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Avoir 20 ans en 2020 : «Le confinement a confirmé mes doutes sur mon couple»

Charline prépare le CAPES de sciences économiques et sociales. (Photo d'illustration) [©Alexandre CHAMBON/UNSPLASH]

«C’est dur d’avoir 20 ans en 2020». Le 14 octobre dernier, lors de son allocution télévisée pour annoncer la mise en place d’un couvre-feu, Emmanuel Macron a eu une pensée particulière pour les jeunes français dont la vie sociale, professionnelle ou étudiante a été perturbée par la crise sanitaire.

Le président français a souligné le malaise ressenti par cette frange de la population qui, «honnêtement, vi(t) un sacrifice terrible : des examens annulés, de l'angoisse pour les formations, pour trouver le premier job».

CNEWS a donc donné la parole aux concernés sur le thème : avoir 20 ans en 2020. Ils ont partagé leurs préoccupations, leurs doutes mais aussi leurs espoirs concernant l’avenir. Aujourd'hui, Charline*, étudiante en économie, se confie sur la difficulté de surmonter une rupture en 2020.

SON ANNÉE 2020

Charline à Dublin. Charline en boîte de nuit. Charline à Halloween. Sur chacune des photos qui décorent son appartement, la pétillante blonde pose tout sourire, entourée par ses amis. Aucune trace de Paul*. Celui qui fut son petit copain pendant six ans a été radié du mur où elle affiche avec soin les souvenirs du temps où les sorties étaient encore possibles. «J’ai retiré nos photos», lâche-t-elle d’un ton léger. «Au final, il n’y en avait pas tellement.»

Pour Charline, 2020 a été synonyme de rupture. «La pire de mes vingt années», concède-t-elle. «Mais j’essaie d’en tirer le positif. J’ai beaucoup appris sur moi.» Et surtout qu’elle peut vivre sans Paul. Un constat pas si évident pour cette future professeure de sciences économiques et sociales. Elle qui a rencontré Paul à ses 14 ans s’est toujours «énormément investie dans la relation». Même si celle-ci était atypique. Il y avait elle, une élève studieuse, angoissée, ayant besoin de sécurité, et lui, un garçon peu scolaire qui préférait de loin une virée en boîte de nuit à une soirée tranquille en couple. 

Pourtant, Charline a fait des efforts. Peut-être trop. Elle téléphonait à Paul, lui envoyait des messages, («si je ne le faisais pas, il ne le faisait pas non plus»), trouvait des formations auxquelles il pouvait postuler, vérifiait qu’il se levait pour aller en cours... En vain. Au fil des années, l'écart entre Charline et Paul s'est creusé. Elle a quitté la ville où ils ont grandi. Elle a rencontré de nouvelles personnes, pris un appartement, s’est préparée à devenir professeure. Lui est resté déscolarisé pendant deux ans. Il vivait chez ses parents, se levait à midi, sortait beaucoup. «On avançait vraiment à deux vitesses différentes», explique Charline en buvant un thé. Ses mains serrent la tasse décorée avec des petits sapins de Noël. «Je pensais me pacser avec lui. On avait réfléchi aux prénoms des enfants. En fait, je me projetais beaucoup, mais j’étais toute seule dans mon film.»

CONFInés séparément

Ce décalage a fini par avoir raison de leur amour. Même s’ils avaient une «forte complicité», leurs différences les ont peu à peu éloignés. Le confinement de mars était presque une aubaine. Charline a décidé de le passer chez ses parents, sans Paul. Et surprise : il ne lui a pas manqué. «Le confinement a confirmé mes doutes», affirme-t-elle. «Dans une certaine mesure, ça a adouci les choses. Parfois, c’est difficile de dire à quelqu’un qu’on a plus envie de le voir. Là, avec le confinement, le problème était résolu.»

Viennent les retrouvailles. Rien n’a changé. Paul a continué de privilégier ses amis à son couple, et Charline a eu de plus en plus de doutes sur la fidélité de son petit copain. En octobre, en pleine nuit, la jeune femme a pris une décision radicale. «J’ai infiltré son compte Snapchat, mon dieu», avoue-t-elle en éclatant de rire. Elle a alors découvert que Paul l’avait trompée plusieurs fois et pendant plusieurs années. «Étrangement, ça m’a soulagée», raconte-t-elle. «J’ai compris que j’avais raison de douter de lui. Je me suis enfin sentie légitime.»

DES RENCONTRES DIFFICILES

Charline a quitté Paul le jour-même. Pendant une semaine, elle a pleuré, s’est confiée à ses amis, à sa famille, et a tenté de se remonter le moral. Jusqu’à ce qu’arrive le second confinement. Cette étudiante sociable, qui a toujours vu la fête comme un moyen de se changer les idées, se retrouve seule. «Quand tu es trompée, alors que tu as été bienveillante pendant six ans, tu te poses beaucoup de questions. Tu te demandes si tu es capable de plaire à d'autres personnes. Ta confiance en toi en prend un gros coup», confie Charline. Pour tenter de la restaurer, et même si elle ne veut pas se mettre en couple pour l'instant, elle s’est inscrite sur des sites de rencontre. Avec un enthousiasme mesuré. «En 2020, à cause du coronavirus, les échanges passent forcément par du virtuel», regrette la future professeure. «On doit se contenter de ce que quelqu’un reflète sur les réseaux sociaux, alors que ce qui fait son charme, c’est son naturel.»

Même avec le déconfinement, faire des rencontres n’a jamais été aussi difficile. Pas de bars, ni de cinémas, ni de restaurants… Et un froid hivernal qui ne donne pas envie de se balader. «Soit on reste dans le virtuel, soit on est obligé d’inviter la personne chez soi», soupire Charline. «Ce n’est pas forcément très sécurisant.» Encore une marque de l’isolement qui frappe la génération 2020. «On est quand même ceux qui ont appris à suivre leurs cours tout seul devant leur ordinateur», plaisante-t-elle.

Pour autant, la jeune femme reste optimiste. 2021 signera l’arrivée de jours meilleurs. Reste à «prendre son mal en patience».

(*) : Les prénoms ont été modifiés. 

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