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Colonisation : Emmanuel Macron ne demandera pas «pardon» à l'Algérie

Emmanuel Macron, ici à Alger en août 2022, espère accueillir le président algérien en France cette année. [LUDOVIC MARIN / AFP]

Le président français Emmanuel Macron estime dans un entretien au Point qu'il n'a «pas à demander pardon» à l'Algérie pour la colonisation. Il veut toutefois poursuivre un «travail d'amitié» avec Alger et invite le président Abdelmadjid Tebboune à venir en France.

«Je n'ai pas à demander pardon, ce n'est pas le sujet, le mot romprait tous les liens». Dans un long entretien avec l'écrivain algérien Kamel Daoud, publié par Le Point mercredi soir, Emmanuel Macron explique pourquoi il ne compte pas présenter les excuses que l'Algérie lui réclame.

«Le pire serait de conclure : "On s'excuse et chacun reprend son chemin"», argumente le président, estimant que le pardon serait «une fausse réponse aussi violente que le déni».

«Le travail de mémoire et d'histoire n'est pas un solde de tout compte. C'est, bien au contraire, soutenir que dedans il y a de l'inqualifiable, de l'incompris, de l'indécidable peut-être, de l'impardonnable», poursuit-il.

toujours aucune «repentance»

Le chef de l'Etat assume toutefois le «pardon collectif» demandé aux Harkis. «Parce qu'une parole avait été donnée par la République, qu'elle avait trahie plusieurs fois», précise-t-il.

Il ajoute avoir demandé «pardon, aussi, à la famille de Maurice Audin et aux petits-enfants d'Ali Boumendjel car, à travers ces destins singuliers, une responsabilité, de certains gouvernements, d'un système et, à travers eux, de la France, était manifeste».

En 2020, l'Algérie avait critiqué le rapport commandé par Emmanuel Macron à l'historien français Benjamin Stora qui préconisait une série de gestes pour tenter de réconcilier les deux pays, tout en excluant «repentance» et «excuses».

«une phrase maladroite»

En août dernier, Emmanuel Macron s'était rendu à Alger pour remettre la relation bilatérale sur les rails après une crise liée à des propos qu'il avait tenus en octobre 2021. Le chef de l'Etat avait alors reproché au «système politico-militaire» algérien de surfer sur la «rente mémorielle» et s'était interrogé sur l'existence d'une nation algérienne avant la colonisation.

«C'est peut-être une phrase maladroite et qui a pu blesser», concède Emmanuel Macron. Mais «ces moments de tension nous apprennent», ajoute-t-il, «il faut du coup savoir se retendre la main».

«J'espère d'ailleurs que le président Tebboune pourra venir en 2023 en France», lance également Emmanuel Macron, afin de poursuivre «un travail d'amitié».

Interrogé sur la possibilité d'une cérémonie de recueillement du président algérien sur les sépultures des membres de la suite de l'émir Abdelkader, héros de la résistance à la colonisation française, enterrés à Amboise, il a estimé que ce serait «un très beau et très fort moment» et qu'il le «souhaitait».

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