En direct
A suivre

Alliance citoyenne : l'association pro-burkini visée par une enquête pour des fichiers ethniques, politiques et religieux présumés

Alliance citoyenne s'est fait connaître en 2019 avec plusieurs opérations médiatiques. [Photo d'illustration d'une piscine en Tunisie / FETHI BELAID / AFP]

Une enquête a été ouverte visant l’association pro-burkini Alliance citoyenne, après un signalement sur la possible existence de fichiers ethniques, religieux et politiques qu’elle détiendrait sur des personnes.

Le procureur de Grenoble a annoncé mardi avoir ouvert une enquête, sur signalement de la préfecture de l'Isère, concernant des soupçons d'existence de fichiers tenus par l'association Alliance citoyenne.

La préfecture avait annoncé peu auparavant avoir saisi la justice pour faire la lumière après «des informations parues récemment dans plusieurs médias», selon lesquelles «l’association dénommée Alliance Citoyenne aurait détenu et détiendrait encore un certain nombre de fichiers comportant des informations de nature nominatives, dont l’existence et la détention relèvent d’un régime juridique protecteur des libertés individuelles et d’un contrôle de la CNIL».

Fichés pour être recrutés ?

Selon un article du Parisien publié il y a une semaine, l’association déjà très controversée aurait collecté pendant ses activités des données incluant l’origine ethnique de personnes vivant dans des quartiers populaires, mais aussi leurs convictions politiques et religieuses. Des commentaires comme «couple kabyle très en colère», «FN ou ne vote pas», seraient par exemple notés à côté de noms, d’adresses, de numéros de téléphone.

Ces fichages, qui ont eu lieu à Toulouse, Grenoble ou Aubervilliers, selon nos confrères, serviraient à repérer des personnes susceptibles d’adhérer aux actions menées par l’association. Une des cases parlerait par exemple du boycott de centres commerciaux par des musulmans, pour revendiquer des produits halal.

L’enquête concernerait ainsi «des faits d'enregistrement ou conservation de données à caractère personnel sensibles sans le consentement de l'intéressé, délit puni par une peine de 5 ans d'emprisonnement et 300.000 euros d'amende», a précisé Eric Vaillant dans un message diffusé sur le groupe Whatsapp du parquet de Grenoble.

Au cœur du combat pour le burkini

Alliance citoyenne s'est fait connaître en 2019 avec plusieurs opérations médiatiques dans les piscines grenobloises, pour revendiquer le port du burkini. Ce qui a notamment poussé le conseil municipal du maire écologiste Eric Piolle à changer le règlement intérieur des piscines. Le nouveau texte n'interdit désormais que les shorts de bains pour la baignade, permettant le port du burkini, du monokini ou d'un maillot anti-UV.

L'opposition municipale, qui a dénoncé le burkini comme un symbole religieux de soumission de la femme, a déposé mardi un recours en urgence devant le tribunal administratif de Grenoble pour obtenir la suspension de la délibération qui a suscité une polémique nationale. Le ministre de l'Intérieur du gouvernement démissionnaire de Jean Castex, Gérald Darmanin, a indiqué de son côté avoir «donné instruction au préfet de déférer en "déféré laïcité" la délibération permettant le port du Burkini et, le cas échéant, d’en demander le retrait».

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités