universaliste à sa fondation a progressivement adopté des causes chères à l'extrême gauche.

«Je ne connais pas les subventions données par l’Etat» à la LDH, a expliqué le ministre de l'Intérieur, «mais ça mérite d’être regardé dans le cadre des actions qu’elle a pu mener». Par ces mots, Gérald Darmanin a rebondi hier sur les propos du sénateur Républicain François Bonhomme, qui lui lançait : «Si vous voulez être cohérent, monsieur le ministre, il faut cesser de financer des associations qui mettent en cause gravement l’Etat». Et en un peu plus de cent ans, c'est une évolution particulière qu'a connue la Ligue des droits de l'Homme, s'éloignant à plusieurs reprises de ses idéaux et combats originels.

Elle a le pacifisme chevillé au corps, pourtant, en ce début d'année 2023, à la veille des affrontements de Sainte-Soline, la LDH a contesté devant le tribunal administratif l'arrêté d'interdiction de port et de transport d'armes par destination, pris par la préfète des Deux-Sèvres. Recours finalement rejeté, mais qui détone avec les idéaux portés à sa création.

Un combat en demi-teinte

En juin 1898, l'organisation est née de la lutte contre l'antisémitisme, en défense du capitaine Dreyfus. Un siècle plus tard, elle est pourtant absente du procès des attentats de Janvier 2015, jugeant les tueries de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher. Une absence relevée par Me Richard Malika en octobre 2020 : «la seule association qui n’était pas là, c’était la Ligue des Droits de l’Homme, créée au moment de l’Affaire Dreyfus, et qui n’était pas aux côtés des victimes de l’Hyper cacher, pas aux côtés de Charlie hebdo, mais ils sont dans le même temps du côté du CCIF».

Un soutien au CCIF en plusieurs temps. Nous sommes un peu plus d'un mois après les attentats du 13 novembre : le 16 décembre 2015, le président de la LDH participe à un meeting commun à Saint-Denis avec le CCIF et Tariq Ramadan. Ce dernier y a d'ailleurs déclaré ce jour-là que : «les sources [de l'islamophobie ndlr], on les connaît : 80 % des discours sont liés à des organisations aveuglément pro-sionistes.»

La LDH a également participé à la «Marche contre l'islamophobie» de 2019 organisée par le CCIF, avant, en 2020, d'aller jusqu'à protester contre la dissolution du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) in fine validée par le Conseil d’Etat.

L'association a aussi apporté son soutien à un islamiste Russe fiché S que la France a expulsé en 2021. L'homme de 38 ans était dans le viseur pour appartenance à la mouvance radicale et soutien au jihadisme. Après la disparition de cet homme en Russie, la LDH a apporté son soutien à sa famille quand elle a déposé plainte contre des hauts fonctionnaires français et contre le ministre de l'Intérieur pour mise en danger de la vie d’autrui, complicité de disparition forcée et complicité d’actes de torture et de barbarie.

Autre engagement viscéral de l'association : la défense du droit des femmes. Et pourtant, la LDH en 2004 s’est prononcée contre la loi du 15 mars 2004 sur les signes religieux dans les écoles publiques.

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