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Guerre d'Algérie : Tout comprendre aux enjeux du rapport de Benjamin Stora

L’historien Benjamin Stora remettra aujourd'hui à Emmanuel Macron son rapport sur la colonisation et la guerre d’Algérie (1954-1962). Un travail qui sera scruté de près, tant la question crispe les relations entre les deux pays et rend difficile la «réconciliation des mémoires», voulue par l’Elysée.

En collaboration avec un expert désigné par Alger, Abdelmadjid Chikhi, le spécialiste français devait «dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France» sur cette période, mais aussi du regard porté de part et d’autre de la Méditerranée.

Ainsi, le principal enjeu du rapport concerne la question mémorielle de la guerre d’Algérie. Celle-ci est largement paralysée jusqu’à présent, tant les crispations et les oppositions sont fortes, à la fois entre les deux pays, mais aussi dans l’opinion publique. Le sujet concerne en effet directement des millions de personnes vivant en France, qu’il s’agisse de rapatriés pieds-noirs, d’anciens soldats ayant été déployés sur place, de harkis (locaux ayant combattu pour la France) ou tout simplement d’immigrés (et descendants d'immigrés) algériens.

apaiser les conflits sur le plan intérieur et diplomatique

Le but est d’apaiser les ressentis, pour permettre une relation plus stable, à la fois sur le plan intérieur et diplomatique. «Il importe que l'histoire de la guerre d'Algérie soit connue et regardée avec lucidité», a ainsi écrit Emmanuel Macron dans sa lettre de mission. «Il en va de l'apaisement et de la sérénité de ceux qu'elle a meurtris», mais aussi «de la possibilité pour notre jeunesse de sortir des conflits mémoriels».

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a de son côté souhaité un «travail dans la vérité, la sérénité et l'apaisement pour régler ces problèmes qui enveniment nos relations politiques, le climat des affaires et la bonne entente».

Des avancées en France, très peu en Algérie

Mais face aux risques de se voir accuser de parti pris idéologique, de falsification ou d’oublis, le travail de Benjamin Stora semble très compliqué. En août, il avait tenté de rassurer en expliquant qu’il «n’est pas question d’écrire une histoire commune de l’Algérie, mais d’envisager des actions culturelles sur des sujets précis, comme par exemple les archives ou la question des disparus». Ces archives font notamment partie des axes sensibles, l’Algérie réclamant leur «totalité» à la France, qui, selon Abdelmadjid Chikhi, «a toujours avancé de faux prétextes» pour ne pas le faire.

Le processus engagé pour sortir du conflit mémoriel s’annonce donc encore long. Si la France s’est mise petit à petit à reconnaître des torts (avec Jacques Chirac à propos des massacres de Sétif en 1945, François Hollande abordant la répression de la manifestation des Algériens à Paris, le 17 octobre 1961, ou Emmanuel Macron demandant pardon à la veuve du militant anticolonialiste Maurice Audin, enlevé et tué par des soldats français en 1957), l’Algérie ne montre pas encore la même propension à s’ouvrir. Les moudjahidines et «martyrs» sont toujours glorifiés par les récits officiels et leurs descendants bénéficient de privilèges, de même que les massacres d’Européens après la signature de l’indépendance ne sont toujours pas reconnus.

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