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La crise sanitaire a mis en évidence l’importance de l’insécurité alimentaire en France, selon le Secours catholique

Pendant les confinements, de nombreux Français ont eu recours à l'aide alimentaire pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire. Pendant les confinements, de nombreux Français ont eu recours à l'aide alimentaire pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire. [CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP]

Des millions de Français dépendent aujourd’hui des aides alimentaires. La pandémie de coronavirus a agi comme un révélateur de ces problématiques liées à la faim, selon le Secours catholique qui publie son rapport annuel sur la pauvreté en France ce jeudi, et qui alerte sur l’importance de l’insécurité alimentaire dans l’Hexagone.

«La gastronomie française s’exporte dans le monde entier. Les émissions culinaires rassemblent toutes les générations devant le poste. (…) Pourtant, il restera de la pandémie de Covid une image marquante, celle des files d’attente qui s’allongent devant les centres de distribution alimentaire», déplore l’association, au vu des dernières données qu’elle a collectées sur la pauvreté en France.

Entre 5 et 7 millions de personnes ont été contraintes de recourir à l’aide alimentaire en 2020, soit environ 10% de la population française. Le Secours catholique a accompagné environ 770.000 personnes, et recueilli des informations statistiques sur échantillon représentatif des dossiers d’accueil, qui concernent 38.800 ménages en 2020.

Une grande insécurité alimentaire des personnes suivies par le secours catholique

L’association indique que pendant la pandémie de coronavirus, les faibles revenus des ménages étudiés ont baissé, en raison par exemple de l’inactivité forcée par les confinements, tandis que les dépenses ont augmenté (électricité, cantine scolaire etc.) D’après leurs données, trois ménages sur dix ont subi une perte de revenus, principalement liés au travail, et six ménages sur dix ont vu leurs dépenses augmenter du fait de la fermeture des cantines scolaires.

Les ménages disposant de ressources un peu plus élevées ont aussi fait face à de grandes difficultés, puisqu’ils sont contraints à de nombreuses dépenses incompressibles (loyer, charges, santé, transport etc.), et ont donc souvent dû faire des choix entre se nourrir correctement ou payer leurs dettes. 

Par ailleurs, neuf ménages sur dix parmi ceux étudiés par le Secours catholique souffrent d’insécurité alimentaire. L’association rappelle qu'«une personne est en situation d’insécurité alimentaire lorsqu’elle n’a pas un accès régulier à suffisamment d’aliments sains et nutritifs pour une croissance et un développement normaux et une vie active et saine». 27% de ces ménages souffrent d’ailleurs d’insécurité alimentaire grave, ce qui signifie que de manière régulière, ils ne s’alimentent pas pendant une journée entière ou plus.

Des politiques durables plutôt que des mesures d'urgence

«La période de confinement du printemps 2020 a précipité dans la pauvreté des personnes (étudiants, intérimaires, autoentrepreneurs, etc.) qui étaient sur le fil. Mal protégées par les filets de sécurité, elles se sont tournées pour la première fois vers des associations», explique le Secours catholique. 

En 2020, le niveau de vie médian des ménages accompagnés par l'association a également baissé, passant de 543 euros en 2019 à 537 en 2020, ce qui reflète «l’accroissement dans nos accueils de la part de ménages avec des ressources extrêmement faibles, voire nulles.» 

Le Secours catholique regrette que le gouvernement ait «pris la fâcheuse habitude d’apporter des réponses ponctuelles, adaptées pour l’urgence, à des enjeux structurels», en favorisant par exemple les distributions alimentaires (le plus souvent d’invendus) plutôt qu’en mettant en place des mesures pour garantir le droit à l’alimentation et la dignité de tous. L’association souhaite donc qu’un «revenu décent et inaliénable soit accordé aux personnes qui n’ont pas de ressources suffisantes pour vivre», c’est-à-dire un revenu minimum sans aucune garantie. Elle demande aussi un meilleur accès aux prestations sociales, un accompagnement des personnes précaires vers l’emploi et la formation, et une garantie au logement décent pour tous. 

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