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BAC Nord de Marseille : 18 policiers devant la justice

Le procès de dix-huit anciens policiers de la brigade anticriminalité (BAC) Nord de Marseille s'ouvre aujourd'hui. Ils sont accusés de plusieurs vols sur des dealers et risquent dix ans de prison.

Drogue, argent, cigarettes...

Les faits remontent à 2012. A cette époque, la BAC Nord, qui s'occupe notamment de contrer les trafics de stupéfiants dans ces quartiers de la cité phocéenne, est considérée comme la plus efficace du pays. Un succès acquis en flirtant parfois avec la loi, à en croire certains témoignages de dealers.

Mais ce sont les témoignages de deux anciens membre de la brigade qui vont tout faire basculer. Selon eux, l'unité procèderait telle une bande organisée pour voler la marchandise (drogue, cigarettes...) et même l'argent des différentes personnes interpellées. «Une gangrène a touché ce service», estime en octobre 2012 le procureur de Marseille Jacques Dallest.

Des écoutes équivoques

Dans le cadre de l'enquête, les téléphones des policiers ainsi que leurs voitures sont mis sur écoute. Résultat, on découvre notamment que «plus de 2.500 euros» ont été dérobés à un dealer pour «régaler cinq collègues», qu'«un peu de pognon» a été «piqué» à un «gitan» lors d'une perquisition illégale, où encore qu'un revendeur de cigarettes se retrouve «dépité parce que [l'un des policiers à] bouffé son bénéfice». Des fouilles à leurs domiciles ou dans les vestiaires mettent également au jour des caches d'argent, de drogue ou encore de bijoux.

Au final, après sept ans, l'instruction conclut en 2019 une «réalisation systématisée d'infractions pénales, [...] chaque opération devenant en réalité prétexte soit à l'attribution de produits en vue d'une éventuelle rémunération d'informateurs officieux, soit à un enrichissement personnel».

Une pression de la hiérarchie

Pour leur défense, les prévenus évoquent des «plaisanteries», «de gros délires». Mais surtout, ils mettent en avant la pression de leur hiérarchie, adepte de la politique du chiffre. «On a des réflexions de notre hiérarchie sur le nombre de mises à disposition à effectuer, j’ai entendu dire des officiers à des collègues : "hé, les gars, vous êtes au chômage ou quoi ?"», a déclaré un des policiers à la magistrate qui l'a mis en examen, comme le rapporte France 3 PACA.

Un film bientôt au cinéma

Cette affaire a inspiré le grand écran. Le film «Bac Nord», avec Gilles Lellouche et François Civil, devait sortir en décembre dernier. Coronavirus et fermeture des cinémas obligent, il arrivera finalement dans les salles obscures après le procès.

«C’était difficile d’échapper à cette affaire surtout pour moi qui suis de Marseille. Je m’y suis très vite intéressé surtout que je connais bien les quartiers nord, j’y ai grandi. Le show médiatique était tel que j’ai ressenti le besoin de savoir ce qu’il s’était passé. À quel point ces flics avaient-ils pu franchir la ligne jaune ?», explique le réalisateur Cédric Jimenez.

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