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Tout savoir sur Joséphine Baker, la première femme noire à intégrer le Panthéon

La chanteuse franco-américaine Joséphine Baker est entrée au Panthéon. Elle est ainsi la sixième femme à y inscrire son nom et son histoire et la toute première femme noire. Qui était-elle ?

Chanteuse, danseuse, actrice et meneuse de revue, Freda Josephine McDonald – alias Joséphine Baker – a cumulé sa vie durant plusieurs casquettes, dont l'une – celle de résistante durant l'Occupation – restera gravée dans l'histoire de France.

Sa vie aux Etats-Unis

De naissance, elle est Américaine. Née à Saint-Louis dans le Missouri, le 3 juin 1906, Freda Josephine est la grande sœur de 3 demi-frères et sœurs et travaille très jeune pour subvenir à leurs besoins. A 14 ans, elle fait plusieurs rencontres, qui la poussent à devenir artiste de rue dans une troupe itinérante.

A 16 ans, elle part tenter sa chance à New York et intègre la troupe d'une comédie musicale. Deux ans plus tard, alors qu'elle chante dans un célèbre club de jazz de Harlem, elle fait la rencontre de Caroline Dudley Reagan, dont le mari travaille à l'ambassade américaine de Paris.

Celle-ci lui demande de l'accompagner en France, et lui propose de faire la première partie de son spectacle La Revue Nègre. «Joséphine Baker se détachait du chorus des girls comme un point d’exclamation», disait Caroline Dudley de sa protégée.

Son succès en France

Dès son arrivée en France, en octobre 1925, la voilà sur scène au théâtre des Champs-Elysées (8e), où sa performance est vivement reconnue. Deux ans plus tard, en 1927, elle casse le contrat qui la lie à La Revue Nègre et signe avec les Folies Bergères, où elle devient meneuse de revue.

Sonne alors son heure de gloire, durant laquelle Joséphine Baker est de toutes les fêtes et de tous les spectacles, aperçue au Moulin-Rouge, aux Folies Bergères ou encore au Casino de Paris.

«Je ne me suis jamais autant amusée [...] Tout le monde fait le Charleston. Je les divertis tous, les serveurs, le cuisinier, le caissier, les chasseurs, la chèvre et le cochon… Et moi, je danse, je danse», écrira-t-elle plus tard dans ses mémoires.

Icone des années folles, elle se balade sur les Champs-Elysées ou à Deauville avec son guépard Chiquita. Elle est à peine âgée de 20 ans à l'époque, et ouvre son premier cabaret à Montmartre «Chez Joséphine».

Entre 1929 et 1947 elle vit dans une grande villa au Vésinet, dans les Yvelines (78), et enchaîne les tournées à l'étranger. Après une tournée moyennement réussie aux Etats-Unis, elle rentre en France, épouse le jeune industriel Jean Lion en 1937 et prend la nationalité française dans la foulée.

Elle s'installe alors au château des Milandes à Castelnaud-Fayrac (aujourd’hui Castelnaud-la-Chapelle), en Dordogne. Une maison qu'elle loue, qu'elle achètera et qu'elle ne quittera plus jamais, si ce n'est en 1969, où – criblée de dettes – elle devra dire adieu à son château vendu aux enchères.

Une vie de combats

Mais avant ça, Joséphine Baker prend une part active dans la résistance. Citoyenne Française, elle est recrutée dès 1939 dans l'un des bureaux des Forces Françaises Libres. Grâce à sa renommée internationale, elle servira notamment de couverture au chef du contre espionnage militaire à Paris, lui permettant de circuler librement.

«C'est très pratique d'être Joséphine Baker [...] Mes passages de douane s'effectuent toujours dans la décontraction. Les douaniers me font de grands sourires et me réclament effectivement des papiers, mais ce sont des autographes», expliquera-t-elle plus tard dans ses mémoires.

Elle chante pour les soldats au front et rentre avec des messages cachés dans ses partitions. Toujours engagée auprès des services secrets de la France Libre, elle part en Afrique du Nord, notamment au Maroc où elle demeure jusqu'en 1944, avant de débarquer à Marseille à la libération.

Son engagement durant cette période lui vaudront la médaille de la Résistance française en 1946, les insignes de chevalier de la Légion d’honneur et la croix de guerre 1939-1945 avec palme en 1961.

En parallèle, elle ne cessera d’être une fervente militante antiraciste, prête à lancer de vrais scandales dès qu'elle est confrontée à toute forme de ségrégation. Sur ses contrats, elle fait même ajouter une clause non négociable : le public doit être mélangé.

Son «village du monde» à Milandes

Après une fausse couche très violente, elle décide avec son cinquième mari Jo Bouillon d'adopter des enfants de nationalités différentes, afin de prouver que la cohabitation de nationalités et de religions différentes n'est pas qu'un doux rêve. Au total, ils adopteront donc 12 enfants, élevés au château de Milandes.

Dans ce «village du monde, capitale de la fraternité», ses enfants deviendront sa «tribu arc-en-ciel». Les années 1950 marquent une vie familiale pleine de bonheur. Jo Bouillon s'occupe de la gestion du fabuleux complexe touristique des Milandes et tente de freiner l’ambition démentielle de Joséphine.

A la fin de cette décennie, le domaine n'est plus viable et Jo Bouillon part vers d'autres horizons. En 1964, la vente aux enchères est annoncée. Repoussée une première fois, elle sera tout de même organisée en 1968, date à laquelle le château lui échappe pour une bouchée de pain.

Une fin de carrière sur les rotules

Fatiguée, Joséphine Baker est alors prise en charge par son amie, la princesse Grace de Monaco, qui lui trouve une maison à Roquebrune-Cap-Martin, dans les Alpes-Maritimes, et veille sur elle. Dans les années 1970, la chanteuse remonte sur scène et retrouve sa gloire d'antan.

A tel point que la star est de retour à Paris, où elle monte une revue au théâtre de Bobino. Un triomphe, dans laquelle elle revit toute sa carrière, dans les épisodes heureux comme malheureux. Mais le triomphe ne dure pas, et Joséphine est épuisée.

Après quelques représentations, elle est retrouvée inanimée dans l’appartement qu’elle occupe à Paris. Transportée d’urgence à la Salpetrière, elle meurt le 12 avril 1975, à 5h30 du matin, des suites d’une hémorragie cérébrale.

Ses funérailles ont lieu à la Madeleine le 15 avril 1975 devant des milliers de Parisiens réunis pour voir son corbillard passer. Elle sera néanmoins inhumée à Monaco, où Grâce de Monaco prépare un caveau pour son inhumation le 2 octobre 1975.

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