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La Commission sur l'inceste rend ses premières conclusions, pointant un manque d'implication de la société

La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) a reçu plus de 6.000 témoignages à ce jour. [PHILIPPE LOPEZ / AFP]

La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), lancée en janvier 2021 par Emmanuel Macron, rend, ce mercredi 17 novembre, son premier bilan officiel.

Conçue dans le but de mieux prévenir les violences sexuelles, mieux protéger les enfants victimes et lutter contre l’impunité des agresseurs, cette commission avait lancé un appel à témoignages début septembre.

Après en avoir recueilli 6.200 à ce jour, la Ciivise estime que «80 % des répondants aux questionnaires ont été victimes de violences sexuelles dans la famille, 20 % dans l’entourage, 10 % dans les institutions et 7 % dans l’espace public», précise-t-elle dans son rapport.

Parmi ces témoignages, près de 9 sur 10 proviennent de femmes. Les victimes rapportent avoir subi des violences sexuelles ou des actes d’inceste lorsqu’elles étaient enfants. Leur moyenne d’âge est de 44 ans, 13% d’entre elles sont en situation de handicap.

LA SOCIÉTÉ DÉFAILLANTE

La déferlante de témoignages met également en lumière l’impact psychologique de ces violences : «Près de 9 victimes sur 10 déclarent que les violences sexuelles ont eu un impact négatif sur leur confiance en elles et sur leur santé psychologique. Une victime sur trois rapporte avoir déjà fait une tentative de suicide», rapporte encore la Commission. Elle ajoute : «Suite aux violences sexuelles, 1 femme sur 3 déclare des problèmes gynécologiques et 1 sur 5 déclare un dérèglement de son cycle menstruel ou une absence de règles. (…) Une victime sur trois déclare n'avoir aucune vie sexuelle. Près d'1 homme sur 2 déclare avoir une sexualité compulsive - cela concerne moins d'1 femme sur 3».

Surtout, insiste la Ciivise par la voix de Nathalie Mathieu, sa co-présidente, «l'inceste, est un viol ou une agression sexuelle. Mais c'est aussi un silence qui l'entoure. L'inceste remet tellement en question la famille, c'est-à-dire les fondements de la société, qu'on préfère de ne pas savoir». 

Les chiffres à ce sujet sont du reste éloquents. Parmi les victimes d’inceste, 7 sur 10 ont réussi à parler de leur agression seulement dix ans après. Pour 4 victimes sur 10, le confident n’a rien fait. Un manque criant de soutien de la société est alors pointé du doigt. Face à ce rude constat, la Ciivise tient enfin à rappeler que seulement 5% des dénonciations s’avèrent fausses. De premiers enseignements précieux alors que la Commission contre l’inceste rendra son rapport final en 2023.

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