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L'édito d'Eugénie Bastié : «Des policiers s'invitent dans la campagne»

Dans son édito de ce mercredi 2 février, Eugénie Bastié, journaliste au Figaro, revient sur l'organisation par Alliance, un des principaux syndicats de policiers, d'un «grand oral» des candidats à la présidentielle.

Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Éric Zemmour ont accepté de participer à ce «grand oral» organisé à Paris par le syndicat Alliance. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin passera également. La gauche a décliné. Jean-Luc Mélenchon est banni d’office étant donné ses propos sur la police.

La journée débutera par la projection du film Bac Nord, qui relate le quotidien d’une brigade anticriminalité dans les quartiers Nord de Marseille. Vrai succès populaire, le film a été cité à de nombreuses reprises par les candidats de la droite et conspué par une partie de la gauche médiatique car jugé trop pro-flic. Certains s’indignent que le film soit diffusé lors d’une rencontre organisée par les syndicats de policiers. Étonnant, car, par ailleurs, personne ne s’indigne que Yannick Jadot cite le film écolo de Netflix Don’t look up, bien au contraire.

Même si on comprend l’agacement du réalisateur, les policiers auraient tort de se priver d’un des rares éléments de la culture populaire donnant une image positive de leur profession. Bac Nord est le Don’t look up de la cause policière : il force à regarder le réel en face, celui d’une condition policière dégradée, d’un métier devenu impossible. Douze fonctionnaires de police se sont donnés la mort en janvier.

Sous cette forme, ce rendez-vous est une première. C’est dire à quel point l’enjeu de la sécurité est considéré comme majeur dans une campagne qui se joue essentiellement à droite. C’est pourquoi Gérald Darmanin sera présent en émissaire de la branche droitière de la macronie, alors même que le président de la République tente de se placer en surplomb des débats de la présidentielle.

Le vote des policiers est évidemment en ligne de mire. Comme le note mon confrère du Figaro Jean-Marc Leclerc, les fonctionnaires de la sécurité représentent 700.000 voix, le double même en incluant les époux, épouses et enfants en âge de voter de ce vaste public ; largement plus d’un million d’électeurs potentiels à ne pas négliger.

Les candidats vont rivaliser pour plaire au parterre de syndicalistes policiers. Valérie Pécresse qui veut ressortir le karchër propose des «brigades coups de poing» dans certains quartiers. Eric Zemmour veut lui créer la notion juridique de «défense excusable» pour permettre aux policiers agressés de riposter sans crainte de la prison. Marine Le Pen, qui se veut plus sociale, promet-elle aux policier l’«hyper priorité» dans l'accession aux logements sociaux. Quant au gouvernement, il a déjà promis une augmentation du budget de la sécurité de 15 milliards d’euros sur cinq ans. Mais plus largement, ce sont les Français, exaspérés par l’insécurité, que les candidats vont tenter de convaincre à travers les policiers.

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