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Héliport de Paris-Issy-les-Moulineaux : «Ce terrain est le berceau de l'aviation mondiale», confie André Santini

André Santini revient sur l'histoire de l'héliport, installé depuis le début du XXe siècle sur une enclave parisienne côté Issy-les-Moulineaux (92). [© Ludovic MARIN / AFP]

Un temps menacé de fermeture, l'héliport de Paris-Issy-les-Moulineaux –récemment renommé en l'honneur de la pilote d'hélicoptère Valérie André – a finalement de beaux jours devant lui, alors qu'un accord semble avoir été trouvé entre l'Etat et Paris à ce sujet. Une bonne nouvelle pour le maire d'Issy-les-Moulineaux (92), André Santini.

Pour celui qui est maire d'Issy-les-Moulineaux depuis plus de quarante-deux ans et qui n'est autre que le neveu du pionnier des hélicoptères de l'armée de l'air, le colonel Alexis Santini (1914-1997), l'héliport est une structure «indispensable», «berceau de l'aviation mondiale», qui a toute sa place en cœur de ville. Fin connaisseur des lieux, il revient pour nous sur son histoire.

Il semblerait qu'un accord ait été trouvé entre la ville de Paris et l'Etat pour maintenir l'héliport en fonction, à la condition qu'une partie du site soit rétrocédé à la mairie pour l'agrandissement du Parc Suzanne Lenglen. Est-ce que la municipalité isséenne est en accord avec ce projet ?

La municipalité d'Issy-les-Moulineaux se réjouit de la décision de l'Etat de maintenir l'héliport désormais dénommé héliport de Paris-Issy-les-Moulineaux-Valérie André. Au côté de l'Etat, nous avons toujours exprimé notre souhait de maintenir l'héliport. Il est indispensable à l'exercice des missions de service public.

L'accord trouvé par l'Etat et la Ville de Paris permet de conserver l'héliport actuel dans toutes ces caractéristiques. La longueur de la piste sera notamment maintenue ce qui permet aux hélicoptères d'avoir plus de carburant et de parcourir des distances plus longues pour réaliser des missions de sauvetage notamment. L'essentiel est donc garanti.

Pouvez-vous expliquer l'attachement que porte la ville d'Issy-les-Moulineaux à cet héliport ?

En premier lieu, ce terrain est le berceau de l'aviation mondiale. En 1907, les frères Charles et Gabriel Voisin s'installent en bordure du champ de manœuvres pour y effectuer leurs essais. Les frères Caudron y créent une école de pilotage. Henry Farman fait son premier bond le 30 septembre, puis quelques centaines de mètres à 15 m d'altitude le 23 octobre.

Le 18 décembre 1907, un concours de 150 m est organisé à Issy : l'aéroplane Blériot décolle et s'écrase, le pilote est sain et sauf. Le 13 janvier 1908, Henry Farman réalise le premier vol motorisé maîtrisé. Avec le biplan Antoinette des frères Voisin, il fait une boucle d'un kilomètre au-dessus du terrain d'Issy, avec un virage à 15 m au-dessus du sol.

En 1922, ce terrain voit les premiers vols d'hélicoptèreAndré Santini

Plus tard, en 1922, ce terrain voit les premiers vols d'hélicoptères. Le marquis Pateras-Pescara réalise des premiers vols de plus d'une minute. En 1924, un hélicoptère vole plus de dix minutes et atteint le kilomètre, deux fois consécutives. Le 18 avril 1924, à la demande de l'aéroclub de France, le record du monde de distance pour hélicoptère est enregistré (736 m).

En second lieu, cette infrastructure majeure pour les vols de service public est un atout pour une capitale comme Paris qui ne peut pas se passer d'un héliport. Ce site est stratégique tant pour la sécurité civile de nos concitoyens, que pour l'attractivité de notre territoire.

Il permet un fonctionnement optimal des missions de service public sanitaire et de sécurité publique. Sur le plan sanitaire, le transfert rapide des malades vers les hôpitaux parisiens est un enjeu majeur [...] les opérations d'évacuation sanitaire d'urgence représentent chaque année plus de 3.000 mouvements depuis ou vers l'héliport. 

Et sur le plan de la sécurité de la capitale, l'héliport accueille des missions de secours et des opérations de surveillance de la police.

Une infrastructure indispensable donc ?

Elle est aussi indispensable pour répondre à des besoins régaliens et de gestion de crise. L'héliport est régulièrement utilisé par les autorités politiques et par des chefs d'Etat étrangers (une cinquantaine de mouvements de ce type par an). Sa proximité avec Paris se révèle pratique, moins coûteuse et plus sûre que d'autres solutions.

Il accueille également des missions de surveillance du ministère de l'Intérieur. L'héliport répond à d'autres fonctions essentielles dans la capitale, servant de plate-forme à des opérateurs privés dits de «travail aérien», chargés de missions spécifiques comme des interventions en hauteur, la manutention de gros équipements... C'est le cas par exemple de RTE, dont les appareils interviennent en urgence en cas de problématique d'alimentation électrique dans la région parisienne.

L'héliport est enfin un point d'ancrage pour l'accompagnement des grands événements économiques, culturels et sportifs, comme ce sera le cas pour les JO 2024. Rappelons enfin que les évacuations lors des attentats de ces dernières années ont pu être réalisées en partie grâce à l'héliport.

Que répondez-vous aux riverains qui le trouvent trop bruyant ?

Je leur réponds d'abord que ces dernières années d'énormes efforts ont été réalisés. En effet, alors qu'en 1989, il y avait 32.000 mouvements par an, aujourd'hui il n'y en a plus que 10.000. Cette baisse importante est essentiellement due à la baisse des mouvements commerciaux.

Le trafic d'hélicoptères en 2020 a encore baissé (- 29,7 %). La BGTN (Brigade de gendarmerie des transports aériens), qui centralise désormais les plaintes, n'en a enregistré que 4 en 2020, contre 7 en 2019.

De même, elle n'a engagé aucune procédure contre les pilotes d'hélicoptères en 2020. On ne peut donc pas dire qu'il y ait beaucoup de plaintes. Ensuite, concernant le bruit, je note que Bruitparif [l'Observatoire du bruit en Ile-de-France, ndlr] a enregistré une diminution de - 1,3 dB entre 2019 et 2020.

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