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Arnaud Chiche, du collectif Santé en danger : «Les soignants ne veulent plus travailler dans les conditions actuelles»

Arnaud Chiche est anesthésiste-réanimateur et fondateur du collectif Santé en danger. [Capture Youtube/ Arnaud Chiche, N. TUCAT/AFP]

Une journée de mobilisation pour l’hôpital est appelée pour ce mardi 7 juin, afin de dénoncer l’état critique dans lequel se trouvent ses services et son personnel. Arnaud Chiche, anesthésiste-réanimateur et fondateur du collectif Santé en danger, explique à CNEWS l’urgence critique de la situation.

Quelle est la raison principale de cette journée de mobilisation à l’hôpital ?

L’accès au soin est tout simplement de moins en moins garanti. Il y a un manque de soignants, de médecins et de paramédicaux. Même dans les villes, les gens n’arrivent plus à avoir médecin généraliste.

Avec la politique de restriction des gouvernements pour l’hôpital, il y a eu une très forte perte d’attractivité. Les soignants ne veulent plus travailler dans les conditions actuelles. Donc, on ferme des lits et des hôpitaux. Aujourd’hui des services d’urgences doivent aussi fermer.

Ça bloque au niveau de l'exécutif

On court à la catastrophe. Le mouvement d’aujourd’hui sert à dénoncer cette catastrophe. Il va y avoir des décès évitables, des décès illégitimes. C’est ça notre angoisse, car on a toujours notre responsabilité de soignants.

Comment la situation peut-elle s’améliorer ?

Nous avons un manque de soignants. Par exemple, une infirmière a trop de patients à gérer. Elle souffre, elle déprime et elle change de travail. Elle n’a pas signé pour ça, elle ne veut plus travailler comme ça. La solution serait d’établir des règles de travail, comme un ratio de patients par infirmière. Cela existe déjà dans des services comme les soins continus, qui ont beaucoup servis pendant le Covid. Ce système permet de protéger le soin des patients et aussi les professionnels de santé.

Il faut aussi protéger la formation. L’élève infirmière, quand elle voit ce qu’il se passe, elle ne veut pas rester. Pour avoir plus de soignants, il faut protéger les étudiants, avec un tuteur mis spécifiquement en place pour eux.

On doit relancer l’attractivité de l’hôpital. Cela passe par les ratios, mais aussi par le biais financier. Le travail de nuit, notamment. Une infirmière de nuit ne touche qu’un euro brut de l’heure en plus. C’est 20 euros pour un médecin. Donc c’est normal qu’ils aillent faire de l’intérim plutôt qu’être embauchés.

Vous pensez que le pouvoir politique est capable de changer les choses ?

Il faut un choc de conscience politique. La santé a besoin d’investissement. Quand on parle avec les députés, on voit qu’ils sont d’accord avec nous, même les macronistes. Mais j’ai l’impression que c’est au niveau de l’exécutif que ça bloque, voire directement à l’Elysée.

Que pensez-vous de cette «mission flash» pour l’accès aux soins, annoncée par Emmanuel Macron ?

Des rapports sur les soins, il y en a déjà plein, dont celui du Sénat. Il suffirait de le lire. Le diagnostic, on le connait. Les vacances sont dans un mois, la situation va être encore plus compliquée. J’ai la désagréable sensation que l’on essaie de gagner du temps et de faire passer la période des législatives. Le seul côté positif de cette mission flash, c’est qu’elle est confiée à François Braun, le président de Samu-Urgences de France. J’ai confiance en lui, c’est quand même une bonne nouvelle.

Pensez-vous qu’il existe une solution immédiate pour améliorer la situation de l’hôpital ? Par exemple prendre des soignants à un endroit pour les faire travailler dans un établissement en difficulté ?

La situation est trop dégradée. La mutualisation des soignants ne peut pas fonctionner car il en manque de partout. La solution ne peut pas être celle des chaises musicales. Donc pour cet été, je ne sais pas ce qui va se passer et je suis très inquiet. Je n’aime pas inquiéter les gens, mais là je sèche un peu…

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