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Soupçons d'optimisation fiscale : le siège français du cabinet américain McKinsey perquisitionné

Les contrats entre l'Etat et les cabinets de conseils comme McKinsey ont plus que doublé entre 2018 et 2021. [Fabrice COFFRINI / AFP]

Une perquisition a eu lieu ce mardi au siège français du cabinet de conseil américain McKinsey, dans le cadre de soupçons d'optimisation fiscale, a annoncé le Parquet national financier.

Un tournant dans l'affaire McKinsey. Une perquisition a eu lieu mardi au siège français du cabinet de conseil américain, situé avenue des Champs-Élysées, à Paris, dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte le 31 mars pour blanchiment aggravé de fraude fiscale, a confirmé le Parquet national financier (PNF).

Le PNF a ouvert cette enquête à la suite du rapport de la commission d'enquête du Sénat sur l'influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques, lors du premier quinquennat d'Emmanuel Macron.

Les entités françaises du cabinet McKinsey y étaient accusées d'avoir mis en place un montage fiscal leur permettant de ne verser aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020.

des contrats dont les montants interrogent

Dans ce rapport remis le 16 mars, cette commission, initiée par le petit groupe CRCE à majorité communiste, assurait que les contrats passés entre l'État et plusieurs cabinets de conseil avaient «plus que doublé» entre 2018 et 2021, atteignant un montant record de plus d'un milliard d'euros en 2021.

McKinsey s'est défendu en affirmant respecter les règles fiscales françaises, précisant qu'une de ses filiales avait payé l'impôt sur les sociétés pendant six ans sur la période évoquée par le Sénat. Concernant la perquisition en cours, McKinsey a indiqué par voie de communiqué qu'il «confirmait la tenue le 24 mai d’opérations de visite menées par le parquet national financier» à son siège parisien, «au cours desquelles, ajoute-t-il l’ensemble des informations requises ont été fournies».

«Le cabinet collabore pleinement avec les autorités publiques, comme cela a toujours été le cas. McKinsey réaffirme que le cabinet respecte les règles fiscales et sociales françaises qui lui sont applicables», a encore insisté le cabinet de conseil américain.

Les révélations de la commission d'enquête avaient quoi qu'il en soit suscité pendant la campagne présidentielle de vives polémiques sur l'utilisation des fonds publics.

emmanuel macron en toile de fond

L'opposition avait réclamé de manière répétée l'ouverture d'une enquête sur ce qu'elle considère comme du favoritisme dont la majorité du président ferait preuve au profit de ce cabinet de conseil.

Alors candidat, Emmanuel Macron avait estimé notamment que le non-paiement de l'impôt sur les sociétés par McKinsey s'expliquait par les règles fiscales en vigueur.  «S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal», avait-il rétorqué le 27 mars à ceux qui lui reprochaient ces nombreux contrats.

Après «des vérifications», le PNF a ouvert le 31 mars une enquête sur le volet fiscal, confiée au Service d'enquêtes judiciaires des finances (SEJF).

C'est le procureur financier Jean-François Bohnert qui l'avait annoncé le 6 avril, quatre jours avant le premier tour de l'élection présidentielle, dans un communiqué qui ne mentionnait pas le nom de McKinsey.

Le SEJF est un service de «police fiscale» créé en 2019 et placé sous la tutelle de Bercy.

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